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Filière avicole

OEufs : l’interprofession s’élargit à l’aval

L’élargissement de l’interprofession des oeufs à la distribution, au commerce et aux grossistes a été lancé ce 6 novembre à Valence. Restent encore des familles à mettre autour de la table...
OEufs : l’interprofession s’élargit à l’aval

Jusque-là, le CNPO (comité national pour la promotion de l'oeuf) était « une interprofession courte structurée autour de l'amont de la filière ». C'est ce qu'a rappelé son président, le Drômois Philippe Juven, lors du lancement du CNPO élargi à la distribution, au commerce et aux grossistes. Cet événement a eu lieu l'après-midi d'une journée d'information de la filière tenu le 6 novembre à Valence. Auparavant, l'interprofession regroupait cinq collèges : l'accouvage et la sélection, l'alimentation animale, l'élevage, l'emballage des oeufs et les ovoproduits ainsi que, depuis 2009, l'abattage des poules.

Un sixième collège

En cette ère où il est demandé à la filière oeufs d'évoluer pour répondre aux attentes sociétales, « le dialogue et des relations plus étroites avec nos clients représentant l'ensemble de nos marchés sont devenus indispensables », a commenté Philippe Juven. Elargir « la famille », renforcer les relations de l'amont jusqu'au consommateur final est d'ailleurs l'un des objectifs du plan de filière du CNPO. Il est aujourd'hui en partie atteint avec l'entrée dans l'interprofession de la FCD (fédération du commerce et de la distribution), la FCA (fédération du commerce coopératif et associé), la Fédalis (fédération des distributeurs alimentaires spécialisés) et la fédération des Fromagers de France.
L'intégration de ces quatre fédérations a été officialisée par une révision des statuts du CNPO, validée en assemblée générale extraordinaire le 5 novembre. Le même jour, lors d'un premier conseil d'administration élargi, Philippe Juven a été réélu président pour un quatrième mandat (d'une durée de trois ans). Et deux membres de l'aval ont intégré le bureau de cette interprofession : Franck Darteil (Carrefour, pour la FCD), ainsi qu'Yves Audo (Intermarché, pour la FCA).
Le CNPO regrette toutefois de ne pas avoir encore pu associer la restauration hors domicile (RHD) et l'industrie agroalimentaire (IAA). Mais il « garde l'espoir de compléter l'interprofession et poursuit son travail » en ce sens. « Il y a eu plusieurs rencontres, a précisé le président du CNPO. Il faut tous se mettre autour de la table pour discuter. »

Se parler directement

A cette journée du CNPO à Valence, deux des quatre fédérations du nouveau collège étaient représentées, les autres n'ayant pu être présentes. La FCA, a expliqué Yves Audo (administrateur ressources humaines - Groupement Les Mousquetaires), a créé un collège alimentaire, dans lequel se retrouvent les enseignes Leclerc et Intermarché. « C'est 36 à 37 % de parts de marché. Donc, nous avons trouvé légitime que la FCA puisse avoir une parole dans l'interprofession, a-t-il expliqué. Elle est souvent la même que celle de la FCD mais peut être un peu différente sur certains domaines. » Il voit plusieurs intérêts d'adhérer à l'interprofession des oeufs. D'abord, « les choses vont beaucoup mieux quand on se parle directement ». Par ailleurs, « cela nous permettra aussi de nous approprier un certain nombre de sujets ». Et aussi « d'apporter notre expérience sur les consommateurs finaux, de donner notre vision pour mieux appréhender les sujets. » Concernant les investissements dans les élevages en cages non encore amortis, « il faudra essayer de trouver des solutions », a-t-il noté. Et d'ajouter : « Même s'il y aura toujours des bagarres du commerce, nous avons un combat à mener ensemble sur un certain nombre de choses ».

Co-construire

La FCD, elle, représente 63 % de la GMS et près de 10 000 points de vente en France, a indiqué son représentant, Franck Darteil (responsable des relations avec le monde agricole chez Carrefour). « Nous avons intégré le CNPO d'abord pour répondre aux attentes de nos clients en termes de santé, d'environnement, a-t-il indiqué. Nous nous sommes aperçus qu'il fallait co-construire avec tous les maillons de la filière pour apporter des réponses pertinentes aux consommateurs. La FCD est présente dans des interprofessions depuis plus de vingt ans (comme la viande, les fruits et légumes et, plus récemment, celle du lait). Elle continue avec les oeufs, produits incontournables et ingrédients des MDD(*). On a vu aussi l'intérêt des interprofessions lors de crises. » Il a cité celles des oeufs contaminés au fipronil (fraude) ou, dernièrement, des productions agricoles interdites à la vente après l'incendie de l'usine Lubrizol à Rouen. Et de confier : « Il faut que les interprofessions puissent jouer leur rôle. Elles ont la vertu d'obliger les gens à se parler pour trouver des solutions ensemble ». Concernant la RHD et l'IAA, « il est vraiment indispensables qu'elles soient dans l'interprofession car c'est un gros bout du camembert », a-t-il observé. « Les ovoproduits en RHD et IAA représentent 40 % de la consommation, a alors appuyé Philippe Juven. Il faut qu'elles soient autour de la table. Il ne faut pas oublier que les Etats généraux de l'alimentation ont porté les interprofessions comme outil de travail pour des projets de filière, d'évolution, de montée en gamme mais aussi sur les aspects économiques... C'est l'outil idéal pour ce genre de travail. »
En plus, avec l'arrivée de ce sixième collège, l'interprofession sera désormais financée en partie par l'aval. Elle disposera, ainsi, de moyens supplémentaires pour démultiplier ses actions. 
Annie Laurie
(*) MDD : marques de distributeurs.