Mobisol26, du covoiturage solidaire et rural
Unique en France, le projet Mobisol26 est un réseau de transport solidaire, basé sur la création de lien social, d’accompagnement et d’entraide, à destination des personnes isolées vivant en milieu rural. Depuis le printemps dernier, trois territoires tests ont été sélectionnés : le nord de la Drôme, les Baronnies et le Diois.

Mobilité et solidarité dans la Drôme. C’est le cœur du projet Mobisol26, né à l’issue d’un appel d’offres lancé par la région Auvergne-Rhône-Alpes dans le cadre du programme PEnD-Aura+ piloté par l’agence AUREE*. Ce programme a pour objectif d’apporter une réponse innovante à la mobilité, visant à réduire les impacts des déplacements sur les territoires de la région, en tenant compte des enjeux socio-économiques.
Cette plateforme de mobilité solidaire, développée par Mobicoop à l’image d’un covoiturage libre sans commission, est en phase d’expérimentation sur trois territoires drômois. « Le département de la Drôme, qui détient la compétence Solidarité, a ciblé les territoires ayant le plus besoin de soutien au niveau des transports », explique Salim Drouby, coordinateur du projet, et consultant mobilité au sein du cabinet MIC Mobility. « A terme, nous souhaitons créer une offre mobilité pour les personnes isolées en milieu rural, et pouvoir répondre à toutes les demandes », note Salim Drouby.
Ainsi, la phase de test s’étend sur le nord de la Drôme (vallée de la Galaure en particulier), les Baronnies et le Diois, des territoires où la ruralité est forte et les alternatives de transport sont faibles, voire inexistantes. « Notre but est de compléter l’offre de transports et non pas se substituer aux transports en commun », signale-t-il avant d’ajouter : « Dans le futur, notre souhait est de pérenniser l’outil dans la région Auvergne-Rhône-Alpes et de l’étendre dans l’ensemble des territoires ruraux en France », signale-t-il.
Tisser du lien social
Pour l’heure, l’objectif est de faire connaître ce réseau afin d’atteindre la barre des 600 personnes, conducteurs bénévoles et bénéficiaires confondus. Cette plateforme solidaire s’adresse aux personnes isolées ou fragilisées (personnes âgées, demandeurs d’emploi, travailleurs en réinsertion professionnelle, etc.). Mais le défi reste de taille : trouver des conducteurs bénévoles pour véhiculer, sur de courts trajets (courses, rendez-vous médicaux, entretien professionnel, formation, etc.) ces personnes dépourvues de moyens de transport. « Nous sommes continuellement en recherche de bénévoles pour pouvoir répondre à tous les besoins et éviter une saturation », poursuit le coordinateur. Pour l’instant, Mobisol26 fonctionne avec une cinquantaine de bénévoles répartis sur les trois territoires, après trois mois de mise en service. Les conducteurs accompagnants sont défrayés à hauteur de 20 à 30 centimes au kilomètre.
Pour coordonner la mise en relation entre conducteurs et bénéficiaires, le cabinet MIC Mobility, pilote du projet, s’est entouré de structures accompagnatrices locales. Dans le nord Drôme, à Hauterives, la Cooperie, une association d’échange, avait déjà comme vocation d’être au service des habitants de la vallée de la Galaure. Dans les Baronnies, à Nyons plus précisément, les échanges se font au sein d’un centre social « Le Carrefour des habitants ». Enfin, dans le Diois, c’est l’espace socio-culturel du Diois (ESCDD) qui s’occupe de faire le lien. Pour mener à bien ce service de transport solidaire, chaque structure choisit son modèle économique pour les bénéficiaires. Cela peut aller de deux euros le trajet à une cotisation de dix euros par an. « Cela reste généralement des montants symboliques », stipule Salim Drouby.
Remettre l’humain au cœur des préoccupations
« Nous avons choisi de travailler avec ce type de structures pour garantir un lien humain et social et veiller à ce que tout se passe bien », souligne Salim Drouby. Le projet Mobisol26 souhaite avant tout inciter à l’entraide et à la solidarité, et redonner une place de choix à l’humanité.
Philippe Michel, chargé de la mobilité solidaire au sein de l’espace social du Diois, est très attaché à ces valeurs. Investi sur ces questions d’entraide, il a immédiatement accepté la proposition de partenariat avec Mobisol26. « Nous proposions déjà ce type de services dans le Diois, plus particulièrement à Die et à Luc-en-Diois, aux personnes âgées, aux personnes en situation de handicap, aux jeunes non véhiculés, etc. », explique-t-il. C’est donc dans la continuité que ce projet expérimental se met peu à peu en place. En tant que conducteur accompagnant, Philippe Michel apprécie les échanges et les relations qu’il peut nouer avec les personnes dans le besoin. Une belle image de solidarité qui fait plaisir à voir en 2021.