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Loup

Loup : le préfet à l’écoute des drames des éleveurs

Le préfet de la Drôme confirme son attention aux situations dramatiques vécues par les éleveurs. Il annonce qu’il présidera deux comités loup par an dans la Drôme au lieu d’un seul. Il veut que tous les acteurs y participent et notamment l’association des éleveurs et des bergers du Vercors Drôme et Isère, qu’il a rencontrée le 10 juillet.
Loup : le préfet à l’écoute  des drames des éleveurs

Avant de présider l'annuel comité départemental loup, le mercredi 10 juillet, le préfet, Hugues Moutouh, a choisi de rendre visite à l'éleveur Alain Baudouin à Combovin, président de l'association des éleveurs et des bergers du Vercors Drôme et Isère. Une organisation qui revendique son ancienneté dans la région pour « défendre les éleveurs », dont la secrétaire Annette Jouvent reconnaît qu'ils sont considérés comme des « extrémistes », mais toujours prêts à venir en aide aux pastoralistes. Cette visite a été préparée avec le conseiller régional Didier-Claude Blanc et la municipalité de Combovin. Une commune où trois éleveurs se sont suicidés ces trois dernières années.

« Deux fois plus d'attaques »

A Combovin, le représentant de l'Etat a affirmé « qu'il faut écouter tous les messages » et que, si une baisse des attaques de loup a pu être constatée au niveau national, il n'en va pas de même en Drôme. « Cette année, il y a deux fois plus d'attaques de loup qu'à la même époque l'an dernier. Le territoire est complexe et il faut respecter l'équilibre de la prédation ». Le préfet a rappelé que le seuil de 500 loups décomptés en France ayant été franchi, « la préservation de l'espèce est assurée ». Ainsi, la nouvelle feuille de route validée par le gouvernement voilà quelques semaines peut être appliquée. Confirmant aux éleveurs présents qu'ils ont été entendus, il a rappelé que les prélèvements de loups pourraient atteindre en France la centaine en 2019 (contre 43 en 2018). Concrètement, cela veut dire pour la Drôme, comme l'a confirmé le préfet : « S'il y a eu deux loups tués en 2018, le nombre de prélèvements pourrait passer à 4 cette année ».

« Les avortements ne sont jamais pris en compte »

A 800 mètres d'altitude, l'exploitation d'Alain Baudouin affronte les aléas climatiques et les attaques du loup. Coiffé de son béret rouge, l'éleveur n'en démord pas. « Il s'agit de s'interroger sur le rapport loup-homme. Il faut réapprendre au prédateur la crainte de l'homme ». Son troupeau de 500 têtes, dont 300 brebis, est protégé par 7 bergers d'Anatolie, les Kangals. En juin, son troupeau a été agressé deux fois par des loups et 8 bêtes sont mortes, dont seulement deux ont été expertisées.
L'éleveur estime qu'il vit depuis 22 ans sous la pression des loups « qui traversent sa ferme la nuit ». Au départ, il a eu recours à des patous « excellents pour se protéger des lynx », mais il s'en est séparés après que son chef de meute patou a été égorgé par des loups. Son troupeau est désormais confié aux bergers d'Anatolie achetés en Turquie et protégés par des colliers garnis d'éperons métalliques. Une meute de chiens territoriaux. Ceci n'a pas empêché qu'à l'automne, après que 120 brebis aient été mises au bélier, seulement 80 agneaux sont nés.

« Les autres ont coulé à cause du stress dû à la présence permanente des loups ; les avortements ne sont jamais pris en compte, c'est une perte sèche pour l'éleveur. »

Les éleveuses, Dorothée Martin de Saint-Julien-en-Quint (qui confectionne des colliers de défense pour les chiens de berger d’Anatolie) et Annette Jouvent ont porté les demandes des éleveurs et expliqué comment la présence du loup et les prédations pouvaient détruire des familles d’éleveurs.

Des « loups terroristes »

Selon Alain Baudouin, « les loups se multiplient et ils se comportent comme des terroristes ». Avec son association, il plaide pour faire reconnaître l'existence de loups hybrides - ce n'est plus la même bête, il n'a plus peur de l'homme - et il regrette l'impunité dont jouit le loup en France. Les éleveurs présents pour la visite du préfet ont fait valoir leurs revendications, satisfaits de pouvoir être représentés au prochain comité loup dans la Drôme. « Il faut réguler sérieusement les loups qui prédatent la seule faune domestique », tel est le message délivré ce 10 juillet. Cette visite et le comité loup du jour ont préparé le terrain pour la future « référente loup de l'État dans la Drôme », la nouvelle sous-préfète de Die, Camille de Witasse-Thézy qui va prendre ses fonctions le 29 juillet. 
Louisette Gouverne