Accès au contenu
Oléiculture

Olives de Nyons : entre atouts et préoccupations

Le 8 janvier, le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, est allé à la rencontre des oléiculteurs du Sud de la Drôme, qui ont pu exprimer leurs préoccupations.
Olives de Nyons : entre atouts et préoccupations

Alors que la récolte d'olives touche à sa fin dans le Sud-Drôme, le syndicat interprofessionnel de l'olive de Nyons et des Baronnies, présidé par Patrick Floret, a récemment invité le préfet de la Drôme Hugues Moutouh, pour une journée consacrée à cette filière. Il était accompagné de la sous-préfète de Nyons, Christine Bonnard. Serge Roux, président de la coopérative du Nyonsais, a fait visiter le moulin et l'atelier de confiserie de la structure, présentant les AOP huile et olives noires de Nyons.
La variété AOP de l'olive noire de Nyons, la Tanche, a comme principal atout d'être unique et produite seulement sur le territoire de Nyons et des Baronnies. « Il s'agit là de la seule variété résistante dans notre zone septentrionale, annonce Patrick Floret. C'est aussi une culture pérenne, voire immortelle ! ». Parmi les atouts de la filière oléicole du Nyonsais et des Baronnies se trouve l'attraction touristique de la région. Pour preuve, près de 40 % de la production locale est vendue au sein de Vignolis. L'image porteuse de la « valeur santé » des olives et de l'huile d'olive est également un bon moyen de communiquer sur le produit.

Alors qu’elle touche à sa fin, « la récolte de cette année ne sera pas des meilleures, explique Claude Dumas (EARL Les Chênes verts à Beauvoisin) au préfet de la Drôme.

Le manque d'irrigation, une faiblesse majeure

Pour autant, cette visite préfectorale a été l'occasion pour les professionnels de la filière d'évoquer les sujets sensibles auxquels ils doivent faire face. « L'olivier est une culture compliquée qui exige des conditions météo particulières : chaud et sec l'été, frais et sec en automne. Cependant, nous connaissons depuis quelques années des automnes doux et pluvieux, ce qui gorge les olives d'eau et contribuent à leur chute », souligne Patrick Floret. Les températures estivales sont de plus en plus élevées et le manque d'eau se fait sentir. « Si la tendance se confirme, il faudra impérativement passer par l'irrigation pour la survie de la production locale ». Et Serge Roux, également maire de Piégon, prévient : « Nous devons réfléchir avec les communes avoisinantes à la mise en œuvre d'un projet global autour de l'irrigation ». A ce sujet, Hugues Moutouh a souligné les directives nationale et régionale visant à créer 120 retenues d'eau en Auvergne-Rhône-Alpes dans les années à venir. La chambre d'agriculture de la Drôme, en partenariat avec celle du Vaucluse, s'est également penchée sur le sujet. Parmi les autres préoccupations de la filière, la réduction des produits phytosanitaires. « Nous sommes conscients qu'il est nécessaire d'éliminer les produits dangereux. Cependant, nous devons faire face à des contraintes particulières sur les oliviers et à la concurrence déloyale des pays étrangers qui ont encore la possibilité d'utiliser ce genre d'intrants », déplore Patrick Floret. La recherche de main-d'œuvre spécialisée apparaît également comme une faiblesse à l'heure de la récolte et de la taille.

En présence d’acteurs du monde agricole, dont Patrick Floret (président du syndicat interprofessionel de l’olive de Nyons et des Baronnies), Jean-Pierre Royannez (président de la chambre d’agriculture de la Drôme) et Grégory Chardon (président de la FDSEA), le préfet de la Drôme et la sous-préfète de Nyons ont suivi les explications de Serge Roux (président de la coopérative Vignolis) lors de la visite de l’atelier.

S'adapter aux contraintes climatiques

Ainsi, si l'oléiculture a malgré tout de beaux atouts à promouvoir, la question de l'évolution variétale de la Tanche (variété locale) face aux contraintes climatiques est à l'ordre du jour. Cela a fait l'objet, en partenariat avec la chambre d'agriculture de la Drôme, de réflexions visant à s'adapter au changement climatique, menées par Benoît Chauvin-Buthaud, ingénieur conseil spécialisé en oléiculture.
La journée s'est poursuivie à Beauvoisin par la découverte de l'exploitation de Fabien et Claude Dumas, oléiculteurs. Père et fils cultivent aujourd'hui 18 hectares (ha) d'oliviers. « La récolte de cette année ne sera pas des meilleures, explique Claude Dumas alors que les salariés s'activent dans les vergers. La sécheresse de l'été 2019 a fortement impacté les arbres, qui n'ont pas échappé à la mouche ou au brunissement de l'olive », regrette-t-il. Pour autant, l'EARL des Chênes verts a depuis plusieurs années diversifié sa production afin de pallier à l'alternance bien connue en oléiculture. Pour exemple, Fabien et Claude Dumas produisent également 22 ha de fruits, à savoir des abricots, des grenades, des prunes, des coings et des amandes. Loin des coopératives, l'EARL s'attache au circuit court et à la vente directe : « Nous essayons de vendre, par nos soins, tout ce que nous produisons », conclut Claude Dumas. La journée sur le terrain s'est terminée par la découverte du dernier moulin existant à Buis-les-Baronnies, le Moulin de Haute Provence tenu par Olivier et Michel Fayant. 
Amandine Priolet

 

Une récolte réduite de moitié
Si la récolte des olives touche à sa fin, Patrick Floret, oléiculteur et président du syndicat interprofessionnel de l’olive de Nyons et des Baronnies, prévient : « Nous pouvons déjà tirer des conclusions. Nous estimons la récolte réduite de moitié par rapport à celle de l’an dernier. Tous les éléments étaient contre nous : la sécheresse, la mouche, le brunissement et le vent. Beaucoup d’olives ont chuté. » Si l’alternance est bien connue dans le milieu, elle a été accentuée  par les phénomènes météorologiques cette année. Malgré tout, les professionnels ne montrent pas d’inquiétude. « Nous avions réalisé une très belle récolte l’an dernier, ce qui nous permet d’avoir du stock, précise Patrick Floret. Il n’y aura donc pas de rupture de commercialisation. Il faudra simplement espérer une récolte dite “normale” la saison prochaine pour remettre les stocks à flot. »    A. P.

En bref
Serge Roux, président de Vignolis,   a invité le préfet de la Drôme, Hugues Moutouh, à la 36e édition de la fête de l’huile nouvelle, les 1er et 2 février à Nyons. Et plus particulièrement le 2 février pour être intronisé et recevoir la médaille de chevalier de l’olivier. Invitation à laquelle le préfet a répondu positivement.

Repères : L’AOP olive de Nyons
900 hectares d’oliviers.
220 000 arbres.
53 communes.
690 oléiculteurs dans l’appellation.
350 tonnes (t) d’olives produites à Nyons et dans les Baronnies.
30 % de la production nationale en olives.
40 % de la commercialisation en vente directe. 

A Nyons / Une Maison des huiles d’olive et olives de France en construction

C’est un projet de longue haleine qui devrait voir le jour lors du dernier trimestre 2020 : la Maison des huiles d’olive et olives de France (Mhoof) ouvrira ses portes dans le centre-ville de Nyons, place de la Libération, en lieu et place de l’ancienne maison bourgeoise qui accueillait jusque-là l’institut du monde de l’olivier (IMO) ainsi que le syndicat interprofessionnel de l’olive de Nyons et des Baronnies, entres autres. Ce projet, déjà énoncé en 1985 avec l’ambition de créer à Nyons une université de l’olivier à l’image de l’université du vin, est porté par la municipalité, pour un budget global de 1,3 million d’euros. La structure deviendra ainsi la vitrine de la filière oléicole française et de son savoir-faire. « En accord avec l’interprofession Afidol, la ville de Nyons souhaitait ainsi développer un nouvel équipement en charge de la valorisation et la promotion des huiles d’olive et des olives des différentes régions de France », explique le maire, Pierre Combes. Le bâtiment d’une superficie de 600 m² abritera notamment les bureaux de France Olive, du syndicat interprofessionnel, de la confrérie et de la fédération des villes oléicoles. « La terrasse, située au deuxième étage, sera arborée des huit variétés d’oliviers d’appellation française », souligne Christian Teulade, président de l’IMO.
La Mhoof répondra à de nombreux objectifs : promouvoir l’oléiculture française et l’ensemble de ses produits (huile d’olive, olives, tapenade, etc.), contribuer au développement de l’oléotourisme et participer à l’attrait touristique de la région et de l’olivier. « Nous espérons accueillir 10 000 à 15 000 visiteurs par an à l’horizon 2025 », poursuit Christian Teulade. De nombreux moyens seront mis en œuvre pour faire de cette structure un lieu de référence autour de l’olivier : exposition et parcours sensitif, dégustation, cours de cuisine avec des chefs, etc.
   A. P.