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Salon de l'agriculture - table ronde

Loi Egalim : « la Drôme à un temps d'avance »

A partir de 2022, la loi agriculture et alimentation (dite Egalim) imposera à la restauration collective publique d'utiliser au moins 50 % de produits locaux ou sous signes d'origine et de qualité. La Drôme en a débattu au Salon de l'agriculture.
Loi Egalim : « la Drôme à un temps d'avance »

Issue des États généraux de l'alimentation (Egalim), la loi agriculture et alimentation poursuit trois objectifs : un juste prix pour les producteurs, un renforcement de la qualité sanitaire, environnementale et nutritionnelle des produits ainsi que la promotion d'une alimentation saine, sûre et durable pour tous. Sur ce dernier point, la loi précise qu'à partir de 2022 la restauration collective publique devra utiliser au moins 50 % de produits locaux ou sous signes d'origine et de qualité (dont 20 % minimum de produits bio). Elle prévoit aussi d'intensifier la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore l'interdiction des contenants alimentaires en plastique (bouteilles d'eau, touillettes, pailles...).

Pour « consolider une agriculture locale »

Pionnier dans le développement du bio, « la Drôme est déjà bien engagée dans ces démarches, nous avons un temps d'avance ». C'est ce qu'a fait remarquer Marie-Pierre Mouton, présidente du conseil départemental, lors d'une table ronde consacrée à la loi Egalim en restauration collective publique, le 26 février sur le stand de la Drôme au Salon de l'agriculture à Paris. Elle a mis en avant l'engagement des trente collèges drômois dans l'approvisionnement en produits locaux. « Tous les restaurants de nos collèges sont labellisés Ecocert niveau 2, soit 30 % au minimum de produits bio », a-t-elle souligné. Elle a aussi rappelé que, grâce à la plateforme Agrilocal, les chefs cuisiniers s'approvisionnent en produits locaux. Et d'ajouter : « Nos équipes veillent également à l'équilibre alimentaire des assiettes et à la lutte contre le gaspillage ». Jean-Yves Gouttebel, co-président de l'association nationale d'Agrilocal (par ailleurs président du conseil départemental du Puy-de-Dôme), a vanté un dispositif qui « consolide une agriculture locale et fait aussi du lien social. »

« Une porte sur un nouveau marché »

« La coopération drômoise est le plus grand des circuits courts », a considéré Christophe Pelletier, directeur des coopératives Valsoleil et Drômoises de céréales. Selon lui, « la loi Egalim est une porte qui s'ouvre sur un nouveau marché », celui du « circuit court pour une consommation de masse ». Reste à résoudre l'équation aboutissant d'une part à un prix d'achat contenu et d'autre part à un prix de vente du producteur amélioré. De l'avis de Christophe Pelletier, « la loi Egalim est une révolution qui nécessitera pour les producteurs, les transformateurs et les utilisateurs une totale remise en cause des habitudes de travail ». Il a expliqué, entre autres, la nécessité de repenser la logistique de proximité et les modes de conditionnement, afin d'en amoindrir les coûts. Confiant, le groupe coopératif se prépare à relever le défi de lancer en 2020 des contrats de première gamme.

Un Conseil national de la restauration collective

Lors de cette table ronde, le directeur de l'Agence bio, Florent Guhl, a mis en avant la croissance de la part du bio dans la restauration collective en France (aujourd'hui de 3 %). « On observe une demande forte des parents et 42 % des élus en veulent », a-t-il indiqué. Dans le cadre du plan Ambition bio 2022, une priorité est donnée aux projets avec des débouchés en restauration collective, a-t-il expliqué. Et André Barlier, directeur adjoint de l'Inao* a noté la hausse de la demande de produits sous signe de qualité en restauration collective. « Cela crée de la valeur pour les producteurs et les aide à lutter contre la volatilité des prix », a-t-il fait remarquer. Enfin, Carole Foulon, représentante de direction générale de l'alimentation, a mis en avant la création du Conseil national de la restauration collective (CNRC). Il sera notamment consulté sur certains décrets d'application de la loi Egalim.

Christophe Ledoux

* Inao : institut national de l'origine et de la qualité.