Accès au contenu
Robots de traite

Les vaches ont adopté leurs nouveaux robots

A Crépol, Laurent Givet a renouvelé ses robots de traite l'été 2019. Une version bien améliorée comparée à l'ancienne : « c'est le jour et la nuit », pour cet éleveur de Prim'Holstein.

Les vaches ont adopté leurs nouveaux robots

Les robots Lely Astronaut A3 Next de Laurent Givet étaient « arrivés à bout de souffle ». Alors, en août dernier, il les a remplacés par des A5, la nouvelle génération (lancée en 2018). Entre les deux, « c'est le jour et la nuit ». Avec le A3, les vaches entraient dans la stalle par un système en courbe, en forme de banane. Il y avait une petite marche et un tapis. Avec le nouveau modèle, l'entrée est dans la longueur de la stalle. « Tout est à même le sol, sur les caillebotis, explique l'éleveur. Avec les A3, des vaches en cinquième lactation ne voulaient pas entrer dans les stalles. Avec les A5, elles y vont bien. Elle ne sont pas stressées. Malgré une entrée différente dans les stalles, le changement n'a pas posé de difficultés. »
Les vaches de Laurent Givet se sont bien adaptées à leurs nouveaux robots de traite, en accès libre comme précédemment. Avec, elles vivent à leur rythme, vont se faire traire quand elles en ont envie. « La moyenne est de 2,7 à 2,8 traites par vache par jour, indique Laurent Givet. Je n'ai pas observé de différence de production. Elle a toujours été stable. » Avec, il trait actuellement 95 vaches mais pourrait monter jusqu'à 130 (capacité de l'installation). Le taux d'occupation des robots est de l'ordre de 70 %.

Plus pratiques, efficaces

Laurent Givet devant l'un des ses robots A5.
© journal L'Agriculture Drômoise

Si les vaches ont bien adopté leurs nouveaux robots, Laurent Givet aussi. Et il mesure les améliorations apportées, la technologie a bien évolué. Le robot A5 est plus facile à utiliser et efficace que le A3. Il a un écran tactile multitâche. Une caméra 3D placée au-dessus de la vache détermine la position de l'animal. La vitesse de branchement des manchons est plus rapide : « du simple au double ». Le lavage des trayons est plus performant : « les brosses pneumatiques ont été remplacées par des brosses électriques ». Après la traite, le trempage du trayon pour désinfection était aléatoire avec le A3. Avec le A5, une fois trait, le trayon est détecté par un laser et le produit désinfectant de mamelles pulvérisé dessus.

Plus silencieux et économes en énergie

Le remplacement de vérins pneumatiques par des moteurs électriques rend le bras de traite plus silencieux. « Il ne fait plus de bruit, c'est flagrant ». C'est donc moins de stress pour les jeunes vaches au début de leur première lactation. Le bras se déplace de façon plus fluide, précise. En outre, moins d'air comprimé est consommé et, par conséquent, d'électricité. Il y a une pompe à vide (aspiration du lait) pour les deux robots. Avant, chacun avait la sienne. Entre deux traites, les manchons sont désinfectés avec de la vapeur à 180 °C. Celle-ci est produite par un système « faisant penser à une cafetière expresso, qui chauffe l'eau pendant une traite pour la suivante ». Auparavant, « il y avait un gros chauffe-eau qui consommait beaucoup ». Laurent Givet a également prévu d'installer, sur ses robots de traite, un système de pulvérisation automatique pour nettoyer les pattes des vaches.

Des fonctions supplémentaires

Les vaches semblent bien apprécier leurs nouveaux robots de traite.
© journal L'Agriculture Drômoise

Via une antenne longue portée qui identifie le collier des vaches, les chaleurs et la rumination peuvent être détectées même si elles ne viennent pas se faire traire. Avant, elles l'étaient seulement quand les animaux passaient aux robots. Le modèle A5 a encore d'autres fonctions que n'avait pas le A3 : indicateur des taux protéiques et butyreux du lait, comptage cellulaire, repérage de vaches en acétonémie ou acidose ainsi que de la rumination. Et toute une liste d'alertes est disponible. « On peut sélectionner celles que l'on veut, explique l'éleveur. Je mets certaines alertes uniquement le jour. Pour la nuit, je n'ai paramétré que celle me prévenant si le robot arrête de traire. »

Du temps gagné

Pour Laurent Givet, l'astreinte s'est encore réduite l'an dernier, du fait que les vaches entrent mieux dans les robots A5. Cet éleveur a investi 245 000 euros dans ses deux nouveaux robots de traite (amortissement prévu sur dix ans) et un repousse-fourrage. Pour ces achats, il devrait bénéficier d'une aide de près de 41 800 euros du Feader(1) et de la Région dans le cadre du PCAE(2) et d'une aide complémentaire du Département dans le cadre du programme de soutien aux exploitants exclus des ZDS (zones défavorisées simples) proche des 15 000 euros.

Annie Laurie

(1) Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.
(2) PCAE : plan de compétitivité et d'adaptation des exploitations agricoles.

 

L'EARL des Guignons /

Les nouveaux bâtiments d'élevage de Laurent Givet.
© journal L'Agriculture Drômoise
Laurent Givet (49 ans), quartier les Marinières à Crépol. Installé en 1993.
Exploitation en polyculture-élevage de 120 hectares dont une trentaine de prairies, le reste en maïs ensilage, ray-grass, céréales (blé, orge) et tournesol.
Dernier bâtiment d'élevage construit en 2000 (suite aux mises aux normes), avec panneaux solaires installés fin 2019 sur la toiture (location).
101 vaches Prim'Holstein et 120 génisses de renouvellement (de 0 à 3 ans).
1,1 million de litres de lait par an, collectés par la Fromagerie alpine à Romans.
2 robots de traite, renouvelés en 2019. 1 robot racleur (lisier). Et prochainement un robot repousse-fourrage.

 

La traite robotisée depuis 2011 /

Laurent Givet a acheté ses deux premiers robots de traite en 2011, profitant d'une offre de fin de série du fabricant néerlandais Lely. « C'était les premiers robots de traite que ce constructeur installait dans la Drôme, des Astronaut A3 Next ».
Habituer les vaches à aller se faire traire par les robots n'a pas été une mince affaire. « Cela nous a pris une semaine non stop, 24 heures sur 24, à 10-12 personnes, se souvient Laurent Givet. Nous faisions des petits lots de vaches et les poussions vers les robots. Nous avons enlevé les barrières au bout de huit jours, pour une circulation libre. »
A.L.