Orages dévastateurs de 2019, un an après

Le 15 juin 2019 après-midi, un orage de grêle d'une rare violence s'abattait sur une partie de la Drôme sur un axe allant de La Roche-de-Glun à Châtillon-Saint-Jean. Puis, dans la nuit du 6 au 7 juillet, grêle et vent causait à nouveau des dégâts. Des agriculteurs ont été touchés les deux fois. En tout, 66 communes ont été impactées. Représentants de l'État dont le ministre de l'Agriculture, le préfet, la DDT, élus dont la présidente du Département, le président de la Région, responsables d'organisations professionnelles dont la présidente de la FNSEA... sont allés constater les dégâts sur des exploitations.
Appui aux sinistrés et solidarité
Dès le 18 juin, la chambre d'agriculture mettait en place un numéro de téléphone « urgence grêle », un accompagnement dans différents domaines. Et une conseillère « appui aux exploitations sinistrées par la grêle », Claire Ducourouble, qui a été embauchée (en septembre pour dix mois). En outre, l'association Solidarité agricole Drôme a été réactivée. Créée en 2003 dans le but d'apporter des concours matériels ou financiers lors de calamités agricoles, elle est aujourd'hui pilotée par la chambre d'agriculture, la FDSEA, JA, le Crédit Agricole, Groupama, la MSA, la Safer et CerFrance. Par l'intermédiaire de cette association, 482 000 euros ont pu être collectés pour soutenir les agriculteurs les plus fragilisés par la grêle de 2019 : 75 % apportés par le Département (200 000 euros), Valence Romans Agglo et Arche Agglo, le reste par des entreprises privées, organisations agricoles. 245 exploitations ont ainsi pu être aidées.
Reconnaissance en calamité agricole
Une mission d'enquête a eu lieu le 25 juin en vue de la reconnaissance des pertes de fonds en calamité agricole. La DDT et la chambre d'agriculture ont collaboré à l'élaboration d'une carte estimative des pertes par commune (voir zonage). Cela a permis de débloquer plusieurs dispositifs, dont l'exonération de TFNB, et une aide de la Région. Le sinistre a été reconnu en calamité agricole le 16 octobre, avec une enveloppe de 1,04 million d'euros (M€) d'indemnisations pour les arrachages certains d'arbres (5,6 M€ de pertes de fonds) et une deuxième pour les arrachages incertains de 4,07 M€ (16,3 M€ de pertes). Pour la première phase, 82 dossiers ont été déposés (2 en pépinières représentent 37 % de l'enveloppe, ainsi que 80 en arboriculture et viticulture). 44 dossiers ont été payés (964 000 €), 9 sont en instance de paiement et 29 en attente de justificatifs. 127 000 € seront payés à réception de la prochaine enveloppe de crédits (fin juin) et 114 000 € à réception des justificatifs. Le montant global payé pour cette première tranche sera de 1 205 000 €.
Soutien du Département
Le Département a, en plus, accordé 100 000 euros pour le financement du poste de conseiller « appui aux exploitations sinistrées » et d'un appui technique spécifique (sanitaire et restructuration des vergers) assuré par des conseillers expérimentés de la chambre d'agriculture. Mais aussi 300 000 euros d'aide à l'investissement pour les pertes de fonds, « dont 276 000 euros consommés et en cours de paiement », précise Antonin Delisle, le chef de son service agricole. Le Département dédie par ailleurs 100 000 euros annuels pour le financement d'installations de protection contre la grêle (dans le cadre du Feader*). Enfin, il a mis en place un RSA** adapté à la situation, pour les agriculteurs les plus impactés par la perte de revenus : « 18 demandes ont été déposées et 12 accordées, signale Antonin Delisle. L'instruction du renouvellement va démarrer, pour certains ».
Aide de la Région
Concernant ces épisodes de grêle de 2019, la Région, elle, avait débloqué une enveloppe de 6 millions d'euros pour soutenir les arboriculteurs, les maraîchers, les horticulteurs et les viticulteurs. Pour la viticulture, l'aide régionale (au total 1 million d'euros) était de 5 000 euros par exploitation pour les pertes en volume récolté comprises entre 50 et 75 % et de 10 000 euros si elles étaient supérieures à 75 %. Pour l'arboriculture, le maraîchage et l'horticulture, l'aide variait en fonction de la surface impactée : 5 000 euros pour 1 à 5 hectares touchés, 7 500 pour 5 à 10 hectares et 10 000 pour plus de 10 hectares. En tout pour la Drôme, 162 aides grêle de la Région ont été votées, pour un montant de 1,3 million d'euros pour l'arboriculture et la viticulture. « Elle en a déjà été versée une partie et le solde devrait l'être en juillet. Elle a plutôt bien joué le jeu », confie Bruno Darnaud, élu de la chambre d'agriculture de la Drôme. Via ses plans fruits et vins, la Région aide aussi les investissements dans des installations de protection des vergers et vignes.
Un dossier pris en main sans attendre
« Nous avons pris en main le dossier sans attendre, explique Jean-Pierre Royannez, président de la chambre d'agriculture et de l'association Solidarité agricole Drôme. Nous avons voulu être moteurs vu l'ampleur de la catastrophe. Nous avons sensibilisé à tous les niveaux : le ministre de l'Agriculture, le président de la Région, la présidente du Département, des présidents d'intercommunalités... A suivi tout un travail pour la concrétisation et l'amélioration des annonces faites. Tout n'est cependant pas réglé, comme le désamiantage des toitures de bâtiments ; le reste à charge pour les agriculteurs bloque des travaux. Pour les pertes de fonds, nous avons obtenu les mesures du dispositif des calamités agricoles avec deux enveloppes. Une pour les arboriculteurs ayant arraché des arbres l'hiver dernier, qui a été consommée. L'autre pour les arrachages de l'hiver prochain. On a aussi obtenu de façon exceptionnelle un dégrèvement de la TFNB*** systématique dans les communes où les pertes dépassaient un certain taux, sans que les agriculteurs aient de démarches à faire. Quant à notre façon de gérer et redistribuer les fonds collectés via l'association Solidarité agricole Drôme, elle a été saluée par les collectivités. » Et de résumer : « Des moyens insuffisants au prorata de l'ampleur des pertes, c'est un peu frustrant, mais des fonds autres très importants comparés à ceux habituellement mobilisés pour des sinistres de ce type. Et la satisfaction d'avoir pu mobiliser, piloter le dossier au plus près du terrain, que des partenaires aient accepté de nous aider. »
Nous sommes revenus sur des exploitations sinistrées par ces orages dévastateurs. Témoignages à lire en cliquant sur ce lien.
Annie Laurie
* Feader : fonds européen agricole pour le développement rural.
** RSA : revenu de solidarité active.
*** TFNB : taxe sur le foncier non bâti.