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Désherbage maïs

Maïs : contrôle des adventices de la flore annuelle en post-levée

La maîtrise des adventices susceptibles de se développer dans la culture du maïs est une nécessité absolue. Au stade juvénile (avant 10 feuilles), le maïs est très sensible à la présence d'adventices et la concurrence doit être levée très rapidement pour préserver le potentiel des cultures. Les conseils d'Arvalis-Institut du végétal.
Maïs : contrôle des adventices de la flore annuelle en post-levée

Les flores complexes sont de plus en plus souvent présentes dans la culture de maïs et souvent un seul passage ne permet pas de contrôler l'ensemble des adventices. En 2020, les conditions extrêmement sèches qui règnent depuis un mois ne sont pas favorables à la réussite des applications de prélevée. Cette année, un bon contrôle du désherbage va reposer sur les applications de post-levée. Quelles sont les solutions à disposition des agriculteurs ?
En intervention de post-levée, l'identification des adventices présentes est primordiale pour choisir le produit le plus adapté. Les conditions d'application sont aussi importantes, les interventions de post-levée ne sont efficaces que si l'hygrométrie de l'air au moment du traitement est d'au moins 65 %. Ce qui, par temps ensoleillé, impose un traitement avant 10 heures du matin ou alors en fin de soirée. Aucun herbicide utilisé seul n'est, en général, satisfaisant sur une flore composée de multiples espèces. L'intervention repose sur deux principes : la complémentarité des substances actives et savoir faire évoluer la dose en fonction du développement des adventices.

 

Plusieurs possibilités peuvent se présenter :

Il y a eu une intervention de prélevée

L'intervention de prélevée contrôle une grande partie des graminées et des dicotylédones classiques comme l'amarante, le chénopode blanc, la morelle noire et la renouée persicaire, si l'on a pris la précaution d'ajouter un produit à base d'isoxaflutole (Merlin flexx) au produit racinaire antigraminées. Cette année, les conditions de réussite de ce type d'application n'ont pas toujours été réunies, il faut donc surveiller particulièrement la levée des graminées. En revanche, les dicotylédones comme la mercuriale, la renouée des oiseaux et la renouée liseron ne sont pas touchées par ce traitement et requerront une intervention de complément. Plusieurs cas peuvent se distinguer : la flore est composée de dicotylédones et graminées ; composée uniquement de dicotylédones « classiques » ; ou de dicotylédones classiques et difficiles (renouées, mercuriales...) (cf. tableau 1).

Il n'y a pas eu d'application avant la levée du maïs

Deux solutions s'offrent aux producteurs :
La post-levée précoce. Il s'agit d'intervenir rapidement dès le stade 2 feuilles du maïs, sur des adventices non levées ou au stade plantule, avec un désherbage à spectre complet antigraminées et antidicotylédones. L'objectif est de gagner en persistance d'action par rapport à un passage de prélevée sur graminées, en semis précoces notamment, et dans la mesure du possible, de ne pas avoir à rattraper. Elle permet d'intervenir avec des doses modulées de produits sur des adventices encore très petites. C'est une stratégie séduisante mais délicate à mettre en œuvre. Combinant à la fois des herbicides racinaires et foliaires, elle nécessite des conditions agrométéo favorables aux deux types de produits. En effet, il faut une bonne humidité du sol et une pluviométrie significative après traitement pour optimiser l'action des racinaires mais également intervenir avec une bonne hygrométrie pour garantir l'efficacité des foliaires sur les adventices déjà levées. C'est une stratégie intéressante, en alternative à une stratégie classique de prélevée + post-levée. Un rattrapage de post-levée (avec des doses limitées) n'est cependant pas exclu pour contrôler les relevées en cours de cycle (cf. tableau 2).
La post-levée en 1 ou 2 passages alors que la majorité des mauvaises herbes a levé. Les doses devront être modulées en fonction de la flore présente et du stade des adventices (cf. tableau 3).

Le désherbage mécanique

Le maïs est une culture adaptée au désherbage mécanique. En post-levée du maïs et des adventices plusieurs outils sont utilisables :
- la herse étrille utilisable du stade 2 à 6 feuilles du maïs. Elle nécessite une préparation de sol fine et homogène, elle est rapide à mettre en œuvre mais peut être agressive sur la culture. Pour une bonne efficacité, les adventices doivent être à un stade très jeune,
- la houe rotative, très rapide, nécessite, comme la herse étrille, une bonne préparation de sol et une intervention à un stade jeune des adventices,
- la bineuse : les temps d'intervention sont beaucoup plus lents avec cet outil, mais il y a la possibilité d'intervenir jusqu'au stade 8 feuilles du maïs. Elle présente aussi l'avantage de pouvoir détruire des adventices développées.
En culture, le désherbage mécanique ne permet pas de lutter efficacement contre les vivaces (liserons, chiendent...).
D'une manière générale, c'est une technique qui nécessite des conditions météorologiques favorables, une grande réactivité et une disponibilité importante de la part de l'agriculteur.
Le désherbage combiné, technique qui associe un désherbage conventionnel et des interventions mécaniques, présente un intérêt certain pour les agriculteurs.
Deux possibilités : soit l'application en plein en post-levée d'une association d'herbicides foliaires à petites doses qui sera complétée par le binage ; soit la localisation sur le rang des herbicides en prélevée ou en post-levée avec un matériel spécifique équipant le semoir ou la bineuse, l'inter-rang étant désherbé de façon mécanique. La localisation sur le rang permet de ne traiter qu'un tiers à un quart de la surface et réduit de fait la quantité d'herbicide apportée à l'hectare.

Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal