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Fertilisation

N’apportez pas d’azote au semis de soja

Avec le récent développement des surfaces de soja, de nombreux producteurs s’interrogent sur l’intérêt éventuel d’un apport d’azote au semis, type engrais starter. Terres Inovia fait le point sur les conséquences de cette pratique.

N’apportez pas d’azote au semis de soja

Le soja dispose de deux voies de nutrition azotée. Il peut assimiler l'azote minéral contenu dans le sol (le plus souvent sous forme de nitrate), mais il a surtout la capacité de s'associer à une bactérie lui permettant de fixer l'azote de l'air au niveau des nodosités racinaires, siège d'une symbiose entre les deux organismes. Cette seconde voie, caractéristique des légumineuses, est bien sûr la voie à privilégier et à exploiter car au-delà d'une réduction des charges, elle apporte un bénéfice agroenvironnemental indiscutable.

La nodulation inhibée par le niveau d'azote dans le sol

Des suivis de parcelles d'agriculteurs réalisés par Terres Inovia l'ont montré : des bas niveaux d'azote minéral dans le sol suffisent pour limiter le nombre ou le volume des nodosités. Ainsi, tout ajout, même faible, d'azote au semis réalisé dans l'espoir de favoriser une implantation rapide, favorisera l'inhibition de la nodulation. En effet, en situation de choix, la plante assimilera prioritairement le nitrate car cette option est moins consommatrice d'énergie pour la plante. En conséquence, un peu plus tard dans le cycle lorsque la plante aura davantage besoin d'azote mais qu'elle aura épuisé la disponibilité d'azote minéral du sol, elle se trouvera en situation de carence sans relais possible immédiat par les nodosités qui n'auront pas été mises en place. Il faudra attendre une vingtaine de jours pour que les nodosités se forment et deviennent fonctionnelles ! Deux possibilités s'offrent alors à l'agriculteur : faire un apport d'au moins 100 unités d'azote (qui entretiendra l'inhibition et l'absence de fixation symbiotique), soit attendre la mise en place des nodules. Dans le second cas, la culture subira les conséquences d'une carence à un stade de pleine croissance, moment où la plante est très demandeuse, ce qui ne manquera pas de se répercuter sur le rendement et la teneur en protéines.

Tout apport d'azote au semis est lourd de conséquences

Malgré un effet visuel en début de cycle sur la végétation, l'apport d'engrais azoté au semis aura une double conséquence : un retard de mise en place des nodosités ce qui provoquera plus tard dans le cycle une « faim d'azote » ; et un fonctionnement non optimal des nodosités qui s'installeront. Outre son manque d'intérêt agronomique, ces apports d'azote ne sont pas toujours possibles réglementairement. En effet, la déclinaison de la directive nitrate dans différentes régions, surtout en zones vulnérables, n'autorise pas d'apport de fertilisant azoté sur une légumineuse.

Un apport possible en végétation pour des situations exceptionnelles

Exceptionnellement, et uniquement en cas d'échec de la nodulation (mauvaise inoculation), un apport d'azote en végétation pourra être réalisé. Si à la mi-juin, la végétation de la parcelle présente un aspect jaunâtre et si plus d'un tiers des plantes ne portent pas de nodosités, un apport d'azote est exceptionnellement recommandé. Dans ce cas, il est conseillé d'apporter 80 à 150 unités d'azote (de préférence sous forme perlurée) en une ou deux fois, entre le stade R1 (début floraison) et le stade R3 (premières gousses), si possible avant une irrigation. Attention si vous êtes en zone vulnérable, la règle générale est de ne pas apporter d'azote sur légumineuses. Toutefois, certains départements ont obtenu des dérogations avec des apports possibles quelles que soient les formes d'azote ou uniquement sous forme minérale. En zone vulnérable, les doses apportées doivent être conformes aux arrêtés préfectoraux de votre région. 

C.Chambert – Terres Inovia
[email protected]

 

Lexique /
- Nodulation : formation des nodosités sur les racines (réaction plante-bactérie),
- Fixation : fixation symbiotique ou fixation biologique : processus qui permet à la plante de produire (indirectement) des substances protéiques à partir de l’azote gazeux (N2) présent dans l’atmosphère,
- Inoculation : apport volontaire de bactéries dans le sol pour former des nodosités avec la plante hôte.