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Crozes-Hermitage

« Les vignerons n'en peuvent plus de faire les éboueurs »

Des amas d'ordures qui s'entassent régulièrement sur des îlots de propreté provoquent la colère des vignerons de l'appellation Crozes-Hermitage. Outre l'incivisme, ils pointent un dysfonctionnement dans la gestion de la collecte.
« Les vignerons n'en peuvent plus de faire les éboueurs »

Depuis plus d'un an, de nombreux vignerons de l'appellation Crozes-Hermitage se plaignent de dérives intolérables. Fréquemment, des sacs poubelles, des cartons mais aussi des encombrants s'entassent au pied des îlots de propreté installés au cœur de l'appellation. Entre l'incivisme de certains et l'amoncellement des ordures, « ce problème nuit gravement à l'image de notre appellation », déplore Pierre Combat, président du syndicat des vignerons de l'AOC Crozes-Hermitage. De plus avec le vent, papiers et cartons se répandent dans les vignes. Sans conséquence sur la qualité du vin, évidemment, il en est tout autrement de la perception des touristes en visite dans les vignobles et les caves. Sur les réseaux sociaux, certains postent des images pour le moins compromettantes pour l'appellation. La colère est à son comble chez les vignerons qui sont, pour la plupart, fortement engagés dans le développement de l'œnotourisme et dans des démarches respectueuses de l'environnement et des paysages.

L'organisation de la collecte pointée

« Ce n'est pas facile de gérer les ordures ménagères mais ce qui ne va pas, c'est l'organisation de la collecte des îlots de propreté », a indiqué Pierre Combat. A ses côtés, Gaylord Machon, Yann Chave et Jacques Alloncle.
© Journal L'Agriculture Drômoise

Outre l'incivisme « scandaleux » de ceux qui confondent îlot de propreté et déchèterie, Pierre Combat estime par ailleurs que les moyens mis en place pour récupérer les ordures sont insuffisants. A la mi-juin, il a écrit au président du Syndicat intercommunal rhodanien de collecte et de traitement des ordures ménagères (Sirctom), Pierre Montagne (également maire de Saint-Barthélémy-de-Vals). Aucune réponse ne lui étant parvenue, lui et quelques membres de l'AOC Crozes-Hermitage ont organisé une conférence de presse, le 21 juillet à la Maison des vins de Tain-l'Hermitage. « Ce sujet est trop gênant pour notre appellation, cela fait un moment que la moutarde nous monte au nez, a expliqué Pierre Combat. Ce n'est pas facile de gérer les ordures ménagères mais ce qui ne va pas, c'est l'organisation de la collecte des îlots de propreté. » Il a aussi rappelé le poids économique important de l'AOC, laquelle regroupe 1 680 hectares et 250 exploitations viticoles produisant plus de 80 000 hectolitres. « Les vignerons n'en peuvent plus de faire les éboueurs », a-t-il ajouté. A ses côtés, Jacques Alloncle, Yann Chave et Gaylord Machon, respectivement vice-président, trésorier et administrateur du syndicat des vignerons de l'AOC Crozes-Hermitage. « Nous ne donnons pas de leçon, insiste Pierre Combat. Ce que nous voulons, c'est que ce soit propre. »

Christophe Ledoux

Repères / Le Sirctom

48 communes, 70 000 habitants, c'est le territoire où opère le Syndicat intercommunal rhodanien de collecte et de traitement des ordures ménagères (Sirctom). Sur un territoire allant du Nord-Drôme à l'Hermitage, en débordant sur la rive droite du Rhône, ce dernier assure en régie la collecte des déchets, y compris recyclables, ainsi que la gestion de plusieurs déchèteries. Depuis quelques années, la mise en place d'îlots de propreté a pour objectif de réduire les coûts de collecte. Il s'agit de points d'apport volontaire composés de conteneurs enterrés (ou semi-enterrés) et de trois colonnes de tri (papiers-cartons, bouteilles plastiques, verre). Ces équipements remplacent progressivement l'ensemble des poubelles de ce territoire.

 

Incivisme /

Des champs utilisés comme déchèteries

Jean-Baptiste Vye, exploitant agricole, trouve régulièrement en bordure de champs situés à Romans-sur-Isère des vêtements, des chaussures et bien d'autres déchets. Pire, il y a quelques jours, l'équivalent de trois camions de gravats a été déversé !
Aux abords de la ville de Romans-sur-Isère où se situe la majorité de ses terres, Jean-Baptiste Vye, exploitant agricole, trouve régulièrement en bordure de champs des vêtements, des chaussures et bien d'autres déchets. Pire, il y a quelques jours, l'équivalent de trois camions de gravats a été déversé ! « Nos champs sont utilisés comme déchèterie », constate-t-il avec colère. Sur la voie verte où les problèmes d'incivisme étaient fréquents il y a encore deux ans, les choses se sont améliorées avec l'installation de barrières empêchant l'accès aux véhicules motorisés. Cependant, des cyclistes recevant un peu d'eau lors des arrosages ont dégradé des systèmes d'irrigation, causant parfois de très lourds dégâts. « C'est une erreur d'avoir fait cette voie verte en zone agricole », estime l'agriculteur.
10 kilos de déchets par kilomètre
Canettes de bière, bouteilles de verre, emballages plastiques, morceaux de ferrailles, pneus et enjoliveurs, lampes, meubles... des déchets collectés en bords de champs agricoles !
Canettes de bière, bouteilles de verre, emballages plastiques, morceaux de ferrailles, pneus et enjoliveurs, lampes, meubles... Chaque année, les adhérents de la coopérative de Boisseaux (Loiret) organisent une collecte de déchets pendant une semaine. En huit ans, ils ne voient toujours aucune amélioration et ramassent entre 800 kilos et une tonne de déchets sur 100 kilomètres de bordures de champs. Soit dix kilos de déchets par kilomètre ! Seul point positif, s'il faut en trouver un, c'est la baisse du nombre de sacs plastiques.