Nicolas Combat, un jeune vigneron qui en veut

Nicolas Combat s'est associé avec ses parents, Isabelle et Pierre, au sein de l'EARL des Pends à Mercurol en septembre 2016. Ce jeune (aujourd'hui âgé de 27 ans) est titulaire d'un BTS viticulture-œnologie, obtenu après des études au lycée viticole d'Orange (en alternance : un an à Châteauneuf-du-Pape, l'autre en Crozes-Hermitage). Mais il ne s'est pas installé sur l'exploitation familiale sitôt son diplôme en poche. Non, il est allé voir comment on produit et consomme les vins ailleurs. Pendant quatre ans, il a voyagé et vinifié aux Etats-Unis (dans l'Etat de Washington), en Nouvelle-Zélande, en Australie avant un retour en France, dans l'AOC Muscadet (Pays de la Loire). Ainsi a-t-il pu acquérir un supplément d'expérience avant de revenir finalement sur les terres qui l'ont vu grandir, « un terroir de bons vins ». Et, quand il s'est installé, il savait ce qu'il voulait.
L'envie d'aller plus loin
Jusque-là, Isabelle et Pierre Combat étaient coopérateurs (à la Cave de Tain). « C'est un super métier qu'ils ont fait pendant des années, confie Nicolas. Mais il me manquait un petit quelque chose. Ayant des connaissances en vin, j'avais envie d'aller un peu plus loin, de vinifier nos raisins et vendre nos vins. » D'où la création d'une cave particulière : le Domaine des Combat. Sa construction a commencé en février 2017 et fini en août, donc juste à temps pour les vendanges de cette année-là.
Pour son installation et le montage de son projet, Nicolas s'est fait accompagner par la chambre d'agriculture. Celle-ci assure aussi un suivi technique du vignoble de l'EARL des Pends, qui cultive vingt hectares de vignes, dont onze en propriété. La totalité est en AOC Crozes-Hermitage et 95 % sur la commune de Mercurol : dix-huit hectares de rouge et deux de blanc. Toutes les vignes sont vendangées mécaniquement (avec une machine en cuma, équipée d'un érafloir embarqué).
Une cave « pratico-pratique »
« Notre cave est pratico-pratique pour travailler, observe Pierre Combat. Elle a été conçue pour être la plus pratique possible, pouvoir l'utiliser de façon optimale, la gérer sans être quatre ou cinq. » Son fils complète : « Notre objectif était de construire une cave de production, pas de tourisme. J'ai pu m'inspirer de certaines méthodes utilisées ailleurs, notamment aux Etats-Unis ». L'EARL des Pends a investi 1,2 million d'euros au total dans cette cave (de 700 m2). Et elle est en attente d'une subvention de l'Union européenne (de 230 000 euros).
Les débuts de Nicolas en tant que vigneron commencent bien. « On ne peut pas demander mieux, se plaît-il à dire. 2017 a été une belle année. Et en 2018, c'est parfait : les vendanges se sont également bien passées. La vinification est royale. » Le Domaine des Combat s'appuie aussi sur les conseils de Didier Couturier qui, après avoir travaillé dans le vignoble de Châteauneuf-du-Pape, est devenu consultant en vigne et vin. « Il est œnologue et ingénieur agronome. Cela complète ses connaissances et amène un plus », note Nicolas.
« Bacchus », « Exception'elle » et les autres
Avec le millésime 2017, le Domaine des Combat a produit 27 500 bouteilles de vin. Les premières sont sorties en avril 2018. Il y a la cuvée Bacchus (vinification en cuves cylindriques, macération courte, d'où une extraction légère), un vin rouge fruité d'entrée de gamme visant une clientèle jeune. Mais aussi deux cuvées de cœur de gamme en rouge et blanc. Et « Exception'elle », la cuvée haut de gamme dédiée à Isabelle Combat : un vin rouge élaboré « avec les raisins d'une parcelle exceptionnelle plantée l'année de naissance de ma mère », précise Nicolas. Le Domaine des Combat commercialise ses vins auprès de restaurateurs, particuliers, professionnels. « Nous n'avons pas encore de caveau et commençons à participer à des salons, indique Nicolas. Et, ces 10 et 11 novembre, nous organisons deux journées portes ouvertes de notre cave. » Quant à l'export, Nicolas « y pense. Il faut y aller mais ce marché-là demande un investissement en temps et financier. »
Comme projets, la famille Combat envisage une extension de ses espaces de production et de stockage dans les cinq prochaines années mais aussi de se doter d'un caveau d'ici dix ans. Et elle a la possibilité d'agrandir son vignoble. Elle est en effet propriétaire de six hectares à Larnage pouvant être plantés de vignes en zone AOC Crozes-Hermitage et d'environ autant de surface pour produire des vins IGP Collines rhodaniennes.
Annie Laurie
La cave du Domaine des Combat



A côté, se trouve un petit chai à barriques dans lequel est vinifié et élevé un tiers du volume de vin blanc du Domaine des Combat. « Le bois amène une aromatique plus complexe », commente encore le jeune vigneron.