Loup : une éleveuse de Séderon témoigne

«Au moment même où je vous écris ce mail, une meute de loups est en train de hurler à moins de 100 mètres de notre troupeau, sur la commune de Séderon. Mon compagnon est parti précipitamment ce soir pour passer la nuit auprès du troupeau en ayant l'intention de dormir dans la voiture, sachant que la météo annonce entre -2 et 0°C. Suite à l'attaque que nous avons subie dimanche dernier, causant la perte de 15 de nos150 brebis, nous ne pourrons pas supporter de pertes supplémentaires. Le troupeau se trouve actuellement très stressé, nous craignons des avortements. Quelle profession peut accepter cette pression ?
Nous sommes installés depuis trois ans, avons investi toute notre énergie, nos convictions et nos finances dans notre projet d'élevage de brebis, avec valorisation en vente directe des agneaux et de la laine, le tout certifié en agriculture biologique. Nous bénéficions d'un réel accueil et soutien local pour la remise en pâturage de collines (entretien écologique, lutte contre l'embroussaillement, prévention des incendies...), la vente de laine et de viande d'agneaux d'herbe.
Depuis le début de notre installation, nous avons mis en œuvre toutes les mesures de protection préconisées : parcs électrifiés, chiens de protection, surveillances "pluriquotidiennes". Nous avons d'ailleurs été contrôlés, entre autres sur ce sujet.
Ce soir, je souhaite donc exprimer tout notre sentiment d'impuissance et de découragement face à la problématique du loup, qui depuis quelques mois s'est nettement intensifiée dans le sud des Baronnies. Nous avons besoin de réponses concrètes. »
Depuis septembre, les attaques de loups se sont intensifiés. Dans les vallées de la Méouge et de l'Ouvèze, un troupeau est attaqué tous les quatre à cinq jours et ce, malgré les mesures de protection. Afin d'alerter sur les conséquences de cette prédation, qui menace l'avenir du pastoralisme, les habitants de ces territoires ruraux se mobiliseront dimanche 19 novembre de 10 h à 12 h à Ballons.