Lyon, capitale mondiale des roses

Entre la rose et la ville des Lumières, c'est une vraie histoire d'amour. Tout débute au début du XIXe siècle. L'impératrice Joséphine, qui cultive entre autres choses des roses dans son château de Malmaison, offre au jardin botanique de Lyon divers arbustes et plusieurs plantes rares. La fleur épineuse va alors se plaire dans le sol fertile lyonnais et s'épanouir sous le climat continental où les hivers sont rigoureux et les étés chauds. Ainsi, progressivement, la culture de la rose va s'imposer dans toute la cité. Entre 1850 et 1899, le nombre moyen d'obtention de roses nouvelles dans le monde est d'environ 80 par an. Près de 70 % de ces nouveautés sortent alors des roseraies lyonnaises. « Le creuset de création, d'inventivité et d'innovation des roses est lyonnais depuis le début du XIXe. Pendant l'âge d'or, qui s'étend de 1830 à 1940, on souligne une centaine de noms de pépiniéristes et la création de près de 4 000 variétés de roses dans la ville des lumières. Ces nouvelles roses ont été peu à peu diffusées dans le monde entier. Elles ont notamment été présentées dans les grandes expositions du début du XXe siècle », explique Maurice Jay, président de la Société française des roses. Les rosiéristes rhodaniens sont alors reconnus pour créer de nouvelles roses, ils sont également célèbres pour découvrir de nouvelles techniques qui font avancer la culture de la rose.
Dynasties des roses
De grands noms lyonnais ont ainsi marqué l'histoire de la rose. Jacques Plantier, installé dans le quartier de Saint-Rambert puis à la Guillotière, crée en 1825 la première rose lyonnaise, Gloire des Rosomanes. En 1849, Jean-Baptiste Guillot fils, met au point une greffe qui va révolutionner la culture du rosier. Sa rose La France sera, en effet, la première fleur de la famille des hybrides de thé commercialisée. Avec sa couleur rose vif à l'extérieur et argentée à l'intérieur, elle ouvre la voie aux roses modernes, colorées et surprenantes. Ce sera encore un Lyonnais, Joseph Pernet-Ducher, qui créera la première rose jaune après plus de 13 ans de recherche : Soleil d'or. Enfin, Rouge Meilland, de la famille Meilland, a été la première rose brevetée en France et en Europe. Lyon devient dès lors la capitale mondiale de la rose. En 1896, la ville devient le berceau de Société française des rosiéristes, l'actuelle Société française des roses, par une centaine de rosiéristes lyonnais, poids lourds de la profession à cette époque.
La rose lyonnaise fut également le dénominateur commun à une activité industrielle : la soie et à une activité culturelle intense, avec notamment la peinture. On retrouve alors le décor floral sur les tissus, dans les tableaux.
Lyon, toujours une ville rose
L'héritage laissé par les rosiéristes est encore visible aujourd'hui, notamment au parc de la Tête d'Or où sont installées trois roseraies remarquables sur 100 ha : la grande roseraie internationale, la roseraie de concours et la roseraie du jardin botanique. Depuis l'an dernier, le parc de Lacroix-Laval abrite une roseraie conservatoire. Par ailleurs, avec 10 rosiéristes en activité, la métropole de Lyon et la région Rhône-Alpes sont en tête de la création des roses en Europe et en seconde position en France pour la production de rosiers. « Il se produit 4 millions de rosiers par an en Rhône-Alpes sur un total de 10 millions », explique Maurice Jay. Lyon est également encore aujourd'hui une place forte de la recherche scientifique. Autant de paramètres qui font qu'aujourd'hui Lyon est toujours la capitale mondiale des roses.
Marie-Cécile 0Seigle-Buyat
Une rose Only Lyon
Un parfum intense avec des notes fraîches et fleuries de jardin. Des pétales d’une couleur rose poudrée. Une tige droite, longue et majestueuse, idéale pour faire des bouquets. Le nom évocateur d’Only Lyon. Cette rose, créée par Arnaud Delbard, aura l’importante mission de diffuser à l’international le savoir-faire lyonnais. Elle a été baptisée le 29 mai et fait désormais partie des rares roses parfumées dans le monde. Autres particularités de cette ambassadrice de charme : en bouton, elle impressionne par sa taille et quand elle s’ouvre en quartiers, sa forme rappelle celle des roses d’autrefois. La Belle de Gadagne, choisie par le public parmi quatre créations lyonnaises, a été également baptisée pendant le Festival des roses.
La vie en rose

Se mettre au parfum
Le parfum, justement, a été au cœur des débats du colloque scientifique organisé par la Société nationale d’horticulture de France. Les champs culturels, historiques et scientifiques de la rose ont été abordés. Par ailleurs, une journée technique des collectivités, entreprises du paysage et centres de formation a été consacrée aux concepteurs, créateurs et gestionnaires de paysages. Ensemble, avec la participation de Valhor, ces professionnels ont débattu sur la place du végétal dans la ville, de la couleur dans les parcs et jardins et de l’avenir du rosier dans l’espace public.
La rose fait son festival
Si le congrès a été l’occasion pour les participants d’échanger autour de la rose, ils auront aussi pu découvrir la ville des Lumières, ses pépinières et ses rosiéristes ainsi que des lieux insolites comme le cimetière des rosiéristes à Vénissieux, des jardins privés…
Lyon va continuer à célébrer la rose, fleur emblématique de son histoire, de son patrimoine et de son avenir. La ville s’habillera de mille roses pendant tout l’été. S'ajoutent des expositions dans les musées lyonnais et au parc de la Tête d’or, au jardin de roses à l’Hôtel de ville, des compositions florales dans les neuf arrondissements, des animations dans les parcs… La rose se déclinera sous toutes ses formes jusqu'à l'automne.
Pour en savoir plus : www.lyon-roses-2015.org.