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Prédation

Loup : faire évoluer les règlements

Le sénateur Gilbert Bouchet est à l'origine d'une rencontre sur la problématique du loup en Drôme. Y a entre autres participé l'eurodéputé Michel Dantin, co-organisateur d'une réunion interparlementaire sur le sujet en mai à Bruxelles.
Loup : faire évoluer les règlements

Gilbert Bouchet, membre du groupe de travail sur le loup au Sénat, a organisé une journée sur la problématique de la prédation en Drôme, le 25 juin, « en collaboration avec la chambre d'agriculture ». Cette rencontre fait suite à une réunion interparlementaire à Bruxelles (neuf pays représentés), le 15 mai, sur le thème « défendre le pastoralisme : vers un plan européen du loup ». « Pour essayer d'avancer plus vite », a précisé Gilbert, qui était à cette réunion initiée par les eurodéputés Michel Dantin et José Bové.
Michel Dantin a participé à la journée du 25 juin dans la Drôme. Y ont également pris part Patricia Morhet-Richaud (sénatrice des Hautes-Alpes), Martine Berthet (sénatrice de Haute-Savoie, membre du groupe de travail loup du Sénat), Pascale Boyer (députée des Hautes-Alpes et membre de la commission nationale loup), des élus du département, des représentants de la profession... La matinée s'est déroulée sur l'exploitation d'Alain Baudouin, à Combovin (voir ci-...).

Moins protéger le loup

 Photo IMG 9771 : Etaient notamment à la tribune de la réunion de Peyrus (de droite à gauche) : Patrick Bouzillard (sous-préfet de Die), Michel Dantin (député européen), Gilbert Bouchet (sénateur), Georges Deloche (maire de Peyrus), Jean-Pierre Royannez (premier vice-président de la chambre d'agriculture), Pascale Boyer (députée des Hautes-Alpes et membre de la commission nationale loup), Claude Aurias (conseiller régional délégué à l'économie de proximité).   « La question, aujourd'hui, est de faire évoluer les bases juridiques, a dit l'eurodéputé Michel Dantin à propos des règlements sur le loup.  

 

A la réunion qui s'est tenue l'après-midi à Peyrus, Gilbert Bouchet a confié : « Nous devons défendre les éleveurs ». Intelligent, le loup arrive toujours à ses fins à plus ou moins long terme, quels que soient les systèmes de protection, a observé Michel Dantin. Chaque Etat membre a adhéré à la convention de Berne au niveau de protection qu'il souhaitait pour le loup, a-t-il rappelé. La France a choisi la protection maximale. La directive Habitats, elle, permet de reconnaître que le loup a aujourd'hui changé de statut puisque la progression de sa population n'en fait plus une espèce rare. « La question, aujourd'hui, est de faire évoluer les bases juridiques, a-t-il dit. C'est le combat que nous avons engagé. Il faut que les territoires soient écoutés, réussissent à se faire entendre. » De l'avis de Pascale Boyer, « descendre la protection du loup d'un degré serait un peu plus tenable ». Elle prône en outre l'étude des mesures de protection des troupeaux mises en place ailleurs dans le monde en vue de reprendre en France celles qui fonctionnent.
Patricia Morhet-Richaud, elle, a notamment signalé que son groupe politique au Sénat avait missionné un spécialiste pour analyser la méthode de comptage des loups de l'ONCFS*. Ce groupe souhaite également une extrapolation du nombre de spécimens sur les années à venir et une analyse des études sur les hybridations entre chiens et loups.      Pascale Boyer, députée des Hautes-Alpes et membre de la commission nationale loup. Patricia Morhet-Richaud, sénatrice des Hautes-Alpes.

Pouvoir se défendre

Pour Alain Matheron, président de la communauté de communes du Diois, la première des solutions est de laisser éleveurs et bergers se défendre et tirer systématiquement, quel que soit le niveau de protection de leur troupeau. « On n'a pas le temps de tirer le loup, l'administration doit réduire sa population. On veut que le plafond de loups baisse et pouvoir se défendre », a appuyé Frédéric Gontard, co-président de la fédération ovine de la Drôme.
Du point de vue du sous-préfet de Die, Patrick Bouzillard, le plan national loup 2018-2023 apporte des avancées. Une fois le quota de loups à prélever atteint, les tirs de défense simple et renforcée sont toujours possibles... Concernant les tirs de défense renforcée, il invite les chasseurs voulant être listés à se faire connaître. Il a également signalé la possibilité de mettre en place une formation spécifique, si besoin. Et il a mis en avant la clause de revoyure prévue par le plan loup si l'objectif de 500 spécimens en France est atteint.

Privilégier les éleveurs

L'assistance à la réunion de l'après-midi.  L'assistance à la réunion de l'après-midi.

Le problème du loup « est aussi l'affaire des communes », a observé Michel Grégoire, président de l'association des maires de la Drôme. Et de mettre en garde : « Il faut se battre pour que les règlements changent mais vite. Le danger est immédiat. Dans dix ans, il sera peut-être trop tard. On ne fait pas de tourisme sans agriculture. Nos éleveurs doivent être privilégiés avant le loup ». Pour la sénatrice Marie-Pierre Monier, la réunion du 15 mai à Bruxelles « montre l'ampleur du problème. Il faut réagir. C'est le pastoralisme qu'on défend », a-t-elle noté. « Il faut des actes et des moyens. La Région en met, a dit Claude Aurias, son conseiller délégué à l'économie de proximité. On travaille actuellement sur un plan pastoral régional avec la profession. »

Réagir très vite

« Pour la première fois en Drôme, sont réunis des représentants du Parlement européen, du Sénat et de l'Assemblée nationale », a souligné Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture. « Le sous-préfet fait ce qu'il peut pour améliorer la situation », a-t-il constaté avant de remarquer : « L'Etat communique sur les avancées amenées par le nouveau plan loup. Pour la profession, c'est un recul ». Il a cité l'exemple de décisions auparavant prises à l'échelon départemental (comme les arrêtés relatifs à des tirs de prélèvement...) qui le sont à présent au plan régional. Sur l'objectif de 500 loups, « l'Etat a au moins cinq ans d'avance car on est convaincu qu'ils y sont déjà », a-t-il noté. Il a aussi appelé les élus nationaux à ne jamais valider une réglementation sur le loup différente selon les territoires. Et de conclure : « Quand l'ensemble des élus prend le sujet à bras-le-corps, la profession peut espérer des jours meilleurs. Mais, en attendant, il faut réagir très vite ».

Annie Laurie

* ONCFS : office national de la chasse et de la faune sauvage.

 

Le loup et ses victimes

167 attaques de loups et 575 animaux indemnisés en 2017 dans la Drôme (sans compter les disparus), soit une hausse de respectivement 114 et 88 % par rapport à 2015. Sur 2018, sont déjà constatées 90 brebis tuées (sans les disparues).
En France, les comptages de l'ONCFS sortie hiver 2017-2018 font état d'une population de 430 spécimens* (360 en 2017). Et le coût du loup dépasse les 20 millions d'euros par an au plan national.
* Les loups hybrides ne sont pas inclus dans ces comptages.