Les scieries doivent se moderniser

La scierie Blanc est implantée depuis 2005 dans la zone artisanale de Marches, au nord du département de la Drôme. Après les communes de La Chapelle-en-Vercors et de Romans-sur-Isère, la quatrième génération a opté pour un site plus grand. « Ce fut un investissement qui représentait alors trois fois mon chiffre d'affaires », souligne Frédéric Blanc, le dirigeant de la société. Une acquisition cependant nécessaire pour le développement de son activité. « C'était un sacré pari. Mais heureusement que je l'ai fait, poursuit le gérant. Tout le monde a la capacité d'investir, c'est une question de volonté ». Aujourd'hui, la structure emploie 27 personnes. Son chiffre d'affaires s'élève à environ 6,5 millions d'euros.
Investir pour gagner en compétitivité
Selon lui, une scierie se doit même d'investir continuellement. « La scierie qui n'investit pas est appelée à disparaître. Elle n'arrivera par ailleurs pas à trouver une succession ou revendre », poursuit-il. Mais il s'agit aussi de gagner en compétitivité. Selon Frédéric Blanc, les scieries françaises ne sont pas assez forces de propositions quant aux produits finis et aux process. « Nous subissons le marché. Il faut savoir proposer et fabriquer les produits qui se vendent : du bois séché ou un sciage de plus en plus précis. Le séchage, le rabottage, la taille de charpentes, ce sont des plus », martèle-t-il. En ligne de mire, la concurrence européenne et ses prix très bas. Mais toutes les scieries ne sont pas équipées pour le séchage. Il faut dire que les clients ne le demandent pas forcément. Encore faut-il également le proposer. Pour Marinette Feuillade, déléguée générale chez Fibra, seulement 4 % des scieries de la région investissent dans des équipements de séchage, contre 14 % au niveau national. Pourtant, des aides européennes existent. « Un séchoir, cela peut coûter 200 000 euros. Cela dépend aussi de la chaufferie », précise Frédéric Blanc. Sa scierie a pour sa part bénéficié d'une aide à hauteur de 25 % pour cet investissement. Selon le dirigeant, la compétitivité passe également par le matériel, qui doit évoluer. « Un travail de réflexion est à mener concernant le sciage de gros diamètre. Il faut diminuer les coûts et être davantage performants. Les fabricants doivent développer de nouvelles solutions », indique-t-il.
Ensemble
Pour assurer l'avenir de sa scierie, Frédéric Blanc mise également sur la collaboration inter-entreprises. Il a ainsi participé à la création d'Alpsciage. « Cela nous permet d'être présent auprès du grand négoce français. Nous n'étions pas assez représentatif à titre individuel », explique-t-il. Autre exemple : la société Absra. « Elle commercialise du bois pour l'approvisionnement des chaufferies. Si l'une des scieries est défaillante, les autres membres de la société Absra viennent à la rescousse », poursuit-il. Le dirigeant a aussi créé « La charpenterie » qui propose des prestations de taille de charpentes aux professionnels. « Seuls, nous n'aurions jamais pu mettre en place ces structures », précise-t-il encore. L'un de ses rêves serait désormais de fabriquer des bois reconstitués et d'entraîner dans son sillage l'essentiel de la filière.
Dans ce métier qui apparaît ainsi être en mutation, force est en tout cas de constater que la main-d'œuvre répond présente, même si Frédéric Blanc pense qu'il n'y a pas assez d'écoles. « Il y a des formations, mais il n'y a que la MFR de Cormaranche-en-Bugey dans l'Ain, ce n'est pas suffisant. En tout cas, malgré cela, on ne peut pas dire qu'on manque de personnel », déclare-t-il notamment. Sa relève est d'ailleurs assurée : c'est son fils Quentin, âgé aujourd'hui de 25 ans, qui prendra sa succession dans quelques années.
A. T.
Rénovation / L’usage du bois pour la rénovation de bâtiments n’est pas encore très répandu.
Pourtant, ce matériau offre de nombreuses solutions à des situations toutes différentes et à des coûts de marché.Intensifier l’usage du bois dans la rénovation«Le bois offre plusieurs avantages dans le cadre d’une rénovation. Lors d’une extension ou d’une surélévation, ce matériau permet une grande rapidité de chantier, puisqu’une partie des travaux peut être réalisée en atelier. C’est également un matériau léger qui permet de surélever sans avoir à redimensionner les fondations ou les murs de soutènement. » Benjamin Mermet ne tarit pas d’éloges. Prescripteur bois construction à l’interprofession de la filière bois, Fibra, il vante les atouts du bois en réhabilitation. Poussé par différentes lois, le bois a réussi à se faire une place importante dans la construction mais peine à s’imposer dans les chantiers de rénovation. « On s’aperçoit que le bois souffre encore d’une grande méconnaissance de la part de nombreux professionnels », souligne Benjamin Mermet. Il peut également apparaître qu’une utilisation du bois semble de premier abord plus coûteuse que d’autres matériaux, alors que des solutions existent pour réduire les coûts. « Quand le choix du bois est déterminé dès le début de la procédure, il est possible de trouver des solutions constructives entre architectes, maîtres d’œuvre et entreprises à bon marché », insiste Benjamin Mermet.