Lever des fonds pour aider les agriculteurs sinistrés
Les orages de mi-juin et début juillet, « d'une violence inhabituelle et d'une étendue sans précédent, ont causé énormément de dégâts », s'étant même croisés sur certaines exploitations. Le président de la chambre d'agriculture de la Drôme, Jean-Pierre Royannez, l'a rappelé en ouverture d'une conférence de presse, le 24 juillet. Il a d'ailleurs donné une première estimation des conséquences de ces aléas climatiques : 1 000 agriculteurs drômois touchés, dont certains n'étaient pas assurés contre la grêle, 20 000 hectares, au moins 90 millions d'euros de perte de récoltes, soit plus de 10 % du chiffre d'affaires annuel de la « ferme Drôme » (qui s'affiche à 750-780 millions d'euros), 1 000 emplois impactés sur les exploitations et autant dans le secteur aval.
Apporter le meilleur soutien possible
Des actions de solidarité ont été lancées afin de venir en aide aux agriculteurs victimes de ces sinistres. « On a besoin de se serrer les coudes pour leur apporter le meilleur soutien possible », a confié le président de la chambre d'agriculture. Pour ce faire, l'association Solidarité agricole Drôme a été relancée. Créée en 2003, elle est aujourd'hui pilotée par la chambre d'agriculture, la FDSEA, JA, le Crédit Agricole, Groupama, la MSA, la Safer, CerFrance et présidée par Jean-Pierre Royannez. Elle a pour but d'apporter, dans la mesure de ses capacités, des concours matériels ou financiers lors de calamités agricoles.
Collecter un maximum de dons
Dans le cadre de cette association, a expliqué son président, « on travaille sur la problématique réglementaire liée aux déclarations Pac, celles de l'assurance, des toitures en fibrociment amianté criblées par la grêle, les risques de cessation de paiement, les risques sociaux... Notre but est aussi de récolter un maximum de fonds pour essayer de soulager les agriculteurs sinistrés avec des aides directes et différentes actions. » Le Département met 200 000 euros, la fondation Carrefour a validé la somme de 100 000 euros, un chef d'entreprise a annoncé vouloir donner 30 000 euros. Des organisations agricoles de la Drôme et hors du département ont aussi manifesté la volonté de contribuer à cet appel à la solidarité... « Aujourd'hui, on doit approcher les 350 000 euros », a précisé Jean-Pierre Royannez à ce sujet.
Cette association et ses homologues (les Conseils de l'agriculture départementale de l'Ardèche et de l'Isère ainsi qu'Agrisoutien Savoie) ont aussi lancé ensemble une collecte de dons sur la plateforme Miimosa*, ouverte jusqu'aux derniers jours d'août. Les dons peuvent être ciblés sur un département. Sinon, ils seront « équitablement répartis » entre les départements. Le montant du don est libre. Mais il ouvre droit, s'il est compris entre 50 et 499 euros, à une visite d'exploitation et, à partir de 500 euros, à un repas, « pour remercier les donateurs et aussi tisser des liens, a indiqué Jean-Pierre Royannez. Beaucoup de gens sont sensibles à l'agriculture et expriment leur solidarité. L'objectif est de collecter au moins 25 000 euros par département via cette plateforme. »
Redistribuer au plus vite et au plus juste
« On compte sur la collecte par l'intermédiaire de la plateforme Miimosa et de l'association Solidarité agricole Drôme », a ajouté Jean-Pierre Royannez. Les donateurs qui ne veulent pas payer par carte bancaire peuvent adresser un chèque à cette association**.
Comment sera distribué l'argent ainsi collecté ? Un questionnaire rédigé par l'association Solidarité agricole Drôme vient d'être envoyé (via internet) par la DDT et la MSA à tous les agriculteurs du secteur sinistré pour recenser leurs besoins. Ce questionnaire cible des problématiques identifiées mais laisse aux agriculteurs la possibilité d'en signaler d'autres. L'association examinera les réponses et fera un point à la mi-août. « On se laisse tout l'été pour récolter un maximum de fonds, ajoute Jean-Pierre Royannez. Et on s'organisera pour les redistribuer au plus vite, le plus justement possible, de façon transparente, en fonction des demandes et des montants collectés. »
Annie Laurie
* Pour contribuer, rendez-vous sur le site internet www.miimosa.com. Tapez « Second souffle / grêle 2019 » dans l'onglet de recherche. Vous pouvez aussi retrouver le lien sur la page Facebook de L'Agriculture Drômoise.
** Il est également possible d'envoyer un don par chèque à l'ordre de l'Association Solidarité agricole Drôme - 145 avenue Georges Brassens - 26500 Bourg-lès-Valence.
Etat, Région /« On attend les mesures »
Dès le lendemain et surlendemain de l'orage du 15 juin, le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, était allé sur le terrain constater les dégâts. Il avait alors déclaré : « Il n'est pas pensable que des exploitants agricoles mettent la clé sous la porte ». Et aussi : « A sinistre exceptionnel, il faut des mesures exceptionnelles ». Or, « on l'a déjà relancé par courrier mais il n'y a pas encore eu d'annonce de mesures exceptionnelles, a indiqué le président de la chambre d'agriculture de la Drôme, Jean-Pierre Royannez, lors de la conférence de presse du 24 juillet. On attend des mesures généralisées, des bonifications de taux pour ceux qui ne pourront avoir d'indemnisation, des dégrèvements d'impôt foncier... »Le 18 juin, c'était au tour du président de la Région, Laurent Wauquiez, de venir prendre la mesure de l'ampleur des dommages, à Châteauneuf-sur-Isère. Il avait alors annoncé une aide d'urgence de cinq millions d'euros (pour la grêle) et sa volonté d'expérimenter un fonds régional de protection contre les calamités climatiques (un fonds assurantiel doté de 30 à 50 millions d'euros).
« Il faut que ces mesures sortent », a observé le président de la chambre d'agriculture. Et le directeur, Damien Colin, a précisé : « Avec la Région, on travaille encore. Maintenant que les conséquences de ces aléas sont mieux connues, il faut retravailler les mesures, les affiner ».A. L.
