Maïs semence : 2016 plutôt dans la fourchette basse

Pour les producteurs de semences de maïs rhônalpins, « l'année 2015 n'est pas à marquer dans les annales ». Le vice-président de leur syndicat (SPSMS) Jean-François Charpentier, l'a constaté en assemblée générale le 11 février à Etoile-sur-Rhône. Cette assemblée était placée sous sa houlette, le président Stéphane Desrieux ayant eu un souci de santé.
2015 n'a pas servi
Dans la région, 2015 a déçu à plusieurs niveaux. Le résultat technique moyen des maïs semences (à 93 % de l'objectif) s'est placé en dessous du résultat national (à 98 %). Les résultats économiques s'en sont ressentis. Ils ont aussi subi les répercussions d'un cours du maïs consommation bas. Et les résultats qualitatifs se sont révélés au dessous des attentes des semenciers, en général. « C'est accidentel, a remarqué Jean-François Charpentier sur ce dernier point. La période de castration s'est déroulée avec des températures diurnes supérieures à 40°C certains jours, dépassant 20°C certaines nuits et, en plus, avec du vent du sud, des ETP élevées. Sur certains secteurs, l'assurance multirisque climatique va remonter économiquement des situations qui auraient pu être catastrophiques. »
Les coups durs s'assurent
En termes d'assurance, la fédération de la production de semences de maïs et sorgho (FNPSMS) fait figure de précurseur en lançant un nouvel outil cette année. Il s'agit de l'assurance « coup dur » maïs semence (voir avec ce lien : http://www.agriculture-dromoise.fr/article,2015,12,11,assurance-coup-dur-mais-semence-une-premiere,fonds-de-solidarite,12101 ou dans l'Agriculture Drômoise du 10 décembre 2015). Ce dispositif est destiné à sécuriser la filière en cas de forte chute de rendement, quelle qu'en soit la cause. Il vient en complément de l'assurance multirisque climatique ou grêle-tempête et des caisses de risques. La franchise est fixée à 15 %, la base du capital garanti à 1 000 euros et le taux de cotisation à 0,762 % du capital garanti (7,62 euros l'hectare). Cette assurance aurait été déclenchée en Rhône-Alpes en 2015, si elle avait existé.
Rester optimistes
« Malgré la morosité ambiante, nous devons rester optimistes pour l'avenir, a confié le vice-président du SPSMS. La région est reconnue dans le secteur des semences. » Et de mettre en avant un réseau de producteurs rajeuni, étoffé, des installations globalement performantes... « Encourageons les semenciers présents dans la région à travailler en bonne intelligence pour gagner en compétitivité tous ensemble, a-t-il ajouté. Nous devons aussi leur rappeler que nous avons su répondre à leurs attentes en 2014 pour la mise en place de plus de 90 000 hectares en France. Nous ne devons pas être la variable d'ajustement tant au niveau économique que des surfaces. Un nouvel établissement semencier souhaite s'installer sur notre zone. C'est la preuve que nous intéressons. »
Côté perspectives 2016, 125 à 130 000 hectares de maïs semences sont annoncés dans l'Union européenne. En France, ce serait 60 à 65 000 hectares, c'est-à-dire une surface « plutôt dans la fourchette basse », a indiqué le président de l'AGPM(*) maïs semence, Pierre Blanc. Rhône-Alpes devrait se situer dans cette tendance.
Annie Laurie
(*) AGPM : Association générale des producteurs de maïs.
Maïs et sorgho semences en Rhône-Alpes
Maïs :630 producteurs en 2015 (690 en 2014) dont 332 en Drôme, 208 en Isère, 44 dans l'Ain, 25 dans le Rhône et 21 en Ardèche.
8 157 ha (11 227 en 2014) dont 3 842 en Drôme, 3 116 en Isère, 576 dans l'Ain, 480 dans le Rhône et 143 en Ardèche.
263 variétés multipliées.
Rendement moyen : 31,45 q/ha (34,22 en 2014).
Résultat technique moyen : 93 % (94 en 2014).
6 établissements semenciers : la Dauphinoise (40 %), Top Semence (35 %), Valgrain (14 %), Monsanto (10 %), groupe Bernard et société Laboulet (1 %).
Sorgho :
141 ha en 2015 (152 en 2014), 12 variétés multipliées. En moyenne, un rendement de 20,2 q/ha (23,56 en 2014) et un résultat technique de 82 %.
« La France jardin européen du maïs semence »

La technicité et l'adaptabilité de la filière française, la qualité de sa production (pureté variétale très stable) et sa fiabilité sont reconnues. Grâce à la diversité des territoires, sols et climats, elle peut produire tous types de variétés, des très précoces aux très tardives (1 860 en 2015 contre 250 en Hongrie et 180 en Roumanie). Ses rendements sont plus élevés et stables que ceux de ses principaux concurrents européens (3,2 t/ha contre 2,4 en Hongrie, 2,3 en Roumanie et 2 en Ukraine). En outre, elle est à proximité des marchés dominants comme l'Allemagne, l'Italie, l'Espagne... et relativement proche de marché émergents.
La filière française doit toutefois rester vigilante car son coût de production est élevé. Et, en Europe de l'Est, des établissements semenciers investissent, la technicité des producteurs augmente, les filières se structurent...A. L.