Mini-entreprise, maxi enthousiasme

Si vous êtes de ceux qui ne croient pas en la jeunesse, il fallait aller au salon régional des mini-entreprises, à Grenoble le 18 mai. 85 d'entre elles présentaient chacune un stand au rez-de-chaussée d'Alpexpo. Et là, l'imagination des élèves n'avait comme limite que leur enthousiasme. Prenez ces porte-revues, porte-bouteilles ou porte-épices à 9,99 euros (un prix très étudié) fabriqués par la mini-entreprise Pawateck à partir de palettes recyclées. Ou bien le Vid'T'Posh, objet métallique permettant de se délester du contenu de nos poches, dans la cuisine, au bureau, à l'atelier « ou même la salle de bain », insiste le flyer. Au prix imbattable de 10 euros, made in France. Il y a aussi le Mug'else, un petit clin d'œil pour le nom à l'idole de cinéma et de la publicité. Un objet cependant de conception très humanitaire : il s'agit d'un bandeau de laine destiné à envelopper les muggs brûlants sans crainte pour les doigts de l'utilisateur. L'originalité ? L'objet inventé par les élèves d'un lycée de la Roche-sur-Foron a été tricoté par les mains expertes des pensionnaires d'une maison de retraite proche, qui ont trouvé là une occupation bénévole et l'occasion d'un contact avec des jeunes. Et vice-versa. Les bénéfices réalisés seront versés à l'association Princesse Margot qui aide la recherche en matière de cancers pédiatriques.
Marché ciblé
N'oublions pas non plus la présence du lycée agricole du Valentin, avec une classe de BTSA 1ère année production alimentaire et boissons, venue présenter deux cartons, regroupant pour l'un des produits transformés mais locaux au nom humoristique, pour l'autre des produits en circuit court et bio. « Notre étude marché nous a permis de dégager que les consommateurs souhaitaient des produits faciles à stocker, donc non périssables, explique Maxime Aubanel, le « directeur » de la mini-entreprise. Et que le tout ne devait pas dépasser 20 euros. » Se plaçant délibérément comme intermédiaire entre le fabricant et le consommateur, l'entreprise a négocié les prix avec chacun des fournisseurs pour pouvoir proposer elle-même un prix de 19 euros.
Pédagogie active
Les 16 élèves sont partis de zéro. Il leur a fallu tout créer. Le concept du produit qu'ils voulaient mettre sur le marché, l'entreprise et ses différents services. Ils ont dû proposer une lettre de candidature (CV et lettre de motivation) à un jury de vrais professionnels (notamment des représentants de Lorifruit et des Ravioles Saint-Jean) avec une partie en anglais, pour être embauchés dans leur propre mini-entreprise. Tout cela sous l'œil et la conduite attentive de Véronique Figeac, professeur d'économie de l'entreprise au sein du lycée. « Il s'agit de pédagogie active, s'enthousiasme la jeune femme. Une partie du programme est réalisée grâce à la création de cette mini-entreprise. » Un travail de préparation et d'encadrement important pour les enseignants mais motivant pour les élèves, « même si pour eux, l'heure c'est l'heure et que cette motivation s'arrête très vite sitôt la sonnerie retentie ». Mais c'est la deuxième édition à laquelle elle participe et qui commence à attirer l'attention de ses collègues au sein de l'établissement. Un motif de satisfaction de plus.
Jean-Marc Emprin
Troisième édition en Rhône-Alpes
« Il s'agit de la troisième édition en Rhône-Alpes, explique Fabienne Crozier, chargée de communication de l'association Entreprendre pour apprendre, organisatrice de l'événement régional à Grenoble. Cette année encore nous assistons à une édition dans chacune des deux anciennes régions, Rhône-Alpes et Auvergne. L'an prochain, elle devrait être centralisée à Lyon, pour les trois académies concernées. »Cette association a pour vocation de créer des passerelles entre le monde de l'éducation et celui des entreprises. « Les mini-entreprises sont créées au cours de 60 heures de pédagogie appliquée. Elles sont en partenariat avec des entrepreneurs, parrains des classes volontaires, qui leur apportent la touche de réalité nécessaire. »
187 mini-entreprises ont vu le jour cette année dans la nouvelle grande région, dont 142 dans la partie Rhône-Alpes. 85 d'entre elles ont fait le déplacement à Grenoble. Les lauréates iront au championnat national.