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Grandes cultures

Maïs : irrigation, quelle conduite à tenir en volume restrictif ?

L'irrigation du maïs a démarré sur l'ensemble de la région. Avec la hausse des températures, la demande climatique est à son maximum alors que le maïs entre dans sa phase de grande sensibilité au déficit hydrique. Dans certains bassins, des situations d'alerte ont été mises en place pouvant se traduire par des restrictions de débit de 25 % (arrêt de l'irrigation 2 j/7).
Maïs : irrigation, quelle conduite à tenir en volume restrictif ?

Compte tenu du faible niveau de recharge des nappes cet hiver, la situation se tend sur l'accès aux ressources et les plans de restriction d'irrigation sont d'ores et déjà d'actualité dans certains secteurs de la région.


Piloter l'irrigation en débit limitant sans limitation de volume global, quels sont les enjeux ?
Si on retient l'exemple de la plaine de Lyon et du val de Saône avec les éléments suivants : hypothèse de réduction du débit de 25 % sur un cycle de maïs tardif ; consommation égale à 4,5 mm/j sur sept jours, soit 32 mm/semaine.
Scénario de réduction du débit disponible de 25 % : 3,4 mm/j, soit 24 mm/semaine ou 32 mm/9 j.
À l'aide des modèles climatiques et des fonctions de production établies à partir des expérimentations, il est possible de simuler l'impact sur le rendement à partir d'une hypothèse de rendement moyen ; et simuler l'impact économique selon les différents scénarios de gestion de la ressource. L'impact de la restriction en eau de 25 % est de l'ordre d'une dizaine de quintaux par ha en situation médiane ; en cas d'année sèche, l'effet des restrictions peut s'élever jusqu'à 15-20 q/ha en fonction des potentialités de la parcelle. L'absence d'irrigation entraîne quant à elle une réduction du rendement de l'ordre de 50 % (jusqu'à deux tiers les années sèches).


Impact économique de la restriction en eau d'irrigation, quel choix faire ?
Face à ces restrictions les producteurs peuvent se poser la question de la conduite à tenir : continuer à irriguer la totalité de la surface avec un débit moindre (3,4 mm/j). Abandonner l'irrigation sur 25 % de la sole pour bien irriguer les 75 % restants et obtenir le meilleur rendement sur cette partie.
Pour ce calcul économique nous pouvons retenir trois scénarios (cliquez ici) :
- Scénario de base : irrigation sans contrainte.
- Scénario 1 : irrigation sous contrainte, débit réduit de 25 % sur toute la sole maïs.
- Scénario 2 : irrigation sous contrainte, 25 % de la sole maïs en sec, 75 % bien irrigués.
Les résultats montrent évidemment une perte de marge dès que l'on restreint l'irrigation. La perte est de l'ordre d'une centaine d'euros/ha (70 à 140 €/ha) dans le cas du scénario 1 et de l'ordre de 150 à 200 € /ha dans le cas du scénario 2.
En cas de restrictions, il est préférable de s'organiser pour continuer à irriguer toute la sole de maïs. Cela permet de limiter la variabilité du rendement et de sécuriser la marge. On peut y ajouter les conseils de bon sens : anticiper pour couvrir les besoins de pointe (en juillet au stade floraison) par la réserve du sol ; irriguer relativement tôt : dès que la dose peut être stockée ; prolonger l'irrigation le plus loin possible en fin de cycle si les réserves du sol sont épuisées et utiliser des doses faibles si l'organisation matérielle le permet pour garder une bonne fréquence.

Thomas Joly et Yves Pousset, Arvalis-Institut du végétal

 

Maïs fourrage / Connaître la date de floraison du maïs permet d’anticiper celle de la récolte et d’optimiser la qualité de l’ensilage.
Les conseils d’Arvalis-Institut du végétal.

Repérer la date de floraison du maïs pour prévoir la date de récolte

La floraison du maïs n’est pas forcément celle que l’on croit. Ce n’est pas la floraison mâle, caractérisée par la sortie des panicules au sommet des plantes - phénomène pourtant bien visible depuis le bord du champ - mais c’est la floraison femelle qui correspond à l’apparition des soies à la pointe des épis, au cœur de la végétation. La date de floraison du maïs, c’est le jour où la moitié des plantes ont des soies visibles à l’aisselle des feuilles. C’est le premier indicateur de la précocité de la culture. Connaître la date de floraison permet d’anticiper la date de récolte du maïs fourrage pour optimiser la qualité des ensilages. Le stade optimal de récolte du maïs fourrage se situe à 32-33 % de matière sèche (MS) de la plante entière. Récolter à moins de 30 % de MS, c’est limiter le rendement et risquer des pertes de sucre au silo par écoulement de jus. Récolter à plus de 35 % de MS, c’est risquer d’altérer la qualité de conservation de l’ensilage et réduire la digestibilité des deux parties de la plante (amidon et tiges + feuilles). Dans les deux cas, moins de 30 % et plus de 35 % MS, la valeur énergétique du maïs fourrage n’est pas à l’optimum.
Des outils d’aide à la décision
« À partir du stade floraison, il faut entre 550 et 700 degrés-jour (base 6-30°C), selon la précocité de la variété, pour atteindre le stade optimal de récolte plante entière… Cela représente de 45 à 70 jours selon les régions et le climat  », explique Michel Moquet, Ingénieur fourrage chez Arvalis-Institut du végétal. Des outils d’aide à la décision permettent à l’éleveur de mieux cibler sa date de récolte. Ces outils se basent sur le cumul de températures à partir de la floraison femelle. Taméo® par exemple, proposé par Arvalis et Météo-France, prédit la date de récolte à la parcelle, en fonction des données saisies par l’agriculteur (commune, variétés, date de semis) et des données météo. En saisissant dans l’application la date de floraison réelle, l’agriculteur  améliore la précision du calcul.
2019 : vers un rattrapage des stades après un démarrage poussif
Après des semis réalisés sur une période relativement étalée de mi-avril à mi-mai, le début de la campagne a été marqué par des températures inférieures aux normales. À la fin du mois de juin, avant la période de canicule, le cumul de températures valorisé par le maïs était nettement déficitaire, prédisant un retard sensible pour les floraisons. À ce jour, le retard initial est presque rattrapé et les conditions de ces prochains jours  seront déterminantes. Quelle que soit la région, il existe une diversité intra-régionale des dates de semis, d’autant plus importante que les semis ont été perturbés par la pluie. Cela veut dire qu’il faut visiter les parcelles au moment de la floraison pour en connaître la date précise. Le rendement et la qualité du produit récolté en dépendent.
Arvalis-Institut du végétal
Arvalis recommande de bien noter la floraison et a conçu une courte vidéo pour aider les agriculteurs.
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