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Industriels de la semence

Les semenciers plantent les graines de la transition et de l’innovation

En amont du 10e forum des Industriels de la semence, des acteurs de la filière ont présenté l’industrie semencière et ses perspectives d’avenir. Le secteur fait partie des industries de pointe qui se portent bien en France.
Les semenciers plantent  les graines de la transition et de l’innovation

On ne parle jamais de la semence en tant qu'industrie de pointe et cela m'irrite », s'est indigné Pascal Mombled, directeur général de Semences de France, lors de la 10e édition du Forum des industriels de la semence sur le thème « Imaginons les usines de demain ». L'indignation de Pascal Mombled était partagée par les acteurs de cette filière. Le directeur général de Semences de France a ainsi rappelé que la France est le premier exportateur mondial de semences, le premier producteur européen et le troisième producteur mondial. Il souhaiterait donc que le secteur soit mieux considéré. « Dans une ambiance un peu morose, nous avons de quoi croire à l'avenir de nos industries », a-t-il précisé.
En effet, le secteur semble bien se porter, malgré une légère baisse de régime ces dernières années. D'après une enquête, réalisée spécialement pour le forum, sur les performances industrielles des entreprises semencières, les emplois ont progressé de 4 % dans le secteur entre 2015 et 2017 et de 19 % entre 2010 et 2015. Le taux d'investissement était de 2,2 % entre 2015 et 2017, il a donc légèrement baissé par rapport à la période 2010-2015 où il était de 3,3 %. Denis Gentilhomme, directeur des sites Limagrain Europe et France, a également affirmé l'engagement fort des semenciers dans la RSE (responsabilité sociétale des entreprises). Il s'agit d'un secteur tourné vers l'innovation, en effet, environ 7 % du chiffre d'affaires y est investi. Avec plus de 70 % de PME réparties dans le pays, les usines semencières sont également ancrées dans les territoires ruraux. 382 000 hectares de semences sont ainsi cultivés en France et 70 % des sites sont implantés dans des communes de moins de 5 000 habitants. La réussite des semenciers français tient en partie aux conditions pédoclimatiques favorables, à la diversité des territoires, mais aussi à de bonnes conditions de sécurité sanitaire, estime Pascal Mombled. « Les semenciers réalisent des contrôles de qualité tout au long du processus et sont capables de faire de la traçabilité du champ au sac », affirme ainsi Denis Gentilhomme.

30 000 autocontrôles sanitaires

En plus des contrôles obligatoires en matière de traçabilité et de conditions sanitaires, Laurence Carré, responsable des stations de semences d'Agrial, rapporte que les entreprises semencières réalisent plus de 30 000 autocontrôles sanitaires. D'après ces derniers, 95 % des lots contrôlés sont conformes aux législations concernant les produits phytosanitaires. Des tests de poussière sont aussi réalisés dans le cadre du PQP (plan qualité poussières). Ces autocontrôles coûtent environ 5 millions d'euros aux entreprises. Pour préserver cette réussite du secteur, Élise Bourneau, directrice de l'Union française des semenciers (UFS), rappelle que pour s'adapter aux demandes, à leur environnement et aux territoires, les semenciers sont engagés dans la « nécessaire transition agroécologique ». Elle a précisé que cette transition se faisait en partie avec l'amélioration des plantes afin d'augmenter leur résistance aux maladies mais aussi aux aléas climatiques. Autre levier d'innovation évoqué par la directrice de l'UFS, les traitements appliqués aux semences, comme les biostimulants, afin de s'adapter aux demandes des utilisateurs. « Les semenciers n'avaient pas attendu les États généraux de l'alimentation pour identifier ces leviers, mais ils vont donner un coup d'accélérateur à l'innovation », a affirmé la directrice de l'UFS. Elle a enfin précisé que, pour réussir cette évolution, les semenciers ne devaient pas se retrouver dans des impasses techniques. Elle a aussi rappelé qu'il était essentiel qu'ils aient une visibilité sur la législation européenne et qu'il fallait à tout prix éviter la surtransposition de lois entre la France et l'Union européenne.