Oui à la cessibilité des contrats laitiers, non à la marchandisation

Alain Gardon et Thierry Benoît, représentants de l'entreprise Lactalis ont rencontré les élus de l'OP Sud-Est lors d'un conseil d'administration consacré à la cessibilité des contrats laitiers dont la marchandisation, via le site internet leboncoin.fr notamment, fait grand bruit dans l'Ouest du pays. L'organisation de producteurs, qui a reçu plusieurs demandes de ses adhérents, a pris une position claire sur le sujet : « nous avons accepté la cessibilité de gré à gré mais pas la marchandisation », résume son président, Richard Tisseur.
Des règles de conduite
Concrètement, chaque producteur désireux de se séparer de ses volumes pourra chercher son preneur et remplir sa demande qui sera envoyée à l'OP pour avis puis transmise à l'entreprise.Les administrateurs préparent la mise en place de certaines règles d'encadrement, un volume plancher par cession, un volume plafond par an et par producteur, mais celles-ci restent à valider par l'entreprise. Si certains craignent que ces pratiques entraînent une marchandisation (lire ci-contre), le président de l'OP estime que ce risque est limité : « Il y a plus de cédants que de preneurs potentiels sur notre zone. Par les temps qui courent, ces achats ne seraient pas amortissables. Nous n'avons pas les mêmes coûts de production que dans l'Ouest, les éleveurs de la région ne peuvent pas se permettre d'acheter des volumes. Et puis, qui sait, peut-être que dans deux ou trois ans, la production de volumes sera libre comme en Allemagne et donc que la cession de contrats n'aura plus lieu d'être. »
Autre cadre fixé par l'OP, la cessibilité se fera en interne au périmètre de l'APLSE. Autrement dit, pas question de céder, et a fortiori de vendre, des contrats aux éleveurs laitiers de l'Ouest. D'autre part, la cessibilité est strictement limitée aux adhérents de l'OP.
Décision temporaire
Cette ouverture à la cessibilité des contrats est pour l'heure temporaire, jusqu'en mars 2016. Elle permettra de répondre à une dizaine de demandes formulées à l'OP. Reste à définir la stratégie à long terme. L'entreprise Lactalis n'est pas favorable pour l'heure à une gestion collective des volumes. « Mais nous allons voir comment cela se passe chez Danone », prévoit Richard Tisseur, qui n'exclut donc pas cette solution à terme. Le conseil d'administration de l'association des producteurs Lactalis Sud-Est va organiser dans les prochains jours des réunions locales pour expliquer cette position à ses adhérents.
D. B.