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GDS

Ne pas sacrifier le sanitaire sur l'autel de la loi NotRe

L'état des cheptels drômois est aujourd'hui satisfaisant grâce à l'action sanitaire, qui est fortement soutenue par le Département. Mais, si celui-ci ne peut plus l'aider, qu'adviendra-t-il ?
Ne pas sacrifier le sanitaire sur l'autel de la loi NotRe

Contribuer à l'amélioration de l'état sanitaire des cheptels et produits animaux ainsi qu'à la protection de la santé publique, tel est le rôle du GDS (groupement de défense sanitaire) de la Drôme. Sur le plan sanitaire, il intervient en partenariat avec la DDPP, des vétérinaires, laboratoires. Sur le plan technique, il œuvre avec la chambre d'agriculture, Drôme conseil élevage, la station expérimentale du Pradel, l'institut de l'élevage, dans le cadre des Pep... Son directeur, Benjamin Deltour, l'a rappelé en assemblée générale le 24 mars à Chabeuil.

Le Département premier financeur

Sur le plan financier, le Département est le principal partenaire du GDS. En 2016, ses subventions directes aux éleveurs approchaient les 96 000 euros pour la prophylaxie réglementée et les 63 800 euros pour les plans d'action préventifs. En plus, un soutien au fonctionnement du GDS de 61 500 euros a été attribué, grâce auquel des financements européens peuvent être captés. Or, la loi NotRe supprime la clause de compétence générale des conseils départementaux leur permettant de financer l'action sanitaire. Le Département de la Drôme souhaite continuer à aider le GDS mais cela risque de ne plus être légal. Pour 2017, son enveloppe baissera de 10 %. Qu'en sera-t-il en 2018 ? Les responsables du GDS sont inquiets. Quant à la Région Auvergne-Rhône-Alpes (dispositifs Pep, Crof), ses services se réorganisent et « on ne sait pas trop où on va en 2018 », a observé Benjamin Deltour.

Ne pas passer à l'orange

La structure financière du GDS est saine mais « pourrait passer "à l'orange" sans ces soutiens ». Les cotisations des adhérents représentaient 34 % de ses produits en 2016. Du fait de la baisse des soutiens accordés, une hausse des cotisations bovines, ovines et caprines a été votée à cette assemblée. Le Département - en accordant des aides exceptionnelles à l'élevage en 2016 - a fait plus qu'en 2015, a rappelé sa chargée de mission agriculture, Muriel Dubois, avant d'espérer que des solutions seront trouvées. « Le sanitaire ne doit pas être sacrifié sur l'autel de la loi NotRe », a appuyé Jean-Pierre Royannez. « Comptez sur la chambre d'agriculture pour travailler à vos côtés et avancer dans l'intérêt des éleveurs », a-t-il ajouté en tant que premier vice-président de celle-ci.

« Au vu de ce contexte pessimiste, le GDS de la Drôme va engager une réflexion pour se regrouper avec trois ou quatre autres, a indiqué son président, Bernard Mandaroux. Cela permettrait, entre autres, de mutualiser les compétences humaines. » Et de rappeler que le revenu des éleveurs dépend grandement de la santé de leur cheptel. Aussi, la prévention et le raisonnement de l'approche sanitaire dans les élevages sont « des objectifs essentiels » pour le GDS.

Prophylaxie obligatoire

Sur le plan sanitaire, « 2016 est une année plus sereine », a constaté Bernard Mandaroux. La situation du cheptel drômois est très satisfaisante vis-à-vis des maladies réglementées que sont la brucellose, la leucose et la tuberculose, a précisé Benjamin Deltour. En IBR, avec une prévalence de 5,8 %, la situation de la Drôme est meilleure que la moyenne nationale (9,8 %). Dans le cadre du nouvel arrêté ministériel relatif à cette maladie, le GDS conserve la maîtrise d'œuvre. L'objectif étant d'éradiquer cette maladie, la dérogation au contrôle d'introduction est arrêtée. Selon le directeur de la DDPP(2), Bertrand Toulouse, la Drôme peut acquérir rapidement un statut IBR très satisfaisant. Pour les petits ruminants, grâce à une bonne maîtrise des maladies réglementées, la prophylaxie a pu être allégée (rythme devenu quinquennal).

Plans de prévention

Avec le pack « intro bovin » lancé fin 2011 (dépistage de quatre maladies : IBR, BVD, besnoitiose, paratuberculose), les transactions à risque lors de l'achat de bovins sont passées de 17 % en 2012 à 10 % en 2016. Depuis la mise en place de mesures de prévention collectives du risque BVD (pack intro, règlements sanitaires), la part des élevages régulièrement séronégatifs progresse (46 % en 2016 contre 38 en 2012) et la mise en évidence d'une circulation virale chute (1 % en 2016). Quant à la besnoitiose, sur les six troupeaux identifiés contaminés dans le Nord-Drôme en 2013-2014, il n'en reste plus qu'un (pas de nouveau foyer depuis trois ans). Par ailleurs, 29 troupeaux de caprins et 18 d'ovins ont recherché leur statut sanitaire (fièvre Q, chlamydiose, paratuberculose-visna maedi et Caev dépistées) depuis la mise en place de l'action (en 2014). Pour ce qui est de brucella ovis, 54 béliers ont été dépistés lors de leur achat.
A noter encore, au niveau de Rhône-Alpes, le GDS de la Drôme est chargé de l'animation de la section caprine de l'OVS (organisme à vocation sanitaire) régional. Et enfin, pour la section apicole, les actions se déclinent en trois volets : l'information et la formation ; le plan de lutte collective contre le varroa (coordination) et le programme sanitaire d'élevage (mise à disposition de médicaments) ; le plan de lutte contre le frelon asiatique (surveillance des populations et repérage des nids en vue de destruction).

Annie Laurie

DDPP : direction départementale de la protection des populations.
Loi NotRe : nouvelle organisation territoriale de la République.
Pep : pôle d'expérimentation et de progrès.
Crof : contrat régional d'objectif de filière.

 

Le GDS, ses missions, ses adhérents

L'administration délègue au GDS l'organisation des opérations de prophylaxie obligatoires pour les maladies réglementées (brucellose, tuberculose, leucose, IBR, varron). Son deuxième axe d'intervention, ce sont les maladies contagieuses non réglementées (fièvre Q, BVD, varroa...) présentant un enjeu économique. Le troisième est la coordination collective des éleveurs : veille sanitaire, information et formation, accompagnement de jeunes installés, appui technique, caisse mutualisation (pour les « coups durs » sanitaires) et services (contrôle d'installations de traite, collecte de déchets de soins).
429 élevages adhèrent au GDS de la Drôme en bovins, 552 en ovins, 392 en caprins (soit plus de 90 % des éleveurs de ruminants du département), 655 apiculteurs (soit 43 % de leur nombre et une progression de 30 % en 3 ans) ainsi que 5 pisciculteurs.

 

Focus / A l'assemblée du GDS de la Drôme, les directeur et chef du service santé et protection animale de la DDPP, Bertrand Toulouse et Marie-Agnès Amos, ont entre autres évoqué la dermatose nodulaire contagieuse des bovins, la fièvre catarrhale ovine et la protection animale.
DNCB, FCO et protection animale
Dermatose nodulaire contagieuse des bovins (DNCB) : cette maladie virale des bovins a été détectée pour la première fois en Turquie fin 2013. Mi-2016, elle touchait la Grèce, la Bulgarie, la Macédoine, le Monténégro, l'Albanie et la Serbie (747 foyers notifiés au total). La diffusion du virus se poursuit malgré les mesures de lutte prises dans les pays touchés. Très contagieuse, elle se manifeste par une forte fièvre et des lésions cutanées généralisées. Elle cause des pertes économiques conséquentes. Elle est transmise par un vecteur arthropode piqueur, la salive contaminée (nourriture et eau) et par contact direct (toutes sécrétions, lésions cutanées). Voici les signes cliniques : atteinte de l'état général, chute de la lactation, nodules sur la peau et les muqueuses internes, hyperthermie, anorexie, larmoiement, jetage, œdèmes sous-cutanés étendus (lombes, fanon, membres), œdème et ulcères sur la mamelle. En cas de suspicion clinique, contacter son vétérinaire.
FCO : La Drôme compte toujours deux foyers et la DDPP appelle à rester vigilant. Possible sur la base du volontariat, la vaccination est indispensable pour l'export. Les vaccins sont gratuits jusqu'à la fin du stock (encore important) acquis par l'État.
Protection animale : une cellule « maltraitance animale » a été mise en place. La DDPP souhaite être alertée par les acteurs professionnels dès connaissance d'un cas. L'objectif est d'anticiper et d'éviter le retrait des animaux. Retrait qu'elle considère comme un échec collectif.
A. L.