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« Les territoires ruraux sont tendances »

Souvent sous-estimés d'un point de vue économique, les territoires ruraux ont de considérables atouts à faire valoir. C'est le message délivré lors d'une table ronde qui s'est tenue à Valence.
« Les territoires ruraux sont tendances »

Comment faire pour qu'une économie ne déserte pas les territoires ruraux ? Vaste question posée par l'association nationale Nouvelles ruralités, lors de ses deuxièmes rencontres organisées à Valence les 26 et 27 octobre. Les contraintes de ces territoires sont connues : infrastructures numériques insuffisantes, faible densité de population, éloignement des centres de décisions... Pourtant, face à cela, ces territoires ont des atouts : l'immobilier y est moins cher, les transports moins encombrés, la qualité de vie plus saine sur le plan environnemental. Alors que faut-il aux entrepreneurs ruraux pour réussir ? « Il faut restaurer le pouvoir d'agir et libérer la confiance », a estimé Jean Besançon, fondateur de l'université ouverte des compétences. A la table ronde à laquelle il participait, il a notamment plaidé pour une simplification des procédures (par exemple dans le montage de projets).

Villes et campagnes ensemble

« Le vrai sujet est l'évolution à plusieurs vitesses des territoires, qu'ils soient urbanisés ou pas », a expliqué Anne-Claire Vial, présidente du think tank Sol et Civilisation. Car, selon des études, on observe une concordance troublante entre la carte des villes et des campagnes qui vont mal et inversement, a-t-elle fait remarquer. Autrement dit, villes et campagnes ont des intérêts communs et non contradictoires. « Il faut faire comprendre aux élus de ville que la campagne est intéressante », a-t-elle ajouté. Qu'il s'agisse de l'alimentation, de la transition énergétique ou encore de l'attractivité touristique, « les territoires ruraux sont tendances, a dit Anne-Claire Vial. Et l'innovation dépend à la fois des politiques publiques et d'initiatives privées. » Parmi les exemples de réussite, elle a cité les parcs naturels régionaux - « de vrais boosters pour émarger à des financements européens » - mais aussi les programmes alimentaires territoriaux ou encore les pôles d'excellence rurale.

Des territoires innovants

Prenant pour exemple la coopérative Limagrain ou encore Champollion, une start'up d'excellence labellisée et implantée en Ardèche, « on ne peut pas laisser dire qu'il n'y pas d'innovations dans les territoires ruraux », a insisté Anne-Claire Vial. Elle a aussi parlé d'initiatives sociales ayant permis, en lien avec la MSA Ardèche-Drôme-Loire, la création de crèches en milieu rural. La réussite des « Fermes de Figeac » a également été évoquée. Initialement tournée vers le secteur agricole, cette coopérative d'élevage, créée en 1985 dans le Lot, s'est peu à peu orientée vers d'autres domaines tels que les énergies renouvelables, les matériaux de construction, les circuits courts... La structure regroupe 650 adhérents, emploient 150 salariés et réalise 17 millions d'euros de chiffre d'affaires. « L'innovation des Fermes de Figeac repose essentiellement sur la mise au point de démarches collectives et mutualisées », a fait observer Sylvain Baudet, chargé de mission développement économique à la Caisse des dépôts et consignations. Il a cité par ailleurs l'entreprise Archer, située à Romans-sur-Isère. Une initiative née en 1987 de la volonté d'acteurs locaux de trouver des solutions à l'exclusion et au chômage après la faillite de la chaussure. Archer compte aujourd'hui 2 200 salariés (500 équivalents temps plein). « Ils ont su reconstruire et ré-ancrer de la valeur sur le territoire », a souligné Sylvain Baudet.

Christophe Ledoux