Naissance d'un réseau « chiens de protection des troupeaux »

« Choisir, éduquer et utiliser un chien de protection des troupeaux ne s'improvisent pas », explique l'Institut de l'élevage (Idele). Depuis 1983, cet institut anime un réseau national de formateurs « chiens de conduite du troupeau ». Alors, compte tenu de son expérience, des besoins des éleveurs et bergers, il vient de lancer un réseau technique national « chiens de protection ».
La mise en place d'un tel réseau fait partie des actions du plan national loup 2018-2021 destinées à renforcer la protection des troupeaux. Chef de projet chiens de conduite et chiens de protection (notamment) au sein de l'Idele, Barbara Ducreux l'a rappelé le 18 septembre au lycée agricole du Valentin à Bourg-lès-Valence, où s'est tenue l'une des quatre demi-journées de lancement de ce nouveau réseau, dont elle est d'ailleurs l'animatrice. Les trois autres ont eu lieu dans les Alpes-de-Haute-Provence, en Meurthe-et-Moselle et Aveyron. Toutes les structures amenées à accompagner les éleveurs et bergers ou à intervenir dans l'espace pastoral étaient conviées à ces rencontres.
Trois formules d'accompagnement
« La finalité du réseau technique "chiens de protection" est de structurer et d'améliorer l'accompagnement des éleveurs et bergers dans leur travail au quotidien avec leur(s) chien(s) de protection au travers de formations collectives et d'appuis individuels », a précisé Barbara Ducreux. Pour ce faire, l'Idele propose trois formules, « complémentaires et à la carte ». La première est une formation collective (de deux jours) théorique et sur le terrain s'adressant aux éleveurs et bergers. Elle fournit des clés pour mieux comprendre le rôle et les comportements attendus d'un chien de protection, bien le choisir, réussir son introduction dans le troupeau, le gérer, apprécier sa qualité de protection. La deuxième formule est un suivi individuel de l'éleveur lors de la mise en place d'un chiot de protection dans son troupeau. Il se compose de quatre ou cinq visites chez l'éleveur avant et après l'arrivée du chiot, lors de la première sortie du troupeau, de la puberté du chien... S'ajoute la possibilité d'un appui individuel : du conseil sur-mesure pour répondre à des questions spécifiques.
Des référents nationaux et des relais locaux
Labellisé et soutenu par le ministère de l'Agriculture, le réseau « chiens de protection » se structure autour de l'Idele, de référents nationaux et de relais locaux. L'Idele est notamment chargé de l'animation et de la formation de référents nationaux. Le rôle de ces derniers est d'animer des formations collectives, d'assurer des suivis et des appuis individuels d'éleveurs... L'idée, c'est aussi qu'ils forment et appuient des relais locaux chargés, eux, entre autres d'assurer des suivis individuels d'éleveurs dans leur département. Actuellement, six référents nationaux sont en place, dont un dans la Drôme : Vincent Ducomet, éleveur de 150 brebis Bizet à Barnave, utilisateur de chiens de protection depuis 25 ans et comportementaliste canin depuis 17 ans.Pour les relais locaux, l'objectif est d'au moins un par département. Dans l'idéal, un éleveur ou berger utilisateur de chiens de protection mais ce peut aussi être un technicien de chambre d'agriculture ou d'un service pastoral... Dans tous les cas, des personnes ayant les connaissances fondamentales concernant la mise en place d'un chien de protection et ayant déjà suivi de tels chiens. Pour l'instant, une douzaine de relais locaux sont en place, dont un dans la Drôme.
Des aides financières possibles
Cet accompagnement technique peut être financièrement aidé par l'Etat et l'Europe (Feader) dans les zones éligibles à la mesure de protection des troupeaux (cercles 1 et 2), a signalé Sylvie Rizo, chargée de mission au ministère de l'Agriculture. En dehors de ces zones, une prise en charge est susceptible d'être assurée par le fonds Vivea pour la formation mais pas, actuellement, pour le suivi et l'appui individuels.
Recensement et suivi des chiens de protection introduits et de ceux déjà en activité en vue de créer une base de données, travail sur la génétique... sont « des projets pour demain » cités par Barbara Ducreux, avant de passer la parole à deux référents nationaux, Magali Allard (éleveuse d'ovins dans le Dévoluy) et Vincent Ducomet, qui ont apporté des informations techniques sur les chiens de protection.
Annie Laurie
Plus d'informations concernant les chiens de protection, le réseau national technique animé par l'Institut de l'élevage et l'accompagnement proposé sur http://chiens-de-troupeau.idele.fr