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Prédation

Loup : une éleveuse de Séderon témoigne

Installée depuis trois ans à Ballons, Claire Lapie élève 150 brebis. Dernièrement, alors qu’elle entendait les loups hurler près de son troupeau, elle s’est confiée à la FDO afin d’exprimer sa détresse et l’urgence d’une solution pour que cesse l’insupportable pression de la prédation. Une mobilisation est prévue le 19 novembre.
Loup : une éleveuse  de Séderon témoigne

«Au moment même où je vous écris ce mail, une meute de loups est en train de hurler à moins de 100 mètres de notre troupeau, sur la commune de Séderon. Mon compagnon est parti précipitamment ce soir pour passer la nuit auprès du troupeau en ayant l'intention de dormir dans la voiture, sachant que la météo annonce entre -2 et 0°C. Suite à l'attaque que nous avons subie dimanche dernier, causant la perte de 15 de nos150 brebis, nous ne pourrons pas supporter de pertes supplémentaires. Le troupeau se trouve actuellement très stressé, nous craignons des avortements. Quelle profession peut accepter cette pression ?

Claire Lapie et son compagnon, Yann, auprès de leurs brebis (une photo d’eux prise avant que les attaques du loup ne viennent ternir leur joie d’éleveurs).
Nous sommes installés depuis trois ans, avons investi toute notre énergie, nos convictions et nos finances dans notre projet d'élevage de brebis, avec valorisation en vente directe des agneaux et de la laine, le tout certifié en agriculture biologique. Nous bénéficions d'un réel accueil et soutien local pour la remise en pâturage de collines (entretien écologique, lutte contre l'embroussaillement, prévention des incendies...), la vente de laine et de viande d'agneaux d'herbe.
Depuis le début de notre installation, nous avons mis en œuvre toutes les mesures de protection préconisées : parcs électrifiés, chiens de protection, surveillances "pluriquotidiennes". Nous avons d'ailleurs été contrôlés, entre autres sur ce sujet.
Ce soir, je souhaite donc exprimer tout notre sentiment d'impuissance et de découragement face à la problématique du loup, qui depuis quelques mois s'est nettement intensifiée dans le sud des Baronnies. Nous avons besoin de réponses concrètes. »
Depuis septembre, les attaques de loups se sont intensifiés. Dans les vallées de la Méouge et de l'Ouvèze, un troupeau est attaqué tous les quatre à cinq jours et ce, malgré les mesures de protection. Afin d'alerter sur les conséquences de cette prédation, qui menace l'avenir du pastoralisme, les habitants de ces territoires ruraux se mobiliseront dimanche 19 novembre de 10 h à 12 h à Ballons. 

 

Plan loup 2018-2023 /

Deux sénateurs drômois interpellent le gouvernement

« Alors que le nombre d’éleveurs victimes de la prédation du loup s’accroît sans cesse et que les mesures de modération des attaques restent insuffisantes face à l’ampleur du phénomène, spécifiquement dans notre département, il est aujourd’hui plus qu’urgent d’inverser le principe de la protection », a demandé Didier Guillaume dans le courrier qu’il a adressé au Premier ministre, le 10 novembre. Il souhaite que la France pèse auprès des autres pays européens afin de réviser les textes qui classent le loup en espèce protégée (annexe à la convention de Berne et directive Habitat). De son côté, lors de la séance de questions orales du 21 novembre au Sénat, Marie-Pierre Monier interrogera Nicolas Hulot, ministre de la Transition écologique et solidaire, sur la position du gouvernement quant à la possibilité de déclassement du loup des espèces « strictement protégées ».