« Ne pas voter, c’est déjà une erreur en soi »
À l'approche des éléctions des délégués de la Mutualité sociale agricole, nous avons interrogé Jean-Clément Mucchielli, premier vice-président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire, ainsi que deux candidats sur les enjeux de cette éléction.
ENTRETIEN AVEC / Jean-Clément Mucchielli, premier vice-président de la MSA Ardèche-Drôme-Loire.

Pourquoi faut-il voter aux élections MSA ?
Jean-Clément Mucchielli : « Voter, c’est permettre à un système mutualiste, qui fonctionne bien aujourd’hui, de perdurer. C’est une chance, surtout quand on voit ce qui se passe ailleurs dans le monde, où l’on ne demande plus l’avis des citoyens. Exprimer son vote, c’est affirmer son attachement à un modèle démocratique et solidaire. Ne pas voter, c’est déjà une erreur en soi. Pourtant, on observe une baisse du sentiment citoyen et de l’engagement. On a pris l’habitude de vivre en démocratie comme si c’était acquis. Beaucoup critiquent les responsables politiques à tous les niveaux, sans toujours voir le travail réalisé pour améliorer le quotidien des citoyens. Nos aînés ont construit la Sécurité sociale après 1945, dans une période extrêmement difficile. Ce système, unique en son genre, est aujourd’hui indispensable. Malheureusement, on ne réalise souvent son importance que lorsqu’il est menacé. Voter, c’est défendre ce modèle et éviter qu’un jour on regrette de ne pas l’avoir fait. »
Quelles sont les principales préoccupations des adhérents de la MSA ?
J-C.M. : « Les attentes évoluent et il faut trouver des réponses adaptées aux besoins des salariés des exploitations agricoles, des organisations professionnelles agricoles, des coopératives et même de la MSA elle-même. L’enjeu est de montrer que ce modèle leur est bénéfique et qu’ils ont tout intérêt à le préserver. »
Qu’est-ce que l’engagement ?
J-C.M. : « L’engagement, c’est aller vers le bien commun sans chercher son intérêt personnel. La MSA, c’est avant tout un système de solidarité : “À chacun selon ses moyens, pour chacun selon ses besoins”. Cette idée fondamentale doit nous guider dans nos actions. Nous devons revenir aux bases de notre modèle social et rappeler pourquoi il a été créé. La Sécurité sociale est née dans un contexte bien plus difficile que celui que nous connaissons aujourd’hui. Pourtant, nos aînés ont su bâtir un système protecteur et juste. Il nous revient de le faire vivre et de le défendre. »
Le mutualisme, un modèle à défendre ?
J-C.M. : « Le mutualisme repose sur un principe fondamental : les dirigeants ne prennent pas de décisions seuls. Ils sont tenus de rendre des comptes à un conseil d’administration et aux élus. Cette gouvernance partagée garantit une transparence et une prise en compte des intérêts de chacun. Ce modèle n’est pas un simple héritage du passé, il est une force pour l’avenir. Il ne faut pas le subir comme un cadre imposé, mais le faire vivre activement, car il est porteur de valeurs de solidarité et de responsabilité. »
" Il est question de la survie du régime "
ENTRETIEN AVEC / Guy Péran, administrateur drômois depuis 30 ans à la MSA Ardèche-Drôme-Loire.

La Mutualité sociale agricole, Guy Péran la connaît bien puisqu’il en est administrateur depuis 1995 sur le canton de la Drôme des collines. Ancien exploitant en polyculture-élevage, il est retraité depuis 2020 et représente le premier collège (exploitants non-employeurs de main-d’oeuvre). En tant qu’administrateur, il participe à des commissions au conseil d’administration, au comité d’action sanitaire et sociale (CASS), comité de protection sociale des non-salariés, à la commission de recours à l’amiable, à la commission de crises… « J’ai beaucoup d’appels de personnes en difficulté. En tant que délégués, nous faisons le relais. Nous permettons parfois des avancées plus rapides. Beaucoup voient la MSA seulement comme un percepteur alors qu’il y a aussi des aides et de l’accompagnement. Par rapport au vote, il est question de la survie du régime. Aujourd’hui, si le pourcentage de vote devient très faible, nous pourrions passer au régime général. Nous serions noyés. Il y aurait moins de prise en compte des difficultés des exploitants, moins d’aides et plus de liquidations », estime-t-il.
« Aller voter, c’est rester soudés »

Sylvie Charpentier a repris l'exploitation viticole de son père en 2006 à Bouchet. Le matin, elle est secrétaire médicale et l’après-midi elle gère la ferme, principalement la partie administrative. La Drômoise a été élue en 2020 sur le canton de Grignan, au sein du troisième collège de la MSA (employeurs de main-d’oeuvre). Elle a choisi de se représenter aux élections des délégués MSA car « nous sommes bien informés et c’est nécessaire de faire passer l’information aux viticulteurs et plus largement à tous les agriculteurs ». En tant que femme du monde agricole, elle apprécie les actions de prévention de santé (dépistage du cancer du sein, soins…) organisées par la MSA. La déléguée participe notamment à la formation des médecins et infirmières de la MSA et elle fait partie d’une commission dédiée. « C’est important de s’impliquer dans ce type d’institution. Aller voter, c’est aussi rester soudés avec la situation actuelle… Il faut être ensemble et se faire partager les informations pour que la MSA soit reconnue et que nous restions solidaires », estime Sylvie Charpentier.