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Aviculture

Manifestation des producteurs d’œufs au siège de Carrefour

Environ une centaine d’agriculteurs étaient réunis le 11 février devant le siège d’un des géants de la distribution, Carrefour, à Massy (Essonne). Leur demande : la stricte application de la loi Egalim 2.

Manifestation des producteurs d’œufs au siège de Carrefour
Après l’action du 11 février, Carrefour s’est engagé à revaloriser le prix des œufs. © Actuagri

Répondant à l’appel de la FRSEA Pays de la Loire, de la FRSEA Bretagne, de l’Union des groupements de producteurs de viande de Bretagne (UGPVB) et de la Confédération française de l’aviculture (CFA), une centaine d’exploitants agricoles ont manifesté le 11 février devant le siège social de Carrefour à Massy.  Ils sont venus réclamer une revalorisation de deux centimes d’euros par œuf conventionnel et de cinq centimes d’euros par œuf bio « pour couvrir la hausse des charges ».

En plus de la mise aux normes de leurs bâtiments pour se conformer aux règles du bien-être animal, les producteurs d’œufs se retrouvent comme de nombreux agriculteurs, confrontés à une importante hausse des charges. Au premier rang desquelles celle de l’énergie et de l’alimentation. Ce dernier poste représente les deux tiers du prix de revient de l’œuf. Il a subi une augmentation de 32 % sur les quinze derniers mois. La CFA s’en était déjà émue fin janvier : « Les producteurs d’œufs sont au bord du gouffre. Une revalorisation urgente des prix de vente est indispensable ! » avait-elle alerté.  L’association spécialisée de la FNSEA n’avait pas hésité à dénoncer les enseignes qui ne voulaient pas tenir compte de la Loi Egalim 2 qui doit prendre en compte le coût de production pour constituer le prix final en marche avant. La CFA avait alors pointé du doigt « Auchan, Carrefour, Casino et Aldi », jugeant leur attitude « irresponsable et inacceptable ».

Indice Itavi

Après avoir jeté quelques œufs sur la façade du siège social de Carrefour, une délégation de producteurs a été autorisée à fendre le cordon imposé par le service d’ordre et pour s’entretenir avec les dirigeants de Carrefour. La réunion s’est déroulée dans un climat « très cordial » selon le groupe, un peu plus « tendue » selon les représentants des producteurs. Les deux parties en présence ne sont d’ailleurs pas parvenues à s’entendre sur la date à partir de laquelle la hausse des charges doit être prise en compte. Pour Carrefour, c’est « l’indexation automatique trimestrielle de l’indice Itavi » qui doit faire foi. Les producteurs ne s’y opposent pas mais souhaitent que le point de départ, soit fixé à partir de l’indice du mois d’août 2020. Un accord a cependant été trouvé. Carrefour s’est engagé sur une revalorisation des prix sur 70 % de ses volumes en marque de distributeur (MDD) mais sans préciser le montant.

Les éleveurs restent cependant inquiets face à  cette situation car aucune baisse du prix des matières premières n’est à attendre dans les mois qui viennent. Les producteurs d’œufs biologiques doivent en plus appliquer, depuis le 1er janvier, une nouvelle réglementation plus contraignante (lire encadré), dont l’impact un impact financier a été chiffré par l’Itavi à + 15 % du coût de production actuel. Beaucoup d’éleveurs craignent de ne pas pouvoir passer l’année.

Christophe Soulard (Actuagri)

Après l'action des producteurs, Carrefour «s'engage à revaloriser» les prix 

Après l'action des producteurs d'œufs devant son siège, dans la matinée du 11 février, Carrefour s'est «engagé sur une revalorisation des prix et une indexation automatique sur l'indice trimestriel Itavi» (alimentation animale), indique l'enseigne. En proie à une flambée du prix de l'aliment depuis plusieurs mois, les producteurs demandent 2 centimes d'€ par œuf conventionnel et 5 ct d'€ en bio. Carrefour n'a pas communiqué l'ampleur de la revalorisation attendue (encore en cours de discussion) et une nouvelle rencontre est prévue cette semaine.

«On a déjà trouvé un accord sur 70% de nos volumes, qui correspondent aux marques distributeurs, précise-t-on chez Carrefour. Il reste à trouve un accord sur les marques nationales, qui représentent les 30% restants.»

«Nous demandons que l'indexation soit basée sur le niveau d'août 2020», indique Anthony Salmon, de la FDSEA de Mayenne, qui a fait partie de la délégation reçue par la direction de Carrefour. Entre août 2020 et janvier 2022, l'indice Itavi des matières premières pour l'aliment poules pondeuses a augmenté d'environ 39%.

Oeufs bio : les nouvelles règles depuis le 1er janvier 2022

Auparavant prévu pour le 1er janvier 2021, l’application du nouveau cadre européen pour la production d’œufs biologiques est effective depuis le 1er janvier 2022. Elle avait été repoussée en raison du Covid. Les producteurs doivent dorénavant respecter les (principales) règles suivantes : un plafond de 10 000 poulettes par compartiment ; une densité intérieure maximale de 21 kg/m2 de surface utilisable ;  l’obligation de perchoirs ou plateformes (10 cm/poulette) ; un espace de plein air d’au moins 1 m2 par poulette dès le plus jeune âge et pendant au moins un tiers de la vie de la poulette ; Le recours à un organisme certificateur ; une alimentation bio (95 % minimum) ; la limitation des traitements vétérinaires. Au plan français, un guide de lecture a été rédigé par l’Inao.