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Enseignement

Maisons familiales et rurales :" Former des citoyens responsables, engagés et bien dans leur tête "

Depuis le 24 août, Pierre Millet est le nouveau directeur du réseau des Maisons Familiales Rurales (MFR) d'Auvergne-Rhône-Alpes. En pleine période de crise sanitaire, le point avec lui sur ses ambitions pour les 74 MFR que compte notre région.
Maisons familiales et rurales :" Former des citoyens responsables, engagés et bien dans leur tête "


Quel est votre parcours ?
Pierre Millet : « Je travaille au sein du réseau des MFR depuis un peu plus de trente ans. J'ai d'abord été moniteur puis formateur. J'ai ensuite eu la chance de pouvoir me former au poste de directeur sur une période assez longue. Après plusieurs années, j'ai commencé à prendre des responsabilités de direction adjointe puis de direction un peu partout en France. J'ai passé huit ans en Gironde puis je suis retourné dans ma région d'origine, la Provence, pour prendre la tête d'une MFR. Pendant encore huit ans, j'ai dirigé la fédération régionale des MFR des Bouches-du-Rhône. J'ai ensuite connu une expérience de deux ans en Guyane. Je suis alors revenu à la fédération du Vaucluse puis celle de Provence. Enfin, il m'a été proposé de prendre la direction de la fédération régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes et j'ai pris mes fonctions le 24 août. »

Quels sont les principaux chantiers que vous avez aujourd'hui à gérer ?
P. M. : « Dans l'immédiat, nous travaillons sur un dossier qui s'impose à nous : la gestion d'une rentrée en mode dégradé. En contact régulier avec les autorités académiques, chaque établissement a proposé un plan de reprise d'activité. Nous réfléchissons au développement du distanciel mais l'enseignement en présentiel reste bien la base de notre pédagogie. Les élèves restent dans la même salle tout au long de la semaine et les internes sont regroupés entre classes pour éviter le brassage. L'avantage du système d'alternance est que seulement la moitié des jeunes sont présents en même temps. Au niveau des effectifs, ils sont plutôt stables. La filière des services à la personne est celle qui souffre le plus de cette crise, les structures restent encore méfiantes à accueillir des alternants. D'autres filières sont en stagnation comme le bâtiment. Mais pour certaines comme le travail paysager ou l'artisanat, les premiers signaux se révèlent encourageants. »

En quoi le réseau MFR est-il si important pour les territoires ruraux ?
P. M. : « Ce qui fait la grande particularité du réseau MFR dans le monde de l'enseignement, c'est son esprit associatif. Les MFR ont d'ailleurs un ancrage très fort dans l'économie sociale et solidaire, nous travaillons tout au long de l'année avec des associations et des collectivités territoriales. Grâce à des établissements de taille modeste, nous parvenons à tisser un lien solide avec l'ensemble des publics, que ce soit les jeunes, leurs familles mais aussi les professionnels. Au sein du réseau MFR, il ne s'agit pas simplement de former des professionnels. Nous voulons former des citoyens responsables, engagés et bien dans leur tête. Nous accueillons des jeunes qui peuvent être cassés par leur parcours initial et qui souhaitent toucher à du concret grâce à l'alternance. Nous accueillons aussi des adultes qui souhaitent se reconvertir dans des métiers manuels liés à la terre ou à la nature. »

Quelles sont les nouveautés à venir au sein du réseau régional ?
P. M. : « Cette année, les MFR ouvrent au total 49 formations en mixité de statuts. Ce sont principalement des formations qui étaient déployées en formation initiale scolaire et qui désormais seront également proposées en apprentissage. Cette nouveauté va permettre aux MFR d'entrer de plain-pied dans la réforme de l'apprentissage. Le réseau s'est également lancé dans la certification qualité nationale Qualiopi pour répondre aux exigences de la loi. Les audits se dérouleront cet automne et au printemps. Nous travaillons aussi à une labellisation RSE ISO 26000 avec le groupe Lucie. Cette labellisation devrait permettre de mettre en avant les orientations sociétales et les engagements associatifs forts des MFR. À la demande de la Draaf, nous travaillons à plus long terme à un diagnostic complet du fonctionnement de l'enseignement agricole. Notre projet est de parvenir à réorganiser notre offre de formation dans les cinq ans à venir. Nous voulons aussi optimiser le potentiel de chaque établissement en fonction des spécificités propres à chacun. »


Propos recueillis par Pierre Garcia