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Alliculture

Moins d'ail qu'en 2017 mais plus beau

La saison de commercialisation de l'ail a démarré. Le point sur la campagne avec Stéphane Boutarin, président de l'association des producteurs d'ail de la Drôme (Apad).
Moins d'ail qu'en 2017 mais plus beau

Stéphane Boutarin, la récolte d'ail 2018 dans la Drôme donne-t-elle satisfaction ?

Stéphane Boutarin : « Dans le département, la récolte a commencé avec dix jours de retard par rapport à une année normale. Les rendements sont inférieurs à ceux de 2017 et 2016, qui étaient très bons. Par contre, l'an dernier, nous avons été confrontés à des problèmes de conservation. Cette année, ce n'est pas le cas jusqu'à présent.
La production est cependant difficile à sécher, en raison des pluies du printemps. Habituellement, environ 20 jours sont nécessaires. Cette année, les temps de séchage vont bien au-delà. Les aulx ont été arrachés entre le 10 et le 30 juin et nous sommes toujours en train de ventiler, alors que le temps n'a pas été humide après la récolte. »

Quid de la qualité de l'ail, cette année ?

S. B. : « Malgré les pluies, l'ail blanc est de belle qualité visuelle. Il est plus régulier, plus beau, plus rond qu'en 2017. Le froid a limité son grossissement. Il est de calibres 50 à 65, voire 70 (très peu sont au-dessus), c'est-à-dire ceux voulus par la grande distribution. Et je pense que, du fait des calibres moyens et des températures, il devrait bien se conserver. L'ail violet, lui, est plus hétérogène. Il est correct à bon en couleur. Mais il est surtout demandé en gros calibre. Or il y en a très peu cette année.
Sur le plan sanitaire, on n'a pas eu de soucis en production conventionnelle. Par contre, l'ail bio a souffert de la rouille. Et la grêle a pénalisé la production sur certains secteurs (comme Sauzet, Autichamp, Chabrillan). Les blessures qu'elle a causées ont été des portes d'entrée pour stemphylium*. »

Stéphane Boutarin, président de l'association des producteurs d'ail de la Drôme (Apad).

Comment se déroule le début de la campagne de commercialisation ?

S. B. : « La commercialisation de l'ail a commencé en semaine 29. Les cours sont en train de se positionner à la hausse, du fait de la qualité et des calibres. L'ensemble des enseignes de la grande distribution demande de l'ail français et en veut rapidement. La pression sur les producteurs est donc forte. Pour la communication, la traçabilité et d'autres actions de la filière, l'Apad bénéficie du soutien du Département et de la Région.
Sur le marché, la concurrence de l'Espagne est toujours aussi rude. Ses prix sont un euro en dessous des nôtres. Ils sont de l'ordre de 1,50 à 1,70 euro. Et l'ail chinois n'est pas cher. Avec les GMS, ça passe car elles veulent du produit français. Par contre, sur les Min (marchés d'intérêt national) - qui sont alimentés directement par les Espagnols - nous n'arrivons pas à accrocher les clients. »

La filière craint-elle pour sa compétitivité ?

S. B. : « Oui, notamment concernant l'accompagnement de l'Etat, les dispositifs tels que le CICE**. Nous avons peur pour l'avenir car la main-d'œuvre coûterait plus cher. C'est un souci parce que les charges augmentent. Et les prix ne sont pas en rapport avec les charges. C'est déjà compliqué, actuellement. Les Espagnols vont nous manger tous crus. Aussi, j'attire l'attention de l'Etat sur ces problèmes qui nous préoccupent. »

Propos recueillis par Annie Laurie

* Stemphylium : responsable de brûlures sur les feuilles, ce champignon empêche la plante de respirer et de se développer.
** Le CICE (crédit d'impôt pour la compétitivité et l'emploi) doit être remplacé, en 2019, par un allégement de cotisations patronales sur les bas salaires.