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Visite d'exploitation

« Nous avons un beau métier mais... »

L'exploitation de Christelle et Emmanuel Comte a constitué la deuxième étape de la tournée organisée par la FDSEA à l'attention du préfet de la Drôme. Ont notamment été évoqués les retards de versement des aides Pac, l'assurance récolte, le financement de l'expérimentation ou encore les prix trop bas en grandes cultures.
« Nous avons un beau métier mais... »

Après Saint-Barthélémy-de-Vals, la délégation conduite par Didier Beynet, président de la FDSEA de la Drôme, a pris la route menant à Saint-Sorlin-en-Valloire, toujours en compagnie du préfet Eric Spitz. Dans cette commune de la Drôme des collines, Christelle et Emmanuel Comte (EARL Le buis) produisent des fruits (17 ha de poiriers, abricotiers, pommiers, cerisiers et fraisiers), des céréales (133 ha de blé, maïs, colza, tournesol) ainsi que des légumes (haricots, choux, pomme de terre, asperges...). « Après l'arrêt de la coopérative Rambertfruits au début des années 2000, nous avons opté pour de nouveaux choix de commercialisation », a expliqué Emmanuel Comte. Les fruits et légumes sont vendus à des primeurs ainsi qu'à un grossiste (Viale et Dumay). Et 10 % sont commercialisés via le magasin créé sur la ferme, ouvert sept jours sur sept. A noter, toutes les fraises (hors-sol et de plein champ) sont commercialisées en direct. Les deux associés ont embauché une salariée permanente. Et, lors des récoltes, une vingtaine de jeunes saisonniers sont recrutés. L'exploitation privilégie la main-d'œuvre locale.

« Moi, je ne suis pas banquier »

« Moi, je ne suis pas banquier », a lâché Emmanuel Comte à propos du retard de versement des aides Pac.

« Nous avons un beau métier, a confié Emmanuel Comte. Mais... ». Avec ce « mais », l'exploitant a dénoncé les retards de paiement des aides Pac, atteignant plus d'une année. « Moi, je ne suis pas banquier », a-t-il lâché. Par ailleurs, s'agissant de la main-d'œuvre, il a condamné les lourdeurs administratives en matière de paie, de contrôles... Les échanges ont également porté sur le coût de l'assurance récolte. « Sans subvention, il est impossible de s'assurer », a fait observer Grégory Chardon, secrétaire général de la FDSEA. « Des subventions qui tardent là aussi à être versées », a déploré Jean-Pierre Royannez, premier vice-président de la chambre d'agriculture. De son côté, Chantal Chancrin, vice-présidente de Groupama Méditerranée, a regretté que les incitations à l'assurance ne soient pas les mêmes dans tous les Etats de l'Union européenne.
Lors de cette visite d'exploitation, Grégory Chardon a fait un point sur la filière « petits fruits rouges » en Drôme (70 ha et 1 050 tonnes en 2011). « Une filière qui s'est particulièrement développée après les arrachages d'arbres contaminés par la sharka », a-t-il précisé, avant d'évoquer d'autres problèmes sanitaires comme drosophila suzikii. Après l'interdiction du diméthoate, la lutte contre ce ravageur est devenue difficile car les produits autorisés sont d'une « moindre efficacité », a-t-il expliqué. Les dégâts s'amplifient sur de multiples espèces végétales. Jean-Pierre Royannez et Jean-Baptiste Vye (élu FDSEA) ont critiqué la réglementation relative à l'homologation des produits phytosanitaires.

Soutenir l'expérimentation

A Saint-Sorlin-en-Valloire, Emmanuel Comte a fait visiter son exploitation sur laquelle sont produits des fruits et légumes ainsi que des céréales.

Face au préfet, le secrétaire général de la FDSEA a défendu la recherche et l'expérimentation. Celles-ci ont permis, par exemple, de créer des variétés résistantes à la sharka. Grâce à cela, des vergers autrefois arrachés sont aujourd'hui replantés. Mais l'arrivée de nouveaux fléaux inquiètent. « C'est pour cela qu'il faut maintenir les financements publics », a insisté Grégory Chardon. Ainsi que l'a expliqué Jean-Michel Cotte (élu Crédit Agricole), « les pépiniéristes ont de plus en plus de difficulté à financer la création variétale ». Par ailleurs, répondant à une question sur l'indemnisation des dégâts du gel sur vergers, Dominique Chatillon (DDT) a annoncé le démarrage imminent de la procédure Télécalam.
Au cours de cette rencontre, Corinne Deygas (élue FDSEA) a fait un point sur la filière grandes cultures. En Drôme, elle représente 200 000 ha (37 % de la SAU) et concerne 1 500 exploitations. « Depuis trois ans, les prix ne couvrent plus les frais de production », a-t-elle indiqué. « Sur mon exploitation, a complété Jean-Pierre Royannez, la perte est de 30 euros par tonne et ce, malgré des rendements corrects. Ce qui manque, c'est le prix. Quelle que soit la production, animale ou végétale, on a besoin de gagner quelques euros de plus. » Un jeune agriculteur a témoigné de ses difficultés. Par rapport à son étude prévisionnelle d'installation, il manque 70 000 euros. Et de confier : « C'est plus que dur ».

C. Ledoux