« Offrir une ouverture d’esprit sur l’agroécologie »

Comment a évolué l'enseignement agricole depuis le tournant de l'agroécologie en 2015 ?
L. M. : « L'année 2015 a représenté un véritable tournant pour la place accordée à l'agroécologie au sein de l'enseignement agricole. Jusqu'ici, les élèves étaient initiés à ces problématiques mais seulement par petites touches au sein de plusieurs modules. Les choses avaient déjà commencé à évoluer un peu avant, par exemple entre 2011 et 2013 lorsque nous avons mis en place une réflexion autour de la question de la durabilité. Mais c'est seulement depuis 2015 que l'agroécologie possède un module propre avec un référentiel pédagogique clairement défini. »
Quels sont les exemples concrets qui prouvent cette transformation de l'enseignement ?
L. M. : « C'est d'abord le référentiel du BTS qui a été modifié, avant d'être imité par celui du bac pro. La promotion 2019 sera d'ailleurs la première à en avoir bénéficié depuis ce tournant vers l'agroécologie en 2015. Le module agroécologie représente vingt heures d'enseignement en seconde et trente-cinq heures en première, réparties sur une quinzaine de jours. Notre but est de leur proposer une approche technique notamment sur la question de l'usage des phytosanitaires. L'examen final a lui aussi changé, aujourd'hui il intègre une épreuve orale. L'objectif pour l'élève est de présenter plusieurs fiches dont une fiche ressource qui étudie l'impact de l'activité agricole d'une exploitation sur son environnement. »
Comment les élèves appréhendent-ils cette transition vers l'agroécologie ?
L. M. : « Nos effectifs sont à la fois constitués d'élèves qui ne viennent pas du milieu agricole et d'autres qui au contraire ont baigné dedans depuis l'enfance. Pour ces derniers, le vécu joue beaucoup, et le fait d'avoir des parents ou des grands-parents eux-mêmes agriculteurs les conditionne inévitablement. En fonction de la manière dont sont abordées dans la famille les questions sanitaires et environnementales, certains élèves seront soit réceptifs à l'agroécologie soit plus fermés. Notre objectif est donc de leur offrir une ouverture d'esprit sur l'agroécologie, notamment dans le cadre de visites d'exploitations. Bien souvent au bout de six mois, un an, on arrive à convaincre ceux qui étaient réfractaires au départ des bienfaits de l'agroécologie. » n
Pierre Garcia
Ce qu’il en pense / « Les établissements n’ont pas attendu 2015 pour se mettre à l’agroécologie »
Guillaume Fichepoil, directeur d’exploitation au lycée du Valentin à Bourg-lès-Valence témoigne. Le 12 avril 2015 au ministère de l’Agriculture s’est tenu le Comité national d’orientation et de suivi du projet agroécologique. En présence du ministre Stéphane Le Foll, l’ensemble des exploitations des établissements d’enseignement agricole se sont alors engagées à mieux valoriser les pratiques agroécologiques dans le contenu pédagogique proposé à leurs élèves. Pourtant pour Guillaume Fichepoil, « cet évènement a plutôt représenté une belle opération de communication, même si on peut reconnaître qu’elle a eu le mérite de faire connaître l’agroécologie au plus grand nombre ». Et de poursuivre : « Ce serait vraiment caricatural de dire qu’il y a eu un avant et un après puisqu’entre 2009 et 2013, nous avons beaucoup travaillé sur ces questions en étudiant la possibilité d’y allouer des moyens supplémentaires. Les établissements n’ont pas attendu 2015 pour se mettre à l’agroécologie ».Pierre Garcia
