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Entreprise adaptée

LMDES remet « en piste » des travailleurs handicapés

LMDES - qui a dernièrement racheté la Cave Noisel - emploie des travailleurs handicapés en Drôme et Isère. Une entreprise pas ordinaire coachée depuis sa création par Alain Thomas, une figure de Saint-Jean-en-Royans.
LMDES remet « en piste » des travailleurs handicapés

LMDES est une entreprise adaptée créée en 2003 à Saint-Jean-en-Royans, une EA (ex-atelier protégé) dont les activités sont le travail à façon, le routage, la logistique... et, depuis la reprise de la cave Noisel, la production de spécialités aux noix. LMDES est une entreprise à part entière ayant pour spécificité d'employer majoritairement des travailleurs handicapés.
A l'origine, un drame : en 1997, un jeune de Saint-Jean-en-Royans âgé de 16 ans, Etienne, est victime d'un accident lors d'un match de rugby. Il devient tétraplégique. Un collectif citoyen est alors lancé par Alain Thomas, employé à EDF-GDF (retraité depuis 2014) mais aussi ancien rugbyman à Grenoble et à l'époque entraîneur de l'équipe des cadets de Saint Jean, commune dont il est originaire. Un élan de solidarité naît : matchs de bienfaisance et fêtes sont organisés pour aider Etienne et sa famille.

Alain Thomas coache bénévolement LMDES depuis sa création.

Des « handi-capables »

 

En 1999, avec l'aide d'anciens rugbymen du Royans et de Grenoble tous industriels, Alain Thomas fonde l'association LMDES (Le match d'Etienne Service) en attendant de pouvoir créer un atelier protégé. Après quatre ans de démarches, l'agrément est obtenu (fin 2003). L'atelier ouvre avec six salariés dont quatre en situation de handicap. « Le but est de faciliter l'intégration de handicapés physiques, explique Alain Thomas. On les remet "en piste" en adaptant des postes de travail pour eux. La plupart de ceux qui nous intégrons actuellement ont 40 à 50 ans et ont bien souvent eu une vie active avant. Notre équipe est dynamique, volontaire. Les salariés de LMDES - qui se surnomment "les handi-capables" - ont une grande capacité d'adaptation du fait de leur vécu personnel. »

Le but de LMDES est de faciliter l'intégration de personnes handicapées physiques.

 

Lauréate du réseau Entreprendre

En 2004, LMDES est lauréate du réseau Entreprendre Drôme Ardèche, association rassemblant des chefs d'entreprise en activité accompagnant bénévolement des créateurs ou repreneurs d'entreprise. Ce prix lui a aussi donné droit à un prêt. « Marc Chambost (négoce du bois), qui a été notre tuteur pendant deux ans, nous a beaucoup aidé et il est toujours à nos côtés. » Franck Riboud, président de Danone, est le parrain de la promotion 2004 des lauréats. En 2005, lors de la fête les mettant à l'honneur, ce grand patron distribue des cartes de visite et dit : « Si vous avez besoin, n'hésitez pas à me contacter ». Alain Thomas saisit dès le lendemain cette main tendue. Quelques mois plus tard, LMDES décroche le marché de l'envoi de la lettre des actionnaires de Danone (250 000 envois deux fois par an). Cela va bouleverser la vie de l'atelier de LMDES. En 2006, son résultat atteint 100 000 euros.
En 2007, Handicap services infos (association d'aide à l'insertion de personnes handicapées dans le monde du travail installée à Saint-Marcel-lès-Valence) n'a plus les moyens financiers de fonctionner. Elle fusionne avec LMDES qui, ainsi, a un deuxième site. L'EA compte alors 21 salariés dont 18 à Saint Jean et 3 à Saint Marcel. En 2010, en raison de la croissance de son activité, elle investit dans de nouveaux locaux (500 m2 à Saint Jean et 200 à Saint Marcel). Et elle ouvre un troisième site à Sassenage, ultérieurement transféré à Fontanil (Isère).

Noix et scop

 

LMDES franchit un nouveau cap en rachetant la Cave Noisel, à Saint-Jean-en-Royans également, en novembre 2016. Et elle se transforme en Scop (société coopérative et participative) en 2017. Treize employés volontaires en sont actionnaires. L'idée, « c'est de pérenniser LMDES et d'inclure des salariés dans son management », précise Alain Thomas. Grâce à ce projet de développement, LMDES est lauréate du prix « croissance » 2017 d'Entreprendre Drôme Ardèche. A la clé, un autre prêt et un accompagnement, cette fois-ci par le directeur général ainsi que le directeur administratif et financier de la Cave de Tain (Xavier Gomart et Ludovic Baud).
Depuis la création de LMDES, Alain Thomas œuvre bénévolement en son sein, d'abord en tant que président et à présent comme co-gérant de la Scop avec deux salariés. On ne peut donc que saluer l'engagement de cet homme généreux, tenace, toujours prêt à relever les défis qui cultive la solidarité, l'humanité, l'esprit d'entreprise... Relayeur de la flamme des JO 2012 de Londres et des jeux paralympiques 2016 (Rio), cet ancien rugbyman porte haut le flambeau de l'insertion des travailleurs en situation de handicap.

Annie Laurie

LMDES aujourd'hui

Travail à façon, travail in situ (dans les entreprises), assemblage, montage, logistique, routage... sont des activités de LMDES.
Scop employant 70 salariés dont 62 travailleurs en situation de handicap. Siège social dans la zone industrielle des Dodoux à Saint-Jean-en-Royans.
Quatre sites : deux à Saint-Jean-en-Royans (49 salariés), un à Saint-Marcel-lès-Valence (4 salariés) et un à Fontanil (17 salariés).
Activités : travail à façon, travail in situ (dans les entreprises), assemblage, montage, logistique, routage... LMDES est d'ailleurs le premier routeur de Drôme-Ardèche. Plus de 3 millions de plis marketing en 2017. Les sacs de documents remis à l'entrée du salon Tech&Bio 2017 ont été préparés par cette entreprise. Nouvelle activité : la fabrication et commercialisation de produits à base de noix depuis le rachat de la Cave Noisel.
1,2 million d'euros de chiffre d'affaires et environ 2 millions d'euros de refacturation d'affranchissement.

 

Rachat / LMDES a repris la Cave Noisel, qui fabrique des spécialités aux noix à Saint-Jean-en-Royans, et embauché de nouveaux salariés dont des travailleurs en situation de handicap.
LMDES se diversifie dans la noix
 
Lorsqu'il a décidé de vendre la cave Noisel (fondée en 1991), Jean-Luc Odeyer, son propriétaire, cherchait un repreneur du terroir, soucieux de préserver l'emploi local, la qualité des produits et de développer encore l'entreprise. Et c'est LMDES, entreprise adaptée (EA), qui a pris le relais. Elle a intégré un salarié de Jean-Luc Odeyer, embauché un maître chocolatier, créé trois postes pour travailleurs en situation de handicap. Et elle recherche un commercial pour développer l'activité de la Cave Noisel.
 
La Cave Noisel déménage
Pour héberger les activités de la Cave Noisel, LMDES a racheté un bâtiment situé à 500 mètres de son siège social. Commencé en mai 2017, son aménagement se poursuit. Un laboratoire de fabrication des spécialités aux noix y est déjà installé et un magasin a été ouvert. Une fois les travaux finis, la surface disponible sera de 1 000 mètres carrés, avec aussi chambres froides, stockage, salle pour accueillir des visiteurs. En outre, un espace sera réservé à la casseuse et l'énoiseuse de la cuma des Cass'noix (Sainte-Eulalie-en-Royans). Encore chez Jean-Luc Odeyer, le moulin à huile, le four de torréfaction (chauffé avec les coquilles de noix) et la presse hydraulique seront transférés au cours du premier semestre 2018. « Pour le moment, la fabrication de l'huile se fait à l'ancienne, indique Alain Thomas, co-gérant de LMDES. Mais on va essayer d'automatiser au maximum ce matériel et d'amener des solutions ergonomique pour réduire les manipulations, la pénibilité. »
 
Un développement à asseoir
   
La Cave Noisel propose une gamme de 80 produits à base de noix (provenant du Royans et du Sud-Grésivaudan), commercialisés dans une centaine de points de vente : huile, vinaigre, croquants, moutarde, chutney, crèmes, sablés, pralines, vin de noix... Mais aussi apéritif à la gentiane, huile de noisette, confiture de barbarine, gelée de framboise... LMDES-Cave Noisel confectionne notamment des coffrets de fin d'année, des chocolats de Pâques pour des cadeaux d'entreprise, des comités d'entreprise, des écoles locales.
En 2017, « la Cave Noisel a réalisé une bonne année, confie Alain Thomas. Mais il faut arriver à structurer son activité, à asseoir son développement. On a encore du travail d'agencement, d'organisation, d'articulation des équipes. C'est un travail différent de la sous-traitance, où on nous amène tout. »
A. L.