Noix : une filière en possible ascension

Les Cap (comités d'actions et de projets) de la Drôme des collines et du Royans Vercors Bourg-de-Péage ont identifié la nuciculture comme l'un des enjeux forts pour leurs territoires. Cette filière a un potentiel de développement. Aussi, après avoir rencontré plusieurs partenaires (Coopénoix, Valsoleil, Delphinoix), les responsables de ces Cap (mis en place par la chambre d'agriculture) ont proposé un après-midi sur la noix, le 19 mars chez Bernard Vassal à Hostun.
Des raisons d'y croire
Responsable de la section fruits et légumes de la coopérative Valsoleil, Xavier Blot a indiqué que l'Europe produisait deux fois moins de noix qu'elle en consomme (voir repères ci-...). La France, grâce à l'orientation de son verger, a pu accroître ses parts de marché. Les exportations de ses principaux concurrents, les Etats-Unis, sont tournées vers l'Asie et la Turquie. La noix française est reconnue, en Europe, pour sa qualité. Et Rhône-Alpes a une position de leader. « C'est pourquoi nous y croyons », souligne Xavier Blot. Valsoleil et Coopénoix commercialisent leur production de noix ensemble. Comme cela a été rappelé à Hostun, d'autres structures interviennent dans la filière nucicole.
Des soutiens
Valsoleil et Coopénoix soutiennent la plantation de noyers, avec un prêt à taux zéro et une aide à l'achat de plants (Valsoleil : 50 % maximum ; Coopénoix : 8 euros par plant). En plus, la première aide les investissements dans l'irrigation et la seconde dans le matériel (ramasseuse, séchoir). FranceAgriMer accompagne aussi la plantation de noyers (enveloppe constante). L'appel à candidature se fait du 1er janvier au 31 juillet. Le taux d'aides se situe entre 15 et 20 % du coût de la plantation, avec une majoration de 5 % pour les jeunes agriculteurs et nouveaux installés. Pour les agriculteurs touchés par la sharka, l'aide est de 20 %, majorée de 5 % en zone défavorisée. Les aides d'OP(*) et de FranceAgriMer ne peuvent être cumulées.
Avec leurs techniciens, les deux OP accompagnent les nuciculteurs. Ils peuvent également faire appel à Ghislain Bouvet, conseiller en production de noix à la chambre d'agriculture de la Drôme et de l'Isère, pour de l'appui technique. A la rencontre d'Hostun, il a d'ailleurs exposé les techniques de production de la noix : types de fructification et de formation des noyers, variétés, porte-greffes, exigences pédoclimatiques, densité de plantation, besoins en eau, fertilisation, entretien de la pelouse, protection phytosanitaire, récolte et post-récolte...
L'intérêt du collectif
Concernant les variétés, Franquette occupe 90 % du verger de l'AOP et la Parisienne le reste. La seconde est peu cultivée car de mise à fruits lente (pleine production au bout de 15 à 20 ans). Lara et Fernor, variétés dites « nouvelles », représenteraient, elles, 50 % des surfaces plantées (selon estimation). Destinée à la noix fraîche, Lara est la variété la plus précoce (pleine production au bout de 8 à 10 ans, contre 10 à 12 pour Fernor). On le voit, le noyer reste une culture dont l'entrée en production est lente. Celle-ci et la production elle même peuvent varier fortement selon les sols, conditions d'implantation. C'est à prendre en considération... Quant à faire entrer une nouvelle variété dans l'AOP : « Cela prend du temps et c'est une hypothèse très aléatoire », a noté la directrice du CING (comité interprofessionnel de la Noix de Grenoble), Catherine Petiet.
Bernard Vassal, qui a accueilli cette rencontre, se spécialise de plus en plus dans la noix (voir ci-...). A propos de l'attente de l'arrivée en production des noyers, il a observé : « C'est une charge. Il faut pouvoir investir ». Acheter du matériel d'occasion, en copropriété ou mutualiser son utilisation via une cuma sont des moyens de limiter les coûts lorsque la production est encore faible. Deux représentants de la chambre d'agriculture de la Drôme l'ont souligné, son vice-président Jean-Pierre Royannez et son conseiller chargé de l'animation des Cap Drôme des collines et Royans Vercors Bourg-de-Péage, Jean-Pierre Manteaux.
Annie Laurie
(*) OP : organisation de producteurs.
Repères* /
Europe : 80 000 tonnes (t) de noix produites et 180 000 consommées.France : 19 000 hectares (ha) en production, 35 à 40 000 t.
Rhône-Alpes : 9 000 ha (47 % du verger national) et 18 000 t, dont 10 000 t en AOP Noix de Grenoble.
Drôme : 2 200 ha et 4 400 t.
Evolution du tonnage produit au cours de la décennie : + 26 % en France, + 27 en Rhône-Alpes et + 34 en Drôme.* Chiffres : moyenne 2010-2012.Source : Agreste - statistique agricole annuelle.
Cap / Réflexion de Thierry Ageron, élu chambre d'agriculture, sur la suite à donner, après cette première réunion dédiée à la noix.Réfléchir à la suite

Au sein des Cap Drôme des collines et Royans Vercors Bourg-de-Péage, dans un premier temps, nous allons tirer le bilan de cette réunion d'Hostun sur la noix. Et nous allons réfléchir aux actions qui pourraient être mises en place pour aider les nouveaux nuciculteurs. Et pourquoi pas former un groupe, l'hiver prochain, si les intéressés sont suffisamment nombreux. Cette production étant technique, un accompagnement pourrait leur être proposé. »Propos recueillis par A.L.