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RATION

Les refus, une optimisation à gérer

Au pâturage comme à l’auge, certaines plantes dites disponibles ne sont pas consommées par le troupeau. On parle alors de refus. Certains éleveurs ont des techniques pour les valoriser ou les maîtriser. C’est le cas du Gaec La Jersiaise des Combes, à Châteaudouble.
Les refus, une optimisation à gérer

A Châteaudouble, le Gaec La Jersiaise des Combes élève soixante-dix vaches laitières de race jersiaise, en agriculture biologique. Réputée pour son petit gabarit, la jersiaise produit un lait en moins grande quantité mais avec une qualité plus riche. Sa capacité à valoriser les fourrages limite ainsi les refus. Cette souplesse facilite la vie de Thomas Richaud, l'un des associés du Gaec : « Pour l'alimentation du troupeau, nous réalisons toute l'année un mélange céréales et luzerne grâce à une mélangeuse agricole. Cela permet non seulement de rendre la ration homogène, avec des aliments de nature différente, mais aussi d'éviter la sélection lors de la consommation. Cela sert également à rendre les fourrages plus ingestibles et ainsi mieux les valoriser. »
Pour le Gaec, ce système de mélangeuse apporte aussi la possibilité de valoriser les matières premières produites sur l'exploitation. Car 150 hectares d'orge, de maïs et de luzerne sont cultivés par les trois associés afin d'assurer l'autonomie alimentaire du troupeau.

S'adapter aux besoins des animaux

Chaque matin, les éleveurs nettoient l'auge et récupèrent les refus. Mais pas question de les gaspiller pour autant. « Je ramasse environ un mètre cube de refus chaque jour, que je repasse une nouvelle fois dans la mélangeuse avec du foin et des céréales pour l'alimentation des génisses et des taurillons », explique Thomas Richaud. Au final, le Gaec jette environ un m3 de refus par semaine, provenant de la ration distribuée à l'auge. Ce dernier est composé essentiellement de petits cailloux, ronces, petites branches... « Pour limiter au maximum les refus, il faut s'adapter sans cesse, et notamment aux conditions climatiques, confie Thomas Richaud. En période de forte chaleur, les bêtes s'alimentent moins : nous avons donc tout intérêt à adapter la quantité de ration alimentaire. »

Le Gaec La Jersiaise des Combes utilise une mélangeuse afin de mélanger les fourrages et céréales pour réaliser des rations complètes.

Faucher les refus au pâturage

De mars à novembre, le troupeau profite du pâturage en micro-parcelles. Ce concept de « pâturage tournant » permet non seulement de respecter le stade de développement des plantes et leur permettre une repousse rapide et abondante mais aussi d'offrir aux ruminants une qualité nutritive optimale et une ingestion maximale. Les animaux bénéficient ainsi d'un espace suffisant et d'une quantité d'herbe répondant à leurs besoins nutritionnels. « Jour et nuit, les vaches occupent une petite parcelle différente pendant 21 jours, avant de recommencer la rotation sur les parcelles déjà pâturées », explique l'éleveur. Chaque année, le Gaec sème une petite surface de prairie afin de renouveler, à long terme, la qualité de son pâturage.
Car, effectivement, les refus peuvent se faire plus nombreux dans les prairies, notamment en raison de la qualité du foin, des conditions météorologiques, du piétinement des bêtes... Différentes façons de gérer les refus ont donc été instaurées. « Au départ, nous faisions passer le troupeau des génisses derrière les vaches laitières afin d'optimiser les refus mais cela était trop contraignant. Aujourd'hui, nous avons opté pour la solution mécanique, en passant la faucheuse tous les deux mois. Cela évite le développement de plantes indésirables comme le chardon ou le rumex. » Le Gaec utilise ainsi ce paillage pour garnir la litière : « Je n'aime pas jeter, plaisante Thomas Richaud. Nous sommes dans un système biologique où tout se recycle. L'optimisation des refus apparaissait donc évidente. » 

 

Amandine Priolet