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Réseaux sociaux

Mieux communiquer sur le net

Les interprofessions organisent des formations sur les réseaux sociaux à destination des agriculteurs pour leur apprendre à maîtriser ces outils.
Mieux communiquer sur le net

Comment bien se vendre sur les réseaux sociaux ? Quelle stratégie adopter face à la forte mobilisation des associations militantes ? Les interprofessions se posent la question et tentent d'y répondre. Depuis cinq ans, le Criel Sud-Est et Interbev Rhône-Alpes organisent des formations ciblées sur la communication virtuelle. « En réalité, cela fait plus de vingt ans que nous accompagnons les agriculteurs dans la prise de parole en public. Aujourd'hui, ils ont un nouveau cap à passer », explique Christine Rousset, responsable de la communication des interprofessions lait et viande. Avec Ségolène Duffy, chargée de mission, elle est à l'origine de l'organisation d'une formation sur les réseaux sociaux le 27 mars dernier, à Agrapole à Lyon.

Veille sur la filière

Mathieu Grange, éleveur laitier de 32 ans installé dans l'Ain, y a participé pour parfaire ses connaissances. Depuis cinq ans, il utilise Facebook avec son compte personnel pour communiquer positivement sur son activité. Pendant la formation, il a créé un compte Twitter. « C'est un outil qui demande d'être très réactif. Je suis des politiques et des responsables dont je partage les tweets, ça me permet de voir ce qu'il se passe en direct », explique-t-il. Utile aux professionnels pour ne louper aucune information importante, Twitter permet à Mathieu d'effectuer une sorte de veille quotidienne sur l'actualité de sa filière. Sur Facebook, plus ludique et personnalisable, « je partage plutôt des belles photos de la vie de mon exploitation et des vidéos informatives. L'idée c'est de montrer qu'on ne fait pas que des mauvaises choses en agriculture », reprend Mathieu. Un vêlage réussi, des vaches qui partent au prés pour la première fois de l'année, un veau bouclé « sans souffrance ». C'est le genre d'images que cet éleveur souhaite véhiculer face notamment à la parole des associations militantes « très présentes et malfaisantes à notre égard sur les réseaux sociaux », regrette l'éleveur. « J'accompagne toujours mes photos d'une explication », précise-t-il.

Répondre aux attaques ?

De la création d'un profil ou d'une page Facebook à la mise en ligne de contenus, les formations proposées par le Criel Sud-Est et Interbev Rhône-Alpes ont pour objectif d'accompagner les agriculteurs vers une communication plus large. « En somme, on les aide à trouver la bonne utilisation des réseaux sociaux pour chaque cas de figure », reprend Christine Rousset. Faut-il réagir, par exemple, à une attaque publique ? De quelle manière ? « Il n'y a pas de réponse toute faite mais nous conseillons de ne pas y prêter attention. Cela ne sert à rien, sauf à envenimer encore plus la situation », explique-t-elle. « Je ne me suis jamais fait attaquer personnellement mais je m'engage de manière générale à ne pas rentrer dans des discussions politiques. La violence verbale ne m'intéresse pas », réagit l'éleveur. Si, comme lui, certains agriculteurs sont particulièrement actifs sur Internet, le « réflexe réseau social » n'est encore pas totalement intégré pour la plupart des agriculteurs. « C'est pourtant simple et rapide si on est bien organisé », résume-t-il. Mathieu a d'ailleurs trouvé une astuce pour rendre son profil Facebook encore plus attractif : des jeux concours qui consistent à trouver le nombre de vaches dans l'aire d'attente ou encore la superficie d'une de ses parcelles. Une communication ludique mais appréciée par les internautes, surtout par le gagnant. À la clé, une idée plutôt astucieuse : « Un apéro offert à la maison ». Certainement la méthode la plus efficace pour continuer à faire parler de lui grâce au bouche-à-oreille. 
Alison Pelotier

 

Information : la presse agricole, une valeur sûre

Alors que la défiance envers les médias s’accentue d’année en année, la presse spécialisée, elle, fait l’unanimité. Selon une étude réalisée en 2016 par l’Ifop pour le FNPS, Fédération nationale de la presse d’information spécialisée, 92 % des lecteurs la considèrent crédible et fiable.
Le SNPAR, syndicat national de la presse agricole et rurale, a mené une enquête sur 17 titres régionaux dont l’Ain Agricole, l’Avenir Agricole de l’Ardèche, Terre Dauphinoise, le Jura Agricole, l’Information agricole du Rhône et l’Exploitant agricole de Saône-et-Loire. Pour la plupart des lecteurs (70 %), la presse agricole et rurale est appréciée pour sa proximité avec ses lecteurs. Elle est également jugée facile à comprendre (58 %), concrète et fiable, ce qui en fait un véritable outil de travail (60 %).
Pédagogie et précision

« Pratique », « concrète », « proche », « enracinée », « empathique ». Voici les mots utilisés par les sondés pour décrire la presse agricole. Face à une information qui va de plus en plus vite, elle bénéficie d’une « image de sérieux », selon André Dremaux, président du SNPAR. « Le monde agricole a un fonctionnement complexe qu’il faut être en capacité d’expliquer. Les journalistes spécialisées ont un rôle pédagogique très important », explique-t-il. S’ils s’adressent plus particulièrement aux acteurs du monde agricole, « ils doivent apporter des réponses précises à tous leurs lecteurs potentiels ». Et d’ajouter : « La société se questionne. Elle a des exigences en matière de qualité, d’environnement et ne comprend pas toujours les agriculteurs. Nous sommes là pour lui donner des clés de lecture ». Pour cela, une bonne dose de vulgarisation est indispensable car les sujets peuvent parfois être très techniques et difficiles à retranscrire. Autre point à maîtriser : la précision de l’information. « Il y a une logique de complémentarité entre la presse généraliste et la presse spécialisée. On n’est pas là pour cacher des informations mais pour en rajouter et être le plus exhaustifs possible », précise André Dremaux, également directeur du nouveau journal agricole Terres et territoires, basé à Lille.
Une question d’image

Si les journalistes généralistes travaillent de plus en plus dans des conditions de rapidité et de productivité, les spécialisés ont, de manière générale, plus de temps pour creuser l’information.  L’étude citée plus haut montre qu’elle est « la seule à proposer des réponses locales ». « La meilleure solution pour savoir avant d’agir », elle serait même « indispensable aux professionnels ». Quant aux réseaux sociaux, les journaux agricoles s’interrogent sur une utilisation appropriée. « On ne peut pas être absents. C’est une question d’image, sinon on perd sa place », ajoute André Dremaux. Dans un flux perpétuel d’informations diffusées et partagées en un seul clic, reste à trouver le bon modèle économique et accrocher ces jeunes moins fidèles au journal papier. « Le numérique nous donne plein de possibilités. À nous de faire les bons choix ! ». 
A. P.