Odile Tassi a vécu dans de grandes villes, comme Paris et Lyon. Elle a exercé des activités de marketing pour des sociétés de services puis a été consultante indépendante. Et, un jour, elle a atterri sur le plateau de Clansayes, entre Grignan et Saint-Paul-Trois-Châteaux. « J'ai pris un vrai virage », observe-t-elle. C'était en 2009, année où elle a repris une exploitation. Y cultiver des plantes à parfum, aromatiques et médicinales (Ppam) lui tenait à cœur.
« Mon mari, Jacques, était aussi porteur du projet, même s'il n'y est pas dedans, confie Odile Tassi. J'ai suivi une formation sur les Ppam au CFPPA de Nyons et me suis aussi appuyée sur les conseils de voisins bienveillants. » Parmi eux, « un passionné » qui est son « mentor », Lucien Bès, 89 ans.

De l'huile essentielle

« L'essentiel de lavande », tel est le nom que l'agricultrice a donné à sa ferme. Elle y cultive quatre hectares de lavandin grosso et un de lavande maillette. Ses seuls outils sont un tracteur, un griffon, la binette, et « l'huile de coude ». Les champs sont récoltés par un entrepreneur. Labellisée en agriculture biologique depuis la récolte 2016, ses lavandes et lavandins sont distillés chez Roland et Cindy Faure à Grignan. Toute l'huile essentielle revient à la ferme de Clansayes. Une partie est conditionnée sous forme de sprays, goutte-à-goutte, roll on et ampoules « doses ». Sont aussi confectionnés des bougies parfumées et des sachets de fleurs de lavande pour armoires. Mais ce n'est pas tout.

Des produits cosmétiques

Odile Tassi développe également une gamme de produits cosmétiques sous la marque « L'essentiel de lavande » depuis cinq-six ans : savons douche, savons liquides, laits corporels, lotions, crèmes, exfoliants, beurre de karité, eaux de toilette et de parfum... Pour ce faire, elle est allée se former à l'université européenne des senteurs et saveurs (UESS) à Forcalquier. Elle y a appris à fabriquer des « produits rincés » et émulsions : savons liquides, solides, crèmes lavantes. Elle avait l'intention d'en fabriquer sur l'exploitation. Mais c'est comme en cuisine, « s'il est simple de réaliser une recette, la reproduire à l'identique peut être compliqué », constate-t-elle. Et elle en a fait l'expérience. « La première crème que j'ai préparée était parfaite, se souvient-elle. Quand j'ai essayé sur un lot plus important, je ne l'ai pas réussie. » Alors, elle a abandonné l'idée et recherché un laboratoire acceptant de produire en petites quantités ses formules, « en les bonifiant si nécessaire ». Un herboriste l'a mise en relation avec un laboratoire en Bretagne qui, séduit par son projet, a accepté de partir dans l'aventure. Ce laboratoire a dernièrement été vendu. Odile Tassi fait encore appel à ses services mais explore une autre piste : elle travaille sur des projets avec un formulateur récemment rencontré.

Des infusions

La lavandicultrice a aussi créé des infusions, qui sont le fruit d'une rencontre avec Sylvie et Pascal Gilles, producteurs de Ppam à Montségur-sur-Lauzon. Elle leur achète du thym, du romarin et de la verveine, qu'elle associe à de la lavande. La gamme d'infusions se compose de trois saveurs : lavande-verveine, lavande-romarin et lavande-verveine-thym. Elles résultent de mélanges subtilement dosés afin que « la lavande soit présente sans être envahissante en bouche ».Ses produits, Odile Tassi les vend sur place, via internet, à quelques revendeurs, sur des marchés de Noël à l'étranger (Montreux, Bruxelles, Vienne, Munich, Aix-la-Chapelle, Leipzig) mais aussi un peu à l'export (Etats-Unis, Hong Kong, Dubaï). Et elle « commence à en vivre depuis deux ans ».

L'agritourisme

Quant à l'agritourisme, « pour moi, c'est une grosse activité et un moyen de promouvoir mes produits », explique Odile Tassi. Du début de l'année jusqu'à fin août, elle a accueilli plus de 5 000 visiteurs sur son exploitation, dont des groupes venus en cars. Elle leur fait découvrir la lavande, de la culture à l'huile essentielle, et ses produits. Elle propose également massages et pauses « détox » en extérieur (l'été) ainsi que balades en gyropode (toute l'année).
La lavandicultrice adhère à Bienvenue à la ferme en Drôme depuis quatre ans, dans la catégorie des produits fermiers(*). Ce réseau lui « apporte de l'information sur la réglementation, l'accueil... Et aussi du contact avec d'autres producteurs car, ici sur le plateau de Clansayes, on est un peu isolé. »
Côté ressources humaines, pour l'été, Odile Tassi s'est faite épauler par une salariée et une stagiaire. Et elle prévoit un recrutement pour la comptabilité-gestion des stocks.

Annie Laurie

(*) : produits de la ferme vendus directement aux consommateurs.

« Savourez une journée à la ferme »