Accès au contenu
CAMBRIOLAGES

Les vols de produits phytosanitaires continuent

La Drôme est toujours confrontée à des vols de produits phytosanitaires. Depuis le début de l'année, ce sont une quinzaine de faits - dans la moitié nord du département - qui ont été recensés.
Les vols de produits phytosanitaires continuent

Le phénomène des vols de produits phytosanitaires continue. L'Agriculture Drômoise avait déjà interrogé en 2014 des agriculteurs confrontés à ce problème. Mais force est de constater qu'il n'est toujours pas résolu : il s'est même amplifié. Depuis le début de l'année, une quinzaine de faits ont été répertoriés par les forces de l'ordre. Les produits dérobés sont des herbicides, insecticides et fongicides utilisés dans les traitements des arbres fruitiers, la vigne et les cultures légumières. Mais si des exploitations sont principalement touchées, ce phénomène concerne aussi désormais les coopératives agricoles.


Des préjudices importants

Et l'ardoise peut être lourde. À Épinouze, le groupe Dauphinoise a dû faire face à un deuxième cambriolage en moins d'un an. « Cela fait 27 ans que je travaille ici. Pendant 26 ans, il ne s'était rien passé. L'an dernier, le 5 novembre 2016, nous avons connu un premier cambriolage. Cette année, nous avons fermé notre site le 27 octobre à 17 heures. Lorsque nous avons rouvert le lundi suivant, à 8 h, on nous avait cambriolé. La technique était la même », raconte Nathalie Badier, responsable du site. Les cambrioleurs sont en effet passés par l'arrière du bâtiment, qui donne sur une zone boisée et sur un terrain où une maison individuelle est actuellement en construction. « Il y a une partie en moellon de deux mètres de haut environ, le reste est de la tôle de bardage. L'an dernier, ils ont ouvert le bardage à trois endroits différents pour pouvoir passer. Cette année, ils ont réussi à pénétrer du premier coup. Ils n'ont même pas essayé de passer par les portes », poursuit-elle. Mais dans les deux cas, il n'y a qu'une seule chose qui intéressait véritablement les malfaiteurs : l'espace de stockage des produits phytosanitaires. « Ils ne sont même pas entrés dans le bureau, où nous avions nos ordinateurs. Les sécateurs n'ont pas été volés non plus. Ils ont travaillé "proprement" et ont juste emmené ce qu'ils voulaient », commente-t-elle aussi. Avant de poursuivre : « Les produits ont été choisis : des insecticides pour l'arboriculture principalement, ainsi que pour les grandes cultures dans une moindre mesure ». Le préjudice du deuxième cambriolage est estimé à 35 000 euros (700 kg de marchandises, soit 400 bidons portés à la main et sortis par le mur).

Plusieurs coopératives cambriolées

D'autres sites de la coopérative ont également été concernés ces dernières semaines, tel celui de Roussillon (Isère) ou encore Agrodia à Étoile-sur-Rhône. Afin d'accéder à l'intérieur des locaux, les malfaiteurs ont dans ce dernier cas dû passer par le toit. Ils ont alors dérobé 435 litres de produits (insecticides, fertilisants et fongicides) ainsi que des outils. Préjudice : 53 000 euros de produits et 4 600 euros pour l'outillage.
Plusieurs sites de Valsoleil ont également fait l'objet d'intrusions nocturnes. Le préjudice de l'une d'elles est là encore estimé à plusieurs dizaines de milliers d'euros. Parfois, seuls des fonds de caisse ont été dérobés. Natura'Pro, elle, n'a pas été confrontée à des vols de produits phytosanitaires. Pour autant, des mesures ont spécifiquement été prises afin de protéger les sites et ne pas faciliter leur accès.

Revente dans les pays de l'Est ?

Au regard de la composition des produits volés - ceux-ci ne contenant pas du nitrate d'ammonium, un précurseur d'explosif -, les enquêteurs du groupement de gendarmerie départementale de la Drôme ont rapidement écarté leur emploi pour la fabrication de bombes artisanales. Le vol entre professionnels du milieu agricole est une hypothèse qui n'est pas à exclure, au vu de certaines situations. Mais pour le chef d'escadron Thierry Chopard, certains faits laisseraient apparaître les méthodes de la délinquance itinérante (passage sur les toits, etc.). « On peut en effet penser à une délinquance itinérante régionale ou encore à des délinquants européens originaires des pays de l'Est », indique-t-il notamment. Quoiqu'il en soit, ces produits seront vraisemblablement revendus à des finalités agricoles. « Leur prix reste important et peut engendrer des trafics dans une région où la production fruitière et légumière est importante. Nous allons travailler avec l'Office central de lutte contre la délinquance itinérante (OCLDI), dont un détachement vient de voir le jour à Sathonay-Camp (69), afin d'approfondir et mieux comprendre ces filières », ajoute encore l'officier.

Vigilance

Aujourd'hui, les établissements amenés à revendre ces produits, ainsi que leurs utilisateurs, peuvent recevoir un message Vigidel (comme « Vigilance à la délinquance »). Toutefois, la gendarmerie encourage les agriculteurs à leur signaler tout comportement suspect près de leurs exploitations. « Une personne venue faire des repérages par exemple, une autre qui proposerait sous le manteau des produits phytosanitaires », énumère Thierry Chopard. Des référents sûreté peuvent également intervenir auprès des agriculteurs afin de les conseiller sur les mesures de protection minimales à mettre en œuvre (bien fermer les espaces de stockage - souvent isolés, installer des dispositifs d'alarme, etc.). Pour les joindre, il suffit de composer le 17. Des informations peuvent également être transmises à la brigade départementale de rapprochements et d'informations judiciaires (mail : [email protected]). 

A.T.