Nicolas Merle : “ Nous avons construit une région syndicale solide ”

Vous avez été élu en 2016 président de JA Auvergne-Rhône-Alpes. Quel bilan tirez-vous de ces deux mandats ?
Nicolas Merle : « Durant le premier mandat, nous nous sommes attelés à un chantier d'envergure en créant JA Auvergne-Rhône-Alpes dans le prolongement de la fusion des Régions effective à compter de 2015. L'enjeu était de taille puisqu'il s'agissait de faire cohabiter douze départements aux spécificités bien différentes, abritant des productions beaucoup plus hétérogènes que ce que nous avions connu jusque-là à l'échelle de l'Auvergne. Que ce soit en élevage, en productions végétales, en arboriculture, en viticulture... nous avons toujours eu le souci de défendre une politique ne laissant aucun jeune au bord de la route. Quatre ans après, nous pouvons considérer que nous avons réussi. Les douze départements nous suivent, chacun a bien pris conscience de l'importance de travailler en région. Grâce à ce travail en commun, et à la réforme de la DJA que nous avons poussée, le nombre d'installations a augmenté. »
Cette réforme de la DJA restera-t-elle le combat le plus emblématique de ces quatre dernières années ?
N. M : « C'est certain que le combat pour réformer la DJA a été l'un des dossiers les plus importants. Nous avons milité pour enrayer la baisse des installations aidées. Aujourd'hui, 85 % des jeunes passent par le dispositif DJA, et 95 % sont encore là cinq ans après leur installation. C'est la meilleure preuve qu'en défendant cette réforme, nous n'étions pas à côté de la plaque. Bien au contraire. Conjointement, nous avons poursuivi le chantier crucial de la rémunération des producteurs. Chez JA, nous avons toujours défendu le principe d'installations viables, qui passent nécessairement par un juste prix. La bataille est loin d'être gagnée, et le réseau JA sera toujours en première ligne pour se battre sur ce sujet. Enfin, sur la communication, je suis fier que nous ayons initié des évènements, participé à des grands rendez-vous, avec des dispositifs originaux, comme le tunnel (communication filières et métiers), qui ont permis de sensibiliser le public au besoin de prix et de considération du monde agricole. »
L'engagement syndical n'est pas de tout repos, d'autant plus dans une région aux frontières XXL. Comment l'avez-vous vécu ?
N. M : « L'engagement syndical ne peut se faire qu'en accord avec ses associés et sa famille. Ce qui a été mon cas, car tous ont joué le jeu. Je tiens à les en remercier sincèrement. En prenant la présidence de JA Aura, j'avais choisi de ne prendre aucun autre engagement, d'une part pour être pleinement investi, et, d'autre part, je voulais pouvoir encore passer du temps sur mon exploitation. C'est pour moi, une question de légitimité. Si partir trois jours par semaine de la ferme n'a pas toujours été évident, cette expérience a été très enrichissante. Les multiples rencontres et échanges, la participation à des évènements ont nourri ma vision de l'agriculture. Cela aide à prendre plus de hauteur sur les choses, c'est évident. »
Et si c'était à refaire ?
N. M : « Je le referais sans hésiter. Aujourd'hui, j'espère que les projets en cours de JA vont maintenant aboutir. Nous avons entamé les démarches pour créer un organisme de formation régional agréé. Former des agriculteurs, c'est la vocation de JA. »
Propos recueillis par Sophie Chatenet