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Pratiques culturales

Méteil, un fourrage à tester

Le méteil est une culture annuelle, mélange de céréales et de protéagineux. Selon la composition du mélange et la date de récolte, le rendement et la valeur alimentaire varient beaucoup.
Méteil, un fourrage à tester

Les éleveurs qui veulent diversifier leur assolement, augmenter la production de protéines, sécuriser leur bilan fourrager peuvent tester la culture de méteil, mais ils doivent choisir une composition adaptée à leur exploitation et à leurs objectifs.
Le méteil nécessite peu d'intrants : pas de désherbage ni de fongicide et une dose modérée en fertilisation azotée. Les captages du Mottier, Faramans et Ornacieux mènent une animation depuis trois ans pour favoriser le développement de cette culture.

Méteils « sécurité stock », une expérimentations Pep

Depuis 15 ans dans la Drôme et l'Isère, les expérimentations du Pep (Pôle d'expérimentations et de progrès) ont permis de trouver un mélange qui sécurise les stocks : une céréale tuteur, le triticale, un deuxième tuteur en mai avec l'avoine et la combinaison de deux protéagineux, vesce commune et pois fourrager, qui ramifient beaucoup et s'appuyent sur les céréales.
Les avantages de ce méteil « sécurité stock » : rendement régulier, élevé avec coupe tardive de début juin en coupe directe (9 à 13 T MS) ; un fourrage qui fait ruminer ; pas de verse car les céréales sont de bons tuteurs ; une récolte en mai qui permet d'installer une deuxième culture.
Mais ces méteils fourrages ont un inconvénient, ils sont « pauvres » : faibles en énergie et en azote, ils conviennent bien aux animaux à besoins modérés (animaux en fin de lactation ou en phase de tarissement, femelles de renouvellement) ou alors ils doivent être rationnés et servir uniquement de fibres (1 à 2 kg de MS par vache et par jour). Tableau 1

Méteil protéique pris en photo le 18 avril.

Autonomie en azote : des mélanges testés en Isère

Les expérimentations du Pep Bovins lait menées en 2017, 2018 et 2019 montrent qu'il est possible de faire un méteil plus digeste et plus riche en protéines, en incorporant davantage de protéagineux au semis et en récoltant plus tôt. Le rendement est plus bas (4 à 7 t de MS) mais la teneur en MAT est élevée.
Deux méteils protéiques expérimentés ont donné satisfaction. Le Pep précoce, avec moins de tuteur, ce méteil bovins est un « sécurité stock » avec davantage de protéines. Il doit être récolté plus tôt (première quinzaine de mai). Il reste toutefois avec des valeurs moyennes en MAT. Le second est le méteil protéique « Lyonnais » : constitué quasi exclusivement de protéagineux et où la féverole sert de tuteur à la place du triticale.
Une troisième option à tester en 2020 : incorporer un peu de triticale (10 kg/ha) pour réduire le salissement et réduire la dose de pois en s'appuyant sur deux variétés qui donnent satisfaction en Isère (Assas et Arkta). Tableau 2

Méteil semé tard (photo du 13 mai).

Résultats encourageants dans les captages prioritaires

Plusieurs exploitations bovins des captages prioritaires du Mottier, Faramans et Ornacieux ont cultivé du méteil en 2018. La récolte en 2019 confirme l'intérêt de cette culture : un rendement correct en coupe précoce (6 mai pour les exploitations 1 et 2) et des teneurs en MAT cohérentes avec la composition au semis et le niveau de fertilisation azotée de la parcelle.
L'exploitation 1 a comparé deux types de méteil « sécurité stock » : un méteil comparable aux références Pep établies il y a 15 ans, et le méteil Pep précoce du captage du Mottier. Ce méteil a donné moins de rendement ( 6 t de MS) mais sa valeur en protéines est très intéressante (19,4 % de MAT). Le méteil « sécurité » avec sa forte proportion de céréales a atteint malgré tout une valeur correcte (15,4 % de MAT) grâce au niveau de fertilisation (120N) et à la coupe précoce.

L'exploitation 2 a fait un méteil protéique inspiré du mélange « Lyonnais » avec un peu de triticale (20 kg). La aussi, succès de la culture pour la récolte du 6 mai 2019 : + 6 t de MS/ha et une teneur de 19 % de MAT avec seulement 60N/ha.

L'exploitation 3 a semé très tard le méteil. Il accusait un retard important sur les deux autres exploitations. Toutefois, cette culture a un potentiel de rendement important. La pousse de mai a permis d'atteindre un bon rendement avec une coupe, tardive (6 t de MS le 27 mai) mais avec une teneur en MAT un peu plus faible (16,1 %).
L'opération « méteil » a confirmé l'intérêt de cette culture et le retour des éleveurs est bon. Trois points de vigilance :
- pour la qualité de l'ensilage, utiliser un conservateur homofermentaire, pour le choix des espèces.
- La vesce velue intéressante en coupe précoce ne doit être ni semée dans le méteil grain (graine toxique pour les petits ruminants), ni dans les récoltes très tardives car elle ramifie énormément (tiges de plus de 3 m de long).
- Attention au choix des variétés, dans des expérimentations d'Auvergne-Rhône-Alpes en 2019. Des triticales ont souffert de l'oïdium (Vuka) ou de la rouille jaune (Talentro), ce qui a limité leur rôle de tuteur et leur côté « sécurité stock ». Choisir une variété résistante aux maladies et qui produit de la paille.
Pour les semis 2019, l'essai de méteils dans les zones de captage sera reconduite avec aussi de la semence de pois fourragers dans les méteils grain.

 

Jean-Pierre Manteaux, conseiller à la chambre d'agriculture de la Drôme et de l'Isère