Les pratiques et méthodes nouvelles à l'honneur

Après les circuits courts, c'est à l'innovation que se sont intéressés les élus départementaux. Ces derniers mois, le conseil départemental a réaffirmé à plusieurs reprises sa volonté de soutenir l'économie et l'agriculture. C'est dans ce contexte que des visites de terrain sont organisées afin d'aller à la rencontre des entrepreneurs et de pouvoir échanger avec eux autour de leur outil de travail.
Sur le terrain
Ce mardi 8 novembre, André Gilles, vice-président du Département chargé de l'agriculture, s'est rendu auprès d'entreprises du territoire mettant en œuvre des pratiques et des méthodes nouvelles pour l'agriculture. L'EARL L'épi vert, située à Montmeyran, l'entreprise Biotop (Livron-sur-Drôme) et Aquaponie Valley (Loriol-sur-Drôme), figuraient sur le programme.
Plusieurs partenaires étaient présents à ses côtés : Jean-Pierre Royannez, Frédéric Lérat (chambre d'agriculture), Alain Terrail, adjoint au maire de Montmeyran, Hugues Vernier (responsable agriculture, communauté de communes du Val de Drôme), Dominique Chatillon et Philippe Allimant (respectivement chef du service agricole et directeur de la DDT). Ce dernier représentait par ailleurs le préfet Éric Spitz. Laurent Lanfray, vice-président chargé de l'économie et du tourisme, devait également prendre part à ce déplacement. Il a toutefois été retenu au dernier moment en raison d'arbitrages budgétaires. « Une des clefs du développement de nos entreprises, c'est l'innovation », a toutefois déclaré l'élu au Journal L'Agriculture Drômoise.
De nouveaux essais en grandes cultures
Il n'est plus à prouver que l'EARL L'Epi vert est l'une de ces exploitations à avoir une longueur d'avance concernant les pratiques nouvelles. Pascal Alboussière et son associé Stéphane Blard sont ainsi revenus sur l'historique de l'exploitation, avant de communiquer sur les nouveautés. Créée en 1991, la structure fait depuis les années 2000 la part belle à l'agriculture biologique (conversion dès 1995). Lors des débuts, la superficie n'était que de 78 hectares ; elle est de 200 aujourd'hui. Les deux exploitants cultivent sur ces terres des céréales (blé, orge, maïs, tournesol, soja), des légumes (melon, aïl de semence) ainsi que des plantes aromatiques (mélisse, origan). L'an dernier, ils avaient aussi semé de l'aneth. « Il y a toujours des cultures nouvelles, d'autres sont à l'essai. Le but, c'est de diversifier les rotations », a noté Pascal Alboussière. Ce dernier est aussi revenu sur la culture du lin car l'Épi vert en a cultivé par le passé, à la demande d'un grossiste qui l'importait jusqu'alors. Avant le lin, il y avait du sorgho. « L'idéal, c'est d'avoir un engrais vert avant », a-t-il encore indiqué.
Les exploitants ont également abordé les difficultés auxquelles ils ont aussi dû faire face (collecte, freins techniques, etc.). Cette année, l'exploitation fait des essais de soja, afin d'observer son comportement en conditions sèches. Les deux agriculteurs ont également associé le blé et le pois. « La fertilisation organique coûte cher. Il y a du transport pour de la vinasse de betterave. Être autonome est important », a ajouté Pascal Alboussière. Autant de références techniques qui pourront aussi servir à d'autres.
Nouveau matériel
L'Épi vert a également acheté une bineuse avec une caméra de guidage. Un équipement qui coûte près de 40 000 euros. Des aides peuvent être allouées en passant par les services du Département. « Nous encourageons les agriculteurs à s'équiper. Mais dans le futur, il y aura moins d'aides », a toutefois précisé André Gilles.
Aurélien Tournier
La plateforme Tab : Lors des visites, la chambre d'agriculture a également présenté la plateforme Tab. Située sur la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône, propriété du conseil départemental, cet plateforme est un espace de 20 hectares dédié à l'expérimentation et à la démonstration de systèmes de culture multi-filières et innovant conduits en agriculture biologique et en agriculture faibles intrants.

Biotop : la lutte contre la pyrale du buis est possible
André Gilles s'est dit « satisfait » de ces visites. Il a aussi souligné que l'agriculture et le tourisme étaient « les deux mamelles du département ». Avant de préciser : « Il y a de nombreux agriculteurs à aider, nous nous sommes engagés à les soutenir. Par ailleurs, des entreprises investissent et se veulent respectueuses de l'environnement. Lorsque j'étais agriculteur, nous étions davantage tournés vers les traitements intensifs ».Une solution commercialisée depuis un an
Chez Biotop (groupe InVivo), à Livron-sur-Drôme, l'élu s'est montré particulièrement intéressé par l'une des solutions proposées. L'entreprise est une véritable « fabrique à insectes ». Présente sur les marchés des grandes cultures, cultures sous serres, jardins (amateurs) et espaces verts (collectivités, intercommunalités), elle est spécialisée dans la recherche et la production de solutions alternatives pour la protection biologique des plantes contre les ravageurs. Les exemples sont nombreux. « Les coccinelles mangent les pucerons, un trichogramme a été développé pour lutter contre la tordeuse de la vigne, un autre peut dévorer les œufs de la pyrale qui ravage les buis, etc. » a expliqué Thomas Begon, responsable communication d'Invivo agriculture.
Un dernier exemple qui a fait mouche auprès d'André Gilles. L'élu n'a en effet pas caché sa surprise lorsqu'il a appris qu'un traitement existait pour lutter contre la pyrale du buis. Un produit commercialisé depuis près d'un an. La Drôme est concernée par le phénomène, aux côtés de nombreux autres départements français. Parmi les visiteurs du jour, l'élu n'était d'ailleurs point le seul à avoir été étonné. « Aujourd’hui, nous appelons les pouvoirs publics à soutenir nos démarches vis-à-vis des agriculteurs, voire vis-à-vis des espaces forestiers naturels menacés par la pyrale du buis. Dans certains cantons en Suisse, ou dans certains landers allemands, les autorités locales subventionnent les agriculteurs pour leur permettre de rendre l’utilisation de biocontrôle le plus rentable possible. Un épandage aérien qui coûte encore en moyenne de 15 à 20 euros par hectare. En outre, nos solutions de biocontrôle seraient possiblement utilisables dans les massifs forestiers isolés. Mais il faudrait obtenir des financements publics conséquents pour effectuer ces largages », a poursuivi Thomas Begon.

Respect de l'environnement
La méthode de biocontrôle n'est toutefois pas nouvelle. Dans la région, certains agriculteurs n'hésitent point à apposer sur leurs cultures des capsules d'où s'échapperont des auxiliaires. Objectif affiché : obtenir de hauts rendements, tout en respectant l'environnement. Cette solution peut être alternative ou venir aussi en complément des phytosanitaires. Chaque année, ce sont des milliards d'insectes qui sont produits dans la commune drômoise. Le site, dont la superficie totale est de 12 000 m2, emploie entre 40 et 60 personnes. Parmi les prochains projets de l'entreprise figure le développement à l'international.
L'après-midi s'est terminé dans les locaux de la société Aquaponie Valley, implantée à Loriol-sur-Drôme. L'Agriculture Drômoise lui a consacré un long reportage dans l'édition du 13 octobre dernier et sur www.agriculture-dromoise.fr. Une nouvelle série de visites du conseil départemental sera consacrée, l'an prochain, au foncier agricole et à l'irrigation dans le sud du département.
A.T.