Mieux répartir la richesse au sein de la filière maïs semence

Stéphane Desrieux, le président du SPSMS Rhône-Alpes, a tiré la sonnette d'alarme. « Les contraintes techniques appartiennent à l'histoire de la production de semences mais jusqu'à quel point pouvons-nous les accepter si nous n'avons pas une carotte de prix suffisante ? En Rhône-Alpes, le prix de l'irrigation creuse la différence par rapport à d'autres régions sur nos performances technico-économiques. Nous devons revendiquer auprès des semenciers un meilleur prix global de façon à tenir compte du prix de l'eau qui doit être revalorisé de façon juste. » À noter, l'indice de performance (rendement moyen par rapport au rendement objectif défini par les semenciers) réalisé dans cette région en 2017 atteint 100,83 % contre 105 % au niveau national.
Chercher de la valeur
La revendication du président s'inscrit dans une réflexion plus globale sur l'évolution de la filière : « Nous avons des acquis à ne pas laisser filer, nous devons aller chercher une valeur à l'hectare, pas des surfaces ! L'année 2014 durant laquelle la production française a atteint un pic de 93 500 ha en France et 11 380 ha en Rhône-Alpes a eu des effets catastrophiques. Il convient de revenir à la logique de progression de la filière depuis sa création. En 2018, nous pourrions viser un programme national de 60 000 ha, ce n'est pas intenable si la logique économique est revue et si la richesse est mieux partagée ». Dans cette filière très organisée depuis sa création, le message des États généraux de l'alimentation trouve un fort écho. L'actualité est pour les producteurs de trouver une meilleure rentabilité à l'hectare grâce à une meilleure répartition des marges de la filière. L'intervention de Stéphane Desrieux a fait suite à celles d'agriculteurs multiplicateurs se désolant de voir le réseau fondre depuis 2014, année durant laquelle ils ont dû répondre à une demande « surfaite » des semenciers, et appliquer des protocoles de plus en plus compliqués. Parmi les producteurs, les discussions sont graves : jusqu'à quel point faut-il refuser l'innovation ? La baisse des surfaces et la diminution du nombre de producteurs est-elle inéluctable ?
Assurance et coût du travail
La situation régionale n'est guère plus difficile que celle vécue au niveau national a rappelé Pierre Blanc, président d'AGPM maïs semence, qui effectue en 2018 son dernier tour des régions avant de quitter ses fonctions. S'il tient à rappeler que la France est le premier producteur européen et premier exportateur mondial de semences de maïs, il convient que la situation n'est pas brillante depuis trois ans. « Dans l'Union européenne (UE), les stocks demeurent élevés même si la situation s'assainit et la baisse des surfaces en France est sensible. Il est important que la production française reste entre 45 et 50 % de celle de l'UE. » Selon lui, la production s'avère moins rentable, des dépôts de bilan ont eu lieu, il est donc capital d'améliorer le produit brut des agriculteurs. Durant cette assemblée, il fut aussi question d'assurance. Les producteurs de maïs auraient perdu de leur confiance dans ces produits, d'autant plus que l'accès aux subventions s'avère difficile. Si un espoir se montre avec le règlement européen Omnibus prévoyant que les subventions pour l'assurance récolte puissent atteindre 70 % des coûts, la mise en œuvre choisie par la France n'ira peut-être pas dans ce sens.
Autre préoccupation soulignée par Nicolas Montepagano (AGPM maïs semence) : la probable augmentation du coût du travail saisonnier résultant de la disparition du CICE remplacé par une exonération de charges patronales pour tous les salariés. Cette difficulté va s'ajouter aux nouvelles contraintes imposées pour les déclarations mensuelles à la MSA, qui vont pénaliser le travail saisonnier indispensable en agriculture à un moment où les contrats courts sont dans le collimateur, comme l'a indiqué Anne-Claire Vial, présidente de la chambre d'agriculture de la Drôme et d'Arvalis.
Louisette Gouverne
Maïs et sorgho semence
La production en Rhône-Alpes en 2017
- Les emblavements de maïs et sorgho ont atteint 5 076 ha, dont 3 830 de maïs fertile et 7 de sorgho.- Le réseau compte 523 producteurs, dont 317 dans la Drôme (690 en 2014).- La surface moyenne par exploitation est de 9,7 ha en Rhône-Alpes (14,2 dans le Rhône, 10,9 en Isère, 9,9 dans l’Ain, 9,2 dans la Drôme).- 225 variétés ont été multipliées contre 296 en 2014.- Le rendement moyen est de 36,52 q/ha (37,28 q/ha en maïs fertile ; 27,25 q/ha en maïs stérile ; 40,5 q/ha pour le sorgho) contre 39 q/ha en 2016.- Pour le maïs fertile, le produit brut est de 3 952 €/ha et 2 254 €/ha pour le sorgho (montants nets de semences de base et transport mais comprenant un avenant qualité théorique maximum - source semenciers).- Les principaux opérateurs de la filière sont Top Semence (41 % de la production), Groupe Dauphinoise (26 %), Monsanto et Valgrain (14 % chacun). Outils d’information- Le SPSMS édite chaque mardi de mi-juin au 15 août des bulletins techniques envoyés par courriel à ses adhérents. On y trouve des informations sur les suivis de vols des ravageurs par site, les résultats d’essais, le climat, des conseils de saison, des informations réglementaires…
- L’AGPM recommande aux producteurs de télécharger sur leur portable l’application Maïs Connection ; celle-ci apporte des informations sur les cours du maïs en France et Europe, les grandes tendances des marchés, des données sur la protection contre les ravageurs, la Pac et la certification, etc.