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Ovin et caprin

Maigres Pâques pour l'agneau et le chevreau

Deux filières sont particulièrement touchées par la pandémie du Covid-19 et les mesures de confinement qui en découlent : les productions ovines et caprines.
Maigres Pâques pour l'agneau et le chevreau

Selon Maurice Huet, président de la section ovins d'Interbev, « la crise arrive au pire moment, pour les fêtes de Pâques, une période où les familles se réunissent et dégustent cette viande festive, le gigot ou l'épaule d'agneau. Et ensuite arrive le Ramadan, où là aussi, la consommation d'agneaux est à son pic. » Depuis la fin mars, les commandes se sont effondrées, entraînant des baisses de prix. Sur un agneau de 20 kg qui se négocie habituellement autour de 120/150 euros, la baisse atteint 20 euros. Et encore, quand les agneaux partent des étables. Alors que d'habitude les ventes du mois d'avril sont le double de celles des autres mois, celles-ci sont en chute libre depuis le 20 mars. Sur les 500 000 agneaux à abattre pour ce mois d'avril, 100 000 pourraient rester invendus. Et ce alors même que les enseignes se sont engagées à privilégier l'agneau français aux dépens des importations des Iles britanniques ou de Nouvelle Zélande. Toute la filière est donc mobilisée. Une campagne de communication a été lancée à la radio. Les opérateurs proposent des portions individuelles ce qui permet à la viande d'agneau d'être présente dans les « drives » depuis quinze jours. Certains bassins de production offrent des repas aux hôpitaux et maisons de retraite.

Appel à Bruxelles

La production d'agneaux de viande fait vivre 20 000 éleveurs dans toute la France. La situation n'est pas meilleure dans l'élevage caprin où la viande de chevreau est un co-produit de la production laitière. Mais cette production est encore plus saisonnière que celle d'agneau puisque le tiers des 600 000 chevreaux sont consommés à Pâques ou à Noël. Les ventes de Pâques sont donc essentielles pour cette filière. Or celles-ci ont chuté de 60 % la dernière semaine de mars par rapport à la même semaine de 2019. Les marchés italiens et portugais, qui achètent 40 % des chevreaux français, se sont fermés. Les semaines de début avril seront donc déterminantes pour cette filière qui compte une vingtaine d'engraisseurs et trois abatteurs. Là aussi les enseignes jouent le jeu et mettent en avant les qualités de la viande de chevreau, riche en fer, peu grasse et acidulée. Mais quelles que soient les ventes, personne ne gagnera d'argent, il faudra limiter les pertes. Pour Franck Moreau, producteur de lait de chèvre pour l'AOP Valençay dans le Berry et président de la section caprine d'Interbev, « Si le consommateur ne cuisine pas le traditionnel chevreau à l'oseille cette année on risque de devoir congeler 1 000 tonnes de viande, soit le tiers de la production ». Des stocks qui pourraient coûter 6 à 7 millions d'euros aux abatteurs et fragiliser ainsi cette filière. Les deux filières, ovines et caprines, espèrent des aides nationales ou européennes pour financer ces stocks de viandes congelées qui seront longs à écouler.

 

Mangez de l’agneau, c’est bon pour la santé !

Riche en protéines de bonne qualité, la viande d’agneau est également une source de vitamine B12 et de minéraux essentiels. Sa teneur en protéines se situe en effet à 22 % et est stable selon le sexe, l’âge et le mode d’alimentation de l’agneau. De plus, ces protéines sont de bonne qualité car elles contiennent tous les acides aminés indispensables en proportions équilibrées. Enfin, elles sont bien assimilées par l’organisme. Par ailleurs, consommer 100 g de viande d’agneaux couvre 30 % des apports recommandés quotidiens en vitamines B12. Les aliments d’origine animale constituent la source alimentaire quasi exclusive de cette vitamine qui est indispensable à la formation des globules rouges. Ceux d’origines végétales en sont dépourvus.
Une des meilleures sources de fer
Comme pour les autres viandes, l’apport en fer de celle d’agneau est aussi intéressant quantitativement que qualitativement. De plus, le fer est sous forme héminique à 46 %, donc beaucoup mieux absorbé. D’autre part, 100 g de viande d’agneau couvrent 17 à 32 % des apports recommandés quotidiens en zinc. Enfin, la finition des agneaux en bergerie avec des aliments concentrés supplémentés en sélénium se traduit par des teneurs élevées de ce minéral dans les viandes. La noix de cotelette d’agneaux finis à l’herbe contient quant à elle des oméga 3. Ces teneurs peuvent paraître faibles dans l’absolu mais elles contribuent malgré tout aux apports.
Pour en savoir plus, vous pouvez consulter la fiche technique « la viande d’agneau, un atout santé » sur www.idele.fr et www.inn-ovin.fr.
Laurence Sagot, Institut de l’élevage-Ciirpo

 

La FNO dénonce la mise en avant de viande d'agneau néo-zélandais

Certains distributeurs « ont mis en priorité l'écoulement de leur stock d'agneaux d'importation, accentuant ainsi la situation délétère des éleveurs français », dénonce la FNO, dans un communiqué du 6 avril. Le syndicat les accuse de profiter « des moyens mis en œuvre pour valoriser l'agneau français », mais en vendant « de l'agneau néo-zélandais vendu 2,5 fois moins cher ». Comme le rappelle la FNO, l'interprofession ovine s'était « accordée sur la nécessité, dans cette période de moindre consommation liée au confinement, de favoriser la production française ». D'où le lancement d'une campagne de communication jusqu'au 12 avril. Dans le viseur des éleveurs ovins: Leclerc, dont le magasin de Chemillé (Maine-et-Loire) a fait l'objet d'une action syndicale le 2 avril, après avoir vendu de l'agneau néo-zélandais étiqueté « origine France ». « Une erreur de balisage », s'est défendu le directeur du magasin auprès de Ouest-France. « D'autres enseignes jouent le jeu, comme Intermarché et Système U », indique Michèle Boudoin, présidente de la FNO, à Agra Presse. Le syndicat estime le « stock des agneaux finis en ferme » à 450 000, alors que la demande est en berne. Résultat : « La cotation nationale a perdu un euro le kilo aujourd'hui (le 6 avril, NDLR) », constate Michèle Boudoin.