Accès au contenu
Aviculture

Les Plumes Portoises :  vers la recherche d’autonomie

Éleveur de volailles de chair à Portes-en-Valdaine, commercialisées sous la marque Les Plumes Portoises, Quentin Edmont conduit son exploitation depuis dix ans sur la voie de l’autonomie et du respect de l’environnement.

Les Plumes Portoises :  vers la recherche d’autonomie
À Portes-en-Valdaine, Quentin Edmont vise l’autosuffisance sur son exploitation en polyculture-élevage.

Une passion et une transmission familiale. à 31 ans, Quentin Edmont est aujourd’hui à la tête de l’exploitation, dans sa famille depuis quatre générations sur la petite commune de Portes-en-Valdaine. Après avoir évolué aux côtés de son père sur l’exploitation avicole, Quentin Edmont ne se voyait pas quitter la ferme. Son cursus scolaire s’est réalisé au lycée agricole Le Valentin, à Bourg-lès-Valence : seconde, baccalauréat scientifique puis brevet de technicien supérieur en technologie végétale, option agriculture biologique, en alternance. Si sa mère l’encourageait à trouver une autre voie  « face à une vie de labeur », Quentin Edmont s’est installé en janvier 2012. « Comme il n’y avait pas de foncier disponible, mon père m’a cédé 30 hectares de terres sur les 70 qu’il avait pour son élevage de volailles en Label rouge créé en 1987, mais aussi pour les grandes cultures et les semences. » C’est donc sur les traces de la figure paternelle que le jeune homme s’est lancé. Toutefois, il a souhaité se défaire de toute obligation en arrêtant le label et la collaboration avec les coopératives. « J’ai immédiatement démarré l’atelier de vente directe (sous le nom commercial Les Plumes Portoises, ndlr) pour être totalement indépendant et pouvoir maîtriser les prix », explique-t-il. Pour autant, il n’a pas lésiné sur la qualité de ses volailles de chair.

Des volailles de chair en plein air

Chaque année, il élève plus de 40 000 volailles fermières (poulets, pintades, puis dindes et chapons en période de fêtes), en plein air pendant près de 150 jours. « On multiplie presque la durée d’élevage par deux, en comparaison avec un élevage en label classique », explique-t-il. Un temps d’élevage allongé, qui garantit ainsi une viande de qualité supérieure. 
Les nuits, les lots de volailles rejoignent les différents bâtiments de l’exploitation, répartis sur deux sites. « En plus des bâtiments d’élevage classiques - chauffés au gaz - destinés à la poussinière, j’ai installé cinq bâtiments en bois, mobiles, de 60 m². Cela me permet de les déplacer et  les animaux peuvent  se nourrir avec une herbe abondante. » Le choix des matériaux et l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures pour satisfaire au mieux les besoins énergétiques de l’élevage sont autant d’actions mises en place par l’éleveur pour créer un élevage respectueux de l’environnement. « J’ai vraiment l’optique d’atteindre l’autosuffisance. C’est aujourd’hui la clé de notre système », avoue Quentin Edmont.

Un abattoir pour maîtriser toute la chaîne

Pour maîtriser ses coûts de production, l’éleveur a souhaité en 2017 construire un abattoir à quelques centaines de mètres de ses bâtiments avicoles. « à mes débuts, je faisais faire l’abattage en prestation et j’avais monté un atelier de découpe. Mais depuis 2017, je dispose de mon propre abattoir agréé aux normes européennes (FR 26.251.001.CE). » Un investissement ô combien important - plus d’un million d’euros - qui est soumis à de nombreux contrôles sanitaires tout au long de l’année. Mais avec cet outil, l’éleveur maîtrise aujourd’hui toutes les étapes, de l’élevage de volailles à leur mise en vente. Son laboratoire, d’une surface supérieure à 300 m², accueille donc la chaîne d’abattage (en fonction une fois par semaine), puis des ateliers de découpe, de transformation et de conditionnement. « L’emballage se fait principalement sous vide pour conserver la saveur des produits », explique-t-il. Quentin Edmont propose également à la vente des produits dérivés (saucissons, rillettes) qu’il fait transformer par Troupéou SARL.

Une relation de proximité avec ses clients

« En période de grippe aviaire, et donc d’interdiction de sortir les volailles, la luzerne comble le déficit de protéines. Cela remplace la mise en herbe », relève-t-il. Jaunissant naturel, la luzerne semble de plus présenter un intérêt pour la couleur de la viande. « à terme, j’aimerai bien passer en granulés mais cela demande encore des investissements… », soupire le jeune éleveur. Un projet parmi tant d’autres pour celui qui aimerait construire deux nouveaux bâtiments, pour poursuivre le développement de l’exploitation.
Enfin, pour aller au bout des choses, Quentin Edmont tient à assurer lui-même la livraison de ses volailles. « Mes forces, par rapport aux gros industriels par exemple, sont la réactivité et la relation clients. » Sa clientèle est composée en majorité d’artisans bouchers, de restaurateurs, de traiteurs... basés en majorité en Drôme et Ardèche. Il propose aussi un système de commandes sur son site internet, à destination du grand public, à venir récupérer directement à la ferme. Adhérent du réseau Bienvenue à la ferme, il prend d’ailleurs plaisir à faire visiter son exploitation et à transmettre sa passion à ses clients mais aussi aux écoliers. 

Amandine Priolet

Essais sur la luzerne en alimentation  des volailles

Quentin Edmont a désormais repris toutes les terres de son père. Sur les 70 ha qu’il cultive, quarante sont en conventionnel, les autres en agriculture biologique. La moitié des parcelles a accès à l’irrigation. « Mon objectif est d’être en autonomie maximale. Je produis donc les céréales destinées à l’alimentation de mes volailles », confie le jeune éleveur. Avide de nouvelles techniques de travail, il stocke la totalité de ses céréales dans une parcelle inutilisée, en boudin. « C’est une méthode très répandue en Bretagne mais peu vue chez nous. Il n’y a pas besoin de ventilation. C’est une pratique économique, sans nécessité d’avoir un hangar de stockage, onéreux. »
Par ailleurs, il cultive une vingtaine d’hectares de lavande et autant de luzerne, « deux productions en difficultés en ce moment ». D’ailleurs, pour valoriser sa luzerne, Quentin Edmont réalise actuellement des essais avec la chambre d’agriculture de la Drôme pour l’introduire dans l’alimentation animale. 
« En période de grippe aviaire, et donc d’interdiction de sortir les volailles, la luzerne comble le déficit de protéines. Cela remplace la mise en herbe », relève-t-il. Jaunissant naturel, la luzerne semble de plus présenter un intérêt pour la couleur de la viande. « à terme, j’aimerais bien passer en granulés mais cela demande encore des investissements… », soupire le jeune éleveur. Un projet parmi tant d’autres pour celui qui souhaite aussi construire deux nouveaux bâtiments, pour poursuivre le développement de l’exploitation. 
A. P.