Œufs : la filière passe « la vitesse supérieure de la transition »

En un an (entre 2016 et 2017), le nombre de poules en élevage alternatif a augmenté de 13 %. « La filière avance à grands pas », s'est félicité Loïc Colombel, président du Syndicat des professionnels de l'œuf, le 9 octobre, en amont de la journée mondiale de l'œuf, qui s'est déroulée le 12 octobre. Le CNPO, interprofession de l'œuf, a réalisé un premier bilan de son plan volontaire de transition lancé en 2015. Dans celui-ci, la filière se fixe pour objectif d'atteindre une poule sur deux en élevage alternatif en 2022. Pour Loïc Colombel, au vu des avancées déjà obtenues, cette ambition sera facile à atteindre. La France est le leader des producteurs de l'Union européenne avec 15 milliards d'œufs produits en 2017. L'année dernière, 37 % des poules étaient dans des élevages alternatifs, soit deux fois plus qu'en 2002. En quinze ans, la part des poules pondeuses élevées en cage est passée de 83,5 % à 67 %. Les consommateurs français semblent accompagner cette transition. En effet, plus d'un œuf sur deux vendus en grandes surfaces est issu d'un élevage alternatif (16 % proviennent d'élevage bio, 9 % d'élevage label rouge, 33 % d'élevage plein air, 24 % d'autre plein air et 4 % d'élevage sur sol).
Pour Maxime Chaumet, secrétaire général du CNPO, les œufs hors cages boostent donc la consommation des Français. Avec 217 œufs par an et par habitant, ils en consomment plus que la moyenne des Européens. Côté utilisateurs professionnels, les œufs alternatifs gagnent également du terrain. Les œufs standards, s'ils sont toujours majoritaires dans les préparations (73 % des œufs utilisés), ont perdu 12 points en cinq ans et 4 points entre 2016 et 2017 (77 % en 2016).
Des coûts de production plus élevés
Les intervenants ont tout de même noté que la transition ne se faisait pas sans frais pour les éleveurs. Atteindre une poule sur deux hors cages en 2022 a un coût. La filière chiffre à 277 millions d'euros l'arrêt de l'élevage de 9 millions de poules en cages et la mise en place du même effectif en systèmes alternatifs. Loïc Colombel n'a pas manqué de préciser que les coûts de production en élevages alternatif sont plus importants que ceux des élevages en cages. Le CNPO estime que l'élevage « sol » représente un surcoût de 15 %, il est de 22 % pour le plein air, de 35 % pour les labels rouges et de 113 % pour les élevages bio notamment en raison d'un prix élevé des aliments en agriculture biologique (la nourriture représente environ 60 % du coût de production d'un œuf). De plus, en passant en élevage alternatif les éleveurs perdent environ 30 à 40 % de leurs capacités de production.
Filière œufs / Rencontre avec le président de la République
Le 9 octobre, le Drômois Philippe Juven, président du CNPO, a rencontré Emanuel Macron en présence des responsables de dix autres interprofessions. Cette rencontre avait pour objectif de présenter au chef de l’Etat les avancées concernant la mise en place des plans de filières. Philippe Juven a trouvé le président de la République à l’écoute. Ce dernier aurait aussi évoqué l’allocation de moyens spécifiques pour soutenir la mise en place de ces plans. Le plan de filière des œufs français est articulé autour de quatre axes. Il a pour ambition de répondre aux demandes des consommateurs et de la société tout en maintenant la souveraineté alimentaire de la France et sa compétitivité. Mais aussi de renforcer les relations tout au long de la filière : de l’amont jusqu’au consommateur final, de développer la recherche et les innovations au service de la filière des œufs et poursuivre la conquête des marchés. Un autre axe est l’amélioration des connaissances sur la production et la consommation d’œufs et d’ovoproduits.