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LACTALIS SUD-EST

Oui à la cessibilité des contrats laitiers, non à la marchandisation

Réuni vendredi 27 novembre, le conseil d’administration de l’association des producteurs Lactalis Sud-Est (APLSE) s’est prononcé en faveur d’une cession de gré à gré des contrats laitiers mais à titre gratuit.

Oui à la cessibilité des contrats laitiers, non à la marchandisation

Alain Gardon et Thierry Benoît, représentants de l'entreprise Lactalis ont rencontré les élus de l'OP Sud-Est lors d'un conseil d'administration consacré à la cessibilité des contrats laitiers dont la marchandisation, via le site internet leboncoin.fr notamment, fait grand bruit dans l'Ouest du pays. L'organisation de producteurs, qui a reçu plusieurs demandes de ses adhérents, a pris une position claire sur le sujet : « nous avons accepté la cessibilité de gré à gré mais pas la marchandisation », résume son président, Richard Tisseur.

Des règles de conduite

Concrètement, chaque producteur désireux de se séparer de ses volumes pourra chercher son preneur et remplir sa demande qui sera envoyée à l'OP pour avis puis transmise à l'entreprise.Les administrateurs préparent la mise en place de certaines règles d'encadrement, un volume plancher par cession, un volume plafond par an et par producteur, mais celles-ci restent à valider par l'entreprise. Si certains craignent que ces pratiques entraînent une marchandisation (lire ci-contre), le président de l'OP estime que ce risque est limité : « Il y a plus de cédants que de preneurs potentiels sur notre zone. Par les temps qui courent, ces achats ne seraient pas amortissables. Nous n'avons pas les mêmes coûts de production que dans l'Ouest, les éleveurs de la région ne peuvent pas se permettre d'acheter des volumes. Et puis, qui sait, peut-être que dans deux ou trois ans, la production de volumes sera libre comme en Allemagne et donc que la cession de contrats n'aura plus lieu d'être. »
Autre cadre fixé par l'OP, la cessibilité se fera en interne au périmètre de l'APLSE. Autrement dit, pas question de céder, et a fortiori de vendre, des contrats aux éleveurs laitiers de l'Ouest. D'autre part, la cessibilité est strictement limitée aux adhérents de l'OP.

Décision temporaire

Cette ouverture à la cessibilité des contrats est pour l'heure temporaire, jusqu'en mars 2016. Elle permettra de répondre à une dizaine de demandes formulées à l'OP. Reste à définir la stratégie à long terme. L'entreprise Lactalis n'est pas favorable pour l'heure à une gestion collective des volumes. « Mais nous allons voir comment cela se passe chez Danone », prévoit Richard Tisseur, qui n'exclut donc pas cette solution à terme. Le conseil d'administration de l'association des producteurs Lactalis Sud-Est va organiser dans les prochains jours des réunions locales pour expliquer cette position à ses adhérents.
D. B.

 

 

Jean-Claude Rabany, président de la FRPL, dit son opposition à la cessibilité qui fait courir le risque de dérives.
“ Pour une gestion collective ”

« Certes, personne ne parle de vente mais nous sommes opposés à la cessibilité car elle fait courir le risque d’une marchandisation, résume Jean-Claude Rabany, il faut que les gens comprennent qu’ils achèteraient du vent. » Le risque de marchandisation des contrats ferait peser en outre une menace sur l’installation des jeunes, déjà rendue difficile par le contexte économique actuel. Le syndicalisme défend une gestion collective des volumes laitiers, au sein des OP voir de l’association des OP de Rhône-Alpes, récemment constituée et dont la présidence est assurée par Nicolas Laurent, éleveur des Monts du Lyonnais. « Une gestion collective apporterait de la souplesse, sans brider individuellement ceux qui ont besoin de se développer. Danone a fait ce choix. On espère que ce système soit étendu au sein de toutes les organisations de producteurs », poursuit Jean-Claude Rabany. Un dossier délicat qui arrive au moment où l’élevage laitier est toujours en souffrance. « On ne croit pas à une solution miracle rapide. Il faut travailler le long terme : le développement de la consommation made in France notamment en restauration hors foyer ; la diversification des revenus grâce aux énergies renouvelables : photovoltaïque et méthanisation par exemple. Notre préoccupation est et restera le revenu des éleveurs », conclut le président de la FRPL.