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Dépérissement

Les vignerons se mobilisent contre la baisse des rendements

En France, sept réseaux test MIV (Mobilisation & innovation vigneronne) ont été mis en place (2016-2018) pour lutter contre le dépérissement de la vigne, dont quatre dans le Sud-Est. Objectif : impliquer les vignerons dans l'identification des pratiques innovantes.
Les vignerons se mobilisent contre la baisse des rendements

En France, sept réseaux test MIV – Mobilisation & innovation vigneronne – ont été mis en place (2016-2018), dont quatre en zone méditerranéenne (Drôme, Vaucluse, Gard et Hérault). L'objectif des MIV est d'impliquer plus fortement les vignerons dans le développement, afin d'améliorer la perception des dépérissements ; de recenser, faire émerge et tester des pratiques innovantes ; et de co-construire et mutualiser des itinéraires techniques. Ces réseaux ont déjà permis d'identifier précisément les facteurs principaux (fréquents et impacts) et ceux associés secondaires (moins fréquents mais ponctuellement impactant) à l'origine de la baisse des rendements. Dans le premier groupe, on retrouve le court-noué, la coulure, les manquants et improductifs et enfin, la charge en bourgeons ; dans le second groupe, l'alimentation hydrique et azotée, les maladies du bois, les maladies (mildiou-oïdium) et les carences en potasse.
Faisant écho aux recherches en cours liées au dépérissement de la vigne, Marion Claverie de l'IFV, que « le phénomène est complexe et multifactoriel.
Il faut donc l'aborder sous plusieurs angles d'attaques, car le dépérissement, c'est de la mortalité de ceps et des bas rendements, ce qui signifie moins de structures de production et des baisses de rendements. Les solutions doivent donc porter sur la gestion des manquants, la charge en bourgeons, la gestion du court-noué et des maladies du bois, les stress et autres carences... 72 facteurs ont été inventoriés dans le cadre du plan dépérissement », rappelait la spécialiste de l'IFV.

Le dépérissement de la vigne est complexe et multifactoriel. 72 facteurs ont été identifiés dans le plan dépérissement, selon l’IFV, Institut français de la vigne et du vin.

Que faire à court terme ?

En attendant que la recherche avance, Olivier Jacquet, conseiller viticole de la chambre d'agriculture de Vaucluse, est revenu sur les actions à mettre en place à court terme :
- gestion des manquants par complantation avec « un entretien soigné, et des arrosages fréquents jusqu'à fin septembre » ou replantation ;
- maintien d'une pression court-noué « acceptable » en l'absence de traitement curatif, ce qui revient à « mettre en place un repos du sol efficace à l'aide de plantes nématicides, d'engrais vert ou de tout autre couverture végétale ».

Taille et recépage

Pour retrouver un niveau conséquent de bourgeons productifs, la taille reste la meilleure alliée : « Vous devez être capable de recréer des bourgeons productifs et des coursons, et la taille reste la solution sur ce point. Or qui dit taille, dit maladie du bois : il faut pratiquer une taille peu pénalisante, favorisant les flux de sève et réduisant les plaies de taille, en visant six coursons et 12 à 15 yeux par cep. Formez ou reformez-vous de temps en temps, cela ne sera pas du temps perdu », notait Olivier Jacquet.
Quant aux interventions de recépage, elles doivent intervenir dès les premiers symptômes. De son côté, le curetage doit être mis en place au regard du coût qu'il engendre (25 min/1 cep) comparativement au coût d'un complant (10 à 12 €). « Pensez également à l'alimentation hydrique et azotée de votre vigne. Et l'enherbement doit être géré pour ne pas pénaliser la vigne. Bref, la gestion du dépérissement est multifactorielle. Mais la première chose à faire est d'aller in situ faire votre diagnostic. Et ne pas céder aux chants des sirènes des produits miracles qui n'offrent guère de validation technique », concluait Olivier Jacquet. 

C. Z.

 

Rencontres rhodaniennes / Trois ateliers – sur le changement climatique, le dépérissement du vignoble et la réduction des intrants - des démonstrations de matériels viticoles et œnologiques, les 18e Rencontres rhodaniennes dernièrement à Orange ont accueilli plus de 200 viticulteurs.

Des rencontres pour apprendre, comprendre et déguster

La 18e édition est une belle réussite pour les organisateurs des Rencontres rhodaniennes - l’Institut rhodanien et le lycée viticole d’Orange, en partenariat avec l’Inra, les chambres d’agriculture, le syndicat des vignerons des côtes du Rhône et l’Institut français de la vigne et du vin. Plus de 200 vignerons s’y sont rendus. Le colloque scientifique a permis de faire le point sur trois thématiques d’actualité : le changement climatique, le dépérissement du vignoble et la réduction des intrants. Philippe Pellaton, président du syndicat des côtes du Rhône a ouvert la journée. « Aujourd’hui, nous devons être acteurs sur plusieurs fronts en même temps : économique, technique, climatique », soulignait-il. Le climat tout d’abord, avec une récurrence des aléas qui reviennent en moyenne tous les quatre ans avec des impacts massifs sur la production. Les problèmes techniques ensuite, avec l’évolution des pratiques culturales, l’utilisation réduite des produis phytosanitaires et la montée en puissance des outils de biocontrôle. « Ces choix s’entendent avec notre capacité à évoluer au niveau réglementaire. La seule bonne réponse pour certain est le bio, qui pose d’autres questions. Mais demain, nous pourrions avoir 50 % d’exploitations certifiées si le cadre réglementaire évoluait et nous permettait de passer une partie de nos surfaces en bio, et pas l’intégralité comme aujourd’hui », notait le président. Enfin, les attentes sociétales sont fortes et de plus en plus prégnantes. « Nous y répondons, à l’image des démarches RSE que nous mettons en place, des stratégies qui permettent de réduire nos IFT. » Pour Philippe Pellaton, il faut, dans cette décennie qui s’ouvre, « être proactifs et ne pas nier les attentes environnementales fortes. La contrainte la plus forte est sans doute le pas de temps dans lequel nous devons le faire : il sera forcément plus court car la société évolue toujours plus vite. »  C.Z.
Philippe Pellaton