Les tarifs de l’équarrissage des ruminants augmentent en 2016

Le coût de l'équarrissage des ruminants va peser plus lourd pour les acteurs des différentes filières : bovin, ovin et caprin. Selon l'association des animaux trouvés morts (ATM), les sommes supplémentaires à collecter s'élèvent à 7 millions d'euros, « qui ont été partagés à 50 % entre les éleveurs et l'aval de la filière », indique l'ATM ruminants. Par exemple, les agriculteurs vont voir leur appel de cotisation équarrissage augmenter pour l'année 2016 de 17 % pour les vaches ayant vêlé et les bovins de plus de 30 jours n'ayant pas vêlé. La hausse est plus sensible pour les éleveurs d'ovins de + 45 % pour un reproducteur de plus de six mois et de 50 % pour un ovin à l'engraissement. « Ces hausses s'expliquent du fait d'une baisse de la valorisation des produits issus de l'équarrissage qui impacte fortement les entreprises de la filière », indique l'ATM ruminants (tableau des tarifs moyens).
Les farines animales n'ont plus de valeur
Ainsi, 80 % des farines animales de ruminants doivent être éliminées par incinération du fait de la réglementation sur les matériaux à risques spécifiés (MRS). Ces farines sont aujourd'hui incinérées par les cimentiers. Or, ces derniers subissent une baisse d'activité et dans le même temps de nouveaux produits à incinérer leur sont proposés (résidus de recyclage de voiture, moquette, etc.). En 2014, les farines animales étaient vendues entre 5 et 10 € la tonne aux cimentiers, aujourd'hui les équarrisseurs doivent payer l'élimination de ces farines. Par conséquent, les stocks de farine animale s'amoncellent.
Parallèlement, les graisses animales sont valorisées pour faire du biodiesel. Leur cours est indexé sur le cours du pétrole comme les autres énergies de substitution. Avec la baisse importante des prix du pétrole, le prix des graisses a également fondu. Elles étaient valorisées à 550 € la tonne en 2014, contre 360 € la tonne aujourd'hui. Même chose pour les cuirs des bovins de moins de 24 mois qui sont souvent récupérés par les équarrisseurs. Mais ce marché des cuirs d'équarrissage de bovins subit la baisse de la demande chinoise, d'où des cours qui ont diminué de 40 %, indique l'ATM.
Baisse de volume des MRS
Enfin, la modification de la réglementation européenne sur les matériaux à risques spécifiés, conjuguée au passage de la France à un statut ESB « risque négligeable », entraîne la possibilité pour les abattoirs de valoriser 240 000 tonnes de déchets (colonne vertébrale des bovins et tube digestif) en petfood ou en produits pour la consommation humaine (fraise de veau) alors qu'ils étaient auparavant traités par les équarrisseurs. La filière subit donc une forte baisse de volume de déchets à traiter pour faire tourner les usines d'équarrissage. Cette évolution permet une meilleure valorisation des carcasses de bovins, ce qui est globalement bénéfique pour la filière mais pèse fortement sur le poste équarrissage. Face à tous ces éléments, l'association ATM ruminants a accédé à la demande d'une augmentation des tarifs d'équarrissage. « Mais grâce à différents modèles, la coordination des ATM de toutes les espèces (ruminants, porcs, volailles, lapins et équins) a cherché à estimer ce qui relevait d'une hausse acceptable de tarifs ou bien d'un abus d'une éventuelle position de monopole », indique l'association ATM ruminants dans un communiqué. « Les ATM ont fait valoir que la baisse du cours du pétrole entraîne également une baisse des coûts de collecte des cadavres et que dorénavant les farines des cadavres de veaux sont valorisables en engrais. Ainsi, entre les premières offres des équarrisseurs et l'accord final, les ATM ont pu limiter de plusieurs points la hausse des coûts. »
Entre les différentes filières de ruminants, les cotisations ont évolué différemment. La filière ovine voit par exemple ses tarifs augmenter plus fortement que pour les bovins, ce qui s'explique, selon l'ATM, par le fait que la filière ovine ne finançait pas l'équarrissage à hauteur des coûts réels. Ainsi, un rééquilibrage entre la filière bovine et ovine a eu lieu.
Camille Peyrache
Filière caprine
Un déficit important à combler
Depuis 2009, la filière caprine finançait l’équarrissage à hauteur de 850 000 euros/an (participation de l’amont et de l’aval), alors que les frais de collecte s’élevaient à environ 2 400 000 euros HT /an. En 2013, le système ATM ne disposait plus des financements nécessaires pour combler le déficit. C’est pourquoi il a été demandé aux représentants professionnels de cette filière de trouver une solution. Après concertation au sein de la filière, il a été décidé que les éleveurs assumeraient ce déficit. Si cette décision n’avait pas été prise, en 2014, les éleveurs de chèvres auraient payé les frais de collecte lors de l’enlèvement, directement au chauffeur, à un tarif pouvant aller de 50 à 110 € HT par chèvre. Aujourd’hui, le taux de recouvrement de la cotisation caprine est de l’ordre de 90 %. Les éleveurs ne s’étant pas acquitté de leur cotisation se voient facturer les enlèvements au moment de la collecte.