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Rencontre

Moins d'intrants dans les vergers, un défi à relever

Réduire les intrants dans les vergers, thème de la dernière journée technique de la Sefra, est un enjeu qui répond à des attentes sociétales. La progression de la consommation de fruits frais bio, et de la production, le montre.
Moins d'intrants dans les vergers, un défi à relever

Le 27 septembre, une journée technique de la Sefra (station expérimentale fruits Rhône-Alpes) a rassemblé quelque 110 acteurs de la filière sur son site à la ferme expérimentale d'Etoile-sur-Rhône. Basée sur des interventions, l'échange et le partage, cette rencontre était dédiée à la réduction des intrants dans les vergers. Y ont été délivrées quantités d'informations sur les expérimentations conduites en ce domaine par la Sefra, des partenaires comme le CTIFL*, la chambre d'agriculture de la Drôme, de Savoie Mont-Blanc, sur les travaux de recherche de l'Inra**...« Réduire les intrants est un enjeu important aujourd'hui, a souligné le responsable scientifique de la Sefra, Baptiste Labeyrie, en ouverture de la journée. Nous avons un immense défi à relever pour répondre aux attentes sociétales. »

« Réduire les intrants est un enjeu important aujourd'hui, a souligné le responsable scientifique de la Sefra, Baptiste Labeyrie, en ouverture de la journée. Nous avons un immense défi à relever pour répondre aux attentes sociétales. »

26 % d'hectares de plus en bio

 

La production et la consommation bio sont en forte progression, a constaté Isabelle Jusserand, animatrice du comité bio d'Interfel***, lors de cette journée technique. Elle a illustré cette tendance avec des chiffres de l'Agence bio notamment. En 2017, la France comptait près de 18 400 hectares de cultures fruitières en bio (20 % de la surface totale), soit 26 % de plus qu'en 2016. Et une relance des surfaces en conversion a été constatée l'an passé. Plus de la moitié des surfaces se concentrent dans trois régions : la Nouvelle Aquitaine (20 %), l'Occitanie (19 %) et Paca (18 %). Notre région arrive en quatrième position (10 %).


Isabelle Jusserand, animatrice du comité bio d'Interfel.

Une consommation en hausse

Sur le marché de l'alimentaire bio français, en 2017 les fruits et légumes sont toujours la deuxième catégorie de produits bio en valeur (derrière l'épicerie) avec 1,5 milliard d'euros. Leur part est de 19 % (contre 16 en 2016). Pour les 15 fruits et légumes bio du panel Kantar****, la consommation des ménages progresse, et plus fortement en valeur qu'en volume. Sont encore observés : une fréquence d'achat en augmentation ; de nouveaux acheteurs et une fidélisation de ceux qui le sont déjà ; une légère baisse du panier moyen (« liée à la progression de la taille de la clientèle »). Dans la restauration collective, la part de marché des fruits bio est de 5,1 % en 2016 contre 2,6 en 2011. La progression y est forte aussi : 7 950 tonnes en 2016 contre 3 750 en 2013 (soit + 112 %).

Des pistes testées pour moins traiter

 L'assistance à cette journée technique de la Sefra.

Après ce point sur l'évolution de la production et de la consommation bio, la journée technique de la Sefra a embrayé sur la réduction des intrants. Pour commencer, ont été présentées des expérimentations comparant des stratégies raisonnées ainsi que faibles intrants sur abricotiers au CTIFL de Balandran (Gard), sur pommiers au verger de Poisy (Haute-Savoie) et sur pêchers à la Sefra. Sur le site de cette dernière, s'ajoute une troisième stratégie, en agriculture biologique. La filière compte aussi - et beaucoup - sur l'amélioration génétique pour réduire l'utilisation d'intrants. Le programme de l'Inra en la matière a d'ailleurs été expliqué à cette rencontre, qui a également abordé des méthodes innovantes testées en arboriculture : le BNA (chaux liquide) pour lutter contre la cloque du pêcher ; la bâche anti-pluie pour gérer la tavelure du pommier ; le projet Clim Arbo (modèle) sur monilia ; l'imagerie drone et satellite (L'Agriculture Drômoise reviendra ultérieurement sur certaines de ces thématiques).

Communiquer auprès de la société

« Nous devons répondre aux attentes sociétales de façon intelligente », a dit Bruno Darnaud, président de la Sefra, au sujet de la réduction des intrants.

 

« La réduction des intrants n'est pas un débat d'aujourd'hui, a confié le président de la Sefra, Bruno Darnaud, en clôturant cette journée technique. Nous devons répondre aux attentes sociétales de façon intelligente à court et moyen termes mais il y a aussi des impasses techniques. Nous avons du mal à transmettre à la société les efforts accomplis depuis des années par l'arboriculture. » Aussi a-t-il ajouté à l'adresse des participants à la rencontre : « Je vous invite tous à être fiers de ce que nous faisons et à communiquer. C'est un devoir pour chacun d'entre nous. »

Annie Laurie

* CTIFL : centre technique interprofessionnel des fruits et légumes.
** Inra : institut national de la recherche agronomique.
*** Interfel : interprofession des fruits et légumes frais.

**** Panel Kantar de 15 fruits et légumes bio : pomme, poire, pêche, nectarine, melon, kiwi, banane, carotte, tomate, salade, courgette, oignon, poireau, concombre, chou-fleur.

 

Interfel /
Un guide et un comité régional
A la journée de la Sefra, au niveau du comité bio d'Interfel (dont elle est animatrice), Isabelle Jusserand a signalé la sortie en 2019 d'un guide de développement des filières de fruits et légumes bio s'adressant à tous les métiers de la filière. Elle a aussi évoqué la création d'un comité régional interprofessionnel Auvergne-Rhône-Alpes. L'objectif est d'en faire un lieu de dialogue interprofessionnel, de développement d'axes de travail spécifiques à la région et de déploiement de la stratégie nationale d'Interfel. Les premières actions sont annoncées pour la fin de l'année.