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Santé en milieu rural

Lutter contre les déserts médicaux

Acteur incontournable du monde de la santé en zone rurale, la MSA est proactive dans le maintien et le développement de l’accès aux soins dans les zones rurales, notamment les plus éloignées. Elle intervient, entre autres, à travers des actions de communication comme “ Médecin de campagne ” à destination des futurs professionnels de santé ou à travers l’accompagnement des projets de maison de santé pluridisciplinaire.
Lutter contre les déserts médicaux

Par son action « La Médecine en campagne », la MSA Ardèche-Drôme-Loire contribue à la lutte contre les déserts médicaux. Une action qui, sur notre territoire, prend la forme d'une communication à destination des étudiants en médecine, des élèves infirmiers et en kinésithérapie, leur vantant les mérites de l'exercice en milieu rural.

Valoriser la médecine de campagne

Le 17 octobre dernier, à la faculté de médecine de Saint-Etienne, la MSA Ardèche-Drôme-Loire, l'Agence régionale de santé (ARS) et l'Association des étudiants en médecine de Saint-Etienne (ADEMS) ont réuni près de 70 étudiants en 3e et 4e années de médecine. Déclinaison locale d'un partenariat national, cette rencontre avait pour but de valoriser l'exercice de leur future profession en milieu rural. « D'où l'idée de s'adresser à eux en début de cursus, afin que l'idée puisse faire son chemin dans leur réflexion », observe le Dr Isabelle Bernard-Barrat.
L'objectif ? « Leur montrer que l'installation en milieu rural est très riche, diversifiée, permettant un travail en équipe, mais aussi qu'il existe des soutiens pour ceux qui font ce choix à l'issue de leur apprentissage », précise-t-elle. L'enjeu est effectivement de taille. Il consiste à réduire les inégalités géographiques de santé en limitant l'accroissement des zones blanches que l'on observe depuis une dizaine d'années. Les zones blanches ? Des secteurs qui se caractérisent par une offre médicale insuffisante ou des difficultés dans l'accès aux soins.

Des besoins croissants

Cette situation trouve son origine dans une combinaison de facteurs. Citons, pêle-mêle, des départs à la retraite de médecins plus nombreux que les arrivées sur le marché du travail, dont le « volume » est fixé par le numerus clausus* ; une population française qui augmente et vieillit, d'où un besoin croissant que n'a pas enrayé l'arrivée de praticiens étrangers ; le choix des jeunes médecins de privilégier une implantation en zone urbaine plutôt que rurale, notamment pour des considérations familiales (emploi du conjoint), de s'orienter vers des postes salariés (hôpital, maison de retraite, etc.) ou d'opter pour une spécialisation au détriment d'une activité généraliste.
Face à ce constat, les pouvoirs publics ont pris des mesures. On peut signaler « un assouplissement du numerus clausus, mais dont les effets ne se feront sentir que dans une dizaine d'années ». Le Pacte territoire-santé qu'a annoncé en décembre 2012 la ministre des Affaires sociales et de la Santé, Marisol Touraine, a mis l'accent sur deux dispositifs incitatifs : d'une part, le contrat d'engagement de service public, bourse versée pendant un certain temps aux étudiants en contrepartie d'un engagement à s'installer ensuite pour la même durée dans un secteur sous-doté ; d'autre part, la garantie financière de revenu pendant deux ans pour les jeunes qui s'implantent dans ce type de secteur avec le statut de praticien territorial de médecine générale.
Des dispositifs que la réunion organisée à la faculté de médecine de Saint-Etienne, reconduite chaque année, promeut bien entendu. Le témoignage d'un jeune médecin impliqué dans le projet de maison de santé pluridisciplinaire (MSP) à Saint-Just-en-Chevalet a particulièrement intéressé l'auditoire.

L'essor des MSP

Outre cet événement organisé une fois par an, la MSA Ardèche Drôme Loire diffuse, via la faculté de médecine de Saint-Etienne, les instituts de formation en soins infirmiers (IFSI) et les écoles de kinésithérapie de son territoire, des supports de communication (des affiches et le livret « Révélez votre vraie nature en milieu rural ») valorisant l'exercice de la profession à la campagne.
Il est certes trop tôt pour connaître l'impact de ces mesures. On peut en revanche constater que la solution aux déserts médicaux viendra peut-être d'établissements tels que les MSP, qui réunissent au moins deux généralistes et un professionnel paramédical (infirmier, kinésithérapeute, etc.), actuellement en plein essor.
« Certaines existent depuis vingt ou trente ans, mais un effet d'aubaine a accéléré leur développement, note le Dr Bernard-Barrat. On en comptabilise déjà une vingtaine (11 en Ardèche, 7 dans la Drôme et 5 dans la Loire) et une quinzaine d'autres est en projet. Exercer seul en milieu rural peut faire hésiter un jeune médecin, mais ce type de structure a des atouts, car il permet par exemple d'échanger avec un confrère sur des diagnostics, de faciliter l'organisation de la permanence des soins... » 
Franck Talluto
* Chaque année, les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur fixent, à travers le numerus clausus, le nombre d'étudiants en médecine autorisés à passer en deuxième année. L'admission est effectivement déterminée par un classement au concours et non par l'obtention d'une note supérieure à la moyenne à l'issue des examens.

 

EN CHIFFRES / La MSA attentive à la démographie médicale
Ardèche, Drôme affichent un constat identique : entre 2007 et 2013, les effectifs de médecins généralistes ont baissé, selon le rapport 2013 du conseil national de l'ordre des médecins. La Loire bénéficie, quant à elle de la dynamique de l'agglomération stéphanoise où se trouvent la faculté de médecine et le centre hospitalier universitaire (CHU).
Selon le site de statistiques et d'indicateurs de la santé et du social (Statiss), l'Ardèche accueillait 415 médecins généralistes au 1er janvier 2014 (425 en 2007), soit une densité de 96 pour 100 000 habitants. L'affaiblissement de la population professionnelle est constant et le département présente quelques handicaps : le relief et l'altitude. La vallée du Rhône et les villes de Privas, Aubenas et Annonay sont plus propices à l'installation. L'âge moyen des médecins s'élève à 53 ans. Les médecins généralistes recensés dans la Drôme au 1er janvier 2014 sont au nombre de 737 (678 en 2007, mais 747 en 2013), soit une densité de 100 pour 100 000 habitants. La Drôme affiche un recul de ses praticiens, notamment dans les grandes agglomérations, selon l'Union régionale des professionnels de santé (URPS).
Accès aux soins dans les secteurs enclavés
La Loire fait partie des situations intermédiaires. Statiss y a comptabilisé 1 256 médecins généralistes (1 170 en 2007), soit une densité de 103/100 000 habitants. Leur âge moyen est de 50 ans. Dès que l'on s'éloigne de Saint-Etienne, le maillage se desserre.
La Loire est dotée d'un CHU et de nombreux établissements hospitaliers publics et privés, dont certains avec maternité. Drôme et Ardèche en comptent chacun une trentaine mais aucun CHU. Seuls certains sont dotés de maternités, comme à Die où l’activité vient d’être prolongée d’un an.
La question démographique pose aussi celle de l'accès aux soins dans des secteurs enclavés et faiblement desservis. Selon le rapport 2012 de l'URPS, 91 % de la population rhônalpine se situe à moins de cinq minutes d'un médecin généraliste. Un chiffre assez fidèle dans la Loire (89,2 %) et la Drôme (90 %), mais pas en Ardèche où cette proportion tombe à 78 %. Pour répondre à cette carence, l'Ardèche et la Drôme regroupent de plus en plus l'exercice de la médecine et signent, avec les jeunes praticiens, des contrats territoriaux, indique l'Agence régionale de santé.
Les spécialistes se font plus rares en Drôme et Ardèche qu'ailleurs et sont présents essentiellement sur le couloir rhôdanien. Les ophtalmologistes sont trop peu nombreux. Les kinésithérapeutes et les infirmières sont globalement en nombre suffisant dans les trois départements.
La MSA est attentive à la démographie médicale et para-médicale dans les zones les plus éloignées des centres urbains et à la prise en charge ambulatoire de ses usagers. Elle s'implique activement dans la création de maisons médicales pluridisciplinaires qui sont plus attractives pour les jeunes professionnels de santé. 

Thiphaine Ruppert