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Energie renouvelable

Méthanisation agricole : se poser les bonnes questions dès le début

De nombreuses raisons peuvent pousser des exploitants agricoles à se lancer dans la méthanisation. Il n’y en a pas de meilleures que d’autres, l’important est d’être clair avec ses objectifs et de ne pas les perdre de vue pendant l’élaboration du projet.
Méthanisation agricole : se poser les bonnes questions dès le début

Une quinzaine d'unités de méthanisation agricole sont en fonctionnement aujourd'hui en Rhône-Alpes. Quinze unités et autant de projets et d'objectifs différents ! Pour Méthanéa, dans l'Ain, l'objectif était de diminuer les nuisances olfactives de ses épandages de lisier de porc et de gagner en autonomie énergétique et en fertilisation au niveau de l'exploitation, tout en développant une nouvelle activité économique. Pour d'autres, il s'agira de gérer autrement les effluents ou encore de créer un emploi pour l'installation d'un jeune. Selon l'objectif initial et le contexte, ce ne sera pas le même projet qui sera développé.
Bien définir ses objectifs
La première question à se poser est la raison pour laquelle on veut se lancer dans la méthanisation. Diversifier l'activité ? Créer un emploi ? Gérer ses effluents différemment ? Déléguer les épandages ? Régler une problématique de mise aux normes ? Gagner en autonomie sur l'exploitation ? Créer une activité innovante ?
Une fois le ou les objectifs clairement posés, il ne faudra pas les perdre de vue tout au long de l'élaboration du projet. En effet, monter une unité de méthanisation peut être long et complexe. Aussi, ne faut-il pas perdre en cours de route les raisons qui ont poussé à se lancer dans cette nouvelle activité. Cela garantira que l'unité qui verra le jour correspondra bien aux souhaits. A noter, la clarification des objectifs et attentes de chacun est primordiale pour la pérennité d'un projet collectif.
Des questions à se poser dès le départ
Poser les objectifs est la première étape indispensable. Mais tout de suite après viennent d'autres questions qui vont directement impacter la configuration du projet. Quel est le temps disponible pour gérer l'unité ? Faut-il prévoir de la main-d'œuvre supplémentaire ? Monter un projet de méthanisation demande du temps. Gérer l'unité au quotidien en demande également, très variable selon la complexité de l'installation et de l'approvisionnement. Ce temps est souvent sous-estimé, il est donc important de bien le prendre en compte, en particulier la première année où il faut prendre en main l'outil.
Est-on prêt à faire un projet à plusieurs ou veut-on gérer seul son projet ? Un projet collectif est plus complexe et souvent plus long à monter. Mais seul il sera plus difficile d'atteindre le seuil critique de rentabilité économique et il faudra davantage de produits extérieurs.
Quels sont les intrants disponibles ? Quel type de produit veut-on gérer (ou ne pas gérer) ? Les déchets extérieurs sont souvent davantage méthanogènes et permettent parfois de consolider un projet. Mais gérer des déchets est un autre métier et la pérennité de ces approvisionnements n'est pas garantie.
Comment le gaz sera valorisé ? En cogénération ou par injection dans le réseau ? Chacune de ces solutions a ses contraintes. Mais il faut savoir que, si on veut valoriser le gaz par injection dans le réseau, cela impliquera une taille minimale d'installation quatre fois plus élevée qu'en cogénération (50 Nm3/h minimum, soit l'équivalent de 200 kWe, contre 50 kWe minimum en cogénération).
Quelle sera la valorisation du digestat et quelle quantité peuvent accueillir les surfaces d'épandage disponibles ? Dans certains cas, ce sont ces surfaces qui limiteront la taille de l'unité.
Par ailleurs, de nombreux projets de méthanisation ont des soucis d'acceptabilité par le voisinage, sans pour autant que les critiques soient toujours fondées. L'état initial des relations avec le voisinage peut donner une indication sur les actions de communication et de concertation à mettre en place pour faciliter l'acceptation du projet par l'ensemble des acteurs du territoire.
La prise en compte de l'ensemble de ces éléments et questions vont donner des indications sur la configuration du projet et sur la façon de le mettre en place. 
Vincent Caussanel, chargé de mission énergie, chambres d'agriculture de Rhône-Alpes

 

 

Projet de méthanisation à la ferme /
Se faire accompagner pour aider la réflexion
Pour vous aider à faire le tour des questions importantes et en déduire les choix à faire, il est important, d’une part, de visiter diverses unités de méthanisation pour voir plusieurs solutions techniques et échanger avec les exploitants. D’autre part, il est important de bien s’entourer. Le réseau des chambres d’agriculture, avec leurs partenaires du pôle biomasse énergie, accompagne les porteurs de projets dans cette première étape qui consiste à défricher le projet. Au fur et à mesure de son avancement, est ensuite apporté un appui. L’étude de faisabilité, réalisée par un bureau d’étude indépendant, doit élaborer un projet répondant aux objectifs des exploitants, pour mettre à plat les questions que cela soulève et proposer des solutions.
Ensuite, pour concrétiser le projet, le constructeur devra proposer des solutions techniques adaptées, fiables, répondant aux objectifs fixés au départ. Il est donc important de rencontrer et consulter plusieurs constructeurs et d’aller visiter des unités en fonctionnement gérant le même type d’intrants afin de vérifier que les solutions techniques proposées correspondent bien aux attentes.
Dans tous les cas, un projet de méthanisation reste complexe. Mais une unité bien réfléchie est une unité qui fonctionnera de manière performante et répondra aux attentes du porteur de projet. 
Contact à la chambre d’agriculture de la Drôme : Olivier Thiercy, conseiller énergie Drôme–Ardèche (tél : 04 75 70 89 97 – 06 33 25 27 64 – mail : [email protected]