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Manifestation

Pac : « L’administration française ne respecte pas les agriculteurs »

Plus d’une centaine d’agriculteurs se sont massés mardi 22 novembre devant le siège de l’ASP à Lyon, l’organisme chargé de payer les aides Pac, pour dénoncer les retards de paiement et obtenir une résolution des dossiers bloqués.
Pac : « L’administration française ne respecte pas les agriculteurs »

L'incompréhension et la colère sont sur toutes les lèvres. Face aux retards de paiement des aides Pac 2015 et 2016, la confiance des agriculteurs en l'administration et envers le ministre de l'Agriculture est largement émoussée.
Pour tenter de faire avancer les dossiers bloqués, une mobilisation nationale a été lancée au moment où l'Agence de service de paiement (ASP) tenait son conseil d'administration à Paris. Les agriculteurs de Rhône-Alpes se sont donc retrouvés devant le siège de l'ASP à Lyon pour demander des comptes et exiger que les aides soient versées. Des agriculteurs de tous les départements de Rhône-Alpes sont là, qu'ils soient concernés par les retards ou non.
Pour faire face à l'incompréhension des agriculteurs, Gilles Pelurson, le directeur de la Draaf, et le directeur régional de l'ASP, Philippe Marié, sont sortis du bâtiment avec quelques collaborateurs.

Les agriculteurs de Rhône-Alpes ont manifesté mardi 22 novembre devant le siège de l’ASP de Lyon.

Des témoignages édifiants

« Cette situation est inadmissible, explique avec sang-froid, Benjamin Valran, jeune agriculteur en production laitière à La Roche-sur-Foron en Haute-Savoie. Face à lui, le directeur de la Draaf, Gilles Pelurson, écoute, attentif. J'ai l'impression d'un acharnement. J'ai eu trois contrôles sur mon dossier Pac 2015 et il est resté bloqué ensuite. Depuis, je n'ai rien reçu. Ces aides représentent 30 000 euros alors que les annuités de décembre arrivent. On nous demande une rigueur absolue pour le remplissage des dossiers Pac avec des dates butoirs à respecter, et l'administration n'est pas capable de s'occuper correctement des aides qu'elle nous doit ! C'est tout simplement incompréhensible. » Les témoignages d'agriculteurs s'enchaînent. Aurélie, une agricultrice installée depuis onze ans, craque lorsqu'elle explique sa situation face au Draaf. Les sanglots dans la voix, elle raconte qu'elle n'en peut plus, qu'elle a besoin des 20 000 euros que l'administration lui doit, qu'elle aurait dû faire un autre métier tellement c'est difficile nerveusement ! Frédéric Nesme, éleveur à Saint-Martin-en-Haut dans le Rhône, s'exclame : « Ces aides que l'on nous doit vont directement repartir pour payer nos partenaires, cela fait tourner l'économie. Mais, face à tant d'incompétences, j'ai honte de l'administration française ». Alexandre Cotte, secrétaire général de Jeunes agriculteurs Auvergne-Rhône-Alpes, explique, alors que certains jeunes installés ont déjà deux ans de retard dans leurs aides Pac, que l'administration « met des bâtons » dans leurs dossiers.

A l'appel de la FDSEA et des JA, des agriculteurs drômois ont pris part à cette action dénonçant une situation inadmissible et, pour nombre d'agriculteurs, intenable.

Prendre des mesures concrètes

Après avoir écouté, Gilles Pelurson se livre à un exercice difficile, expliquer l'injustifiable : « D'abord, c'est une situation que l'on connaît et que l'on suit, que j'ai personnellement signalé à Paris. Ensuite, il y a une question réglementaire, les dossiers mis en contrôle ne peuvent pas être soldés tant que le retour de contrôle n'est pas total. Enfin, certains retards s'expliquent par des difficultés d'échanges entre les logiciels de l'ASP et des DDT. » Une bronca s'élève de la foule d'agriculteurs : « C'est scandaleux ! », « Vous le savez depuis des mois et rien n'avance ! » Le Draaf poursuit : « Pour les dossiers des jeunes agriculteurs, nous les invitons à se signaler à leur DDT afin d'identifier les difficultés. Pour les 1 525 dossiers bloqués par des contrôles, l'engagement est pris afin qu'ils soient soldés entre le 15 et le 22 décembre et les ATR 2016 seront versées avant la fin de l'année. » Nouvelle bronca : « C'est trop tard ! », « C'est n'importe quoi ! »
Les responsables professionnels reprennent la parole. « Il faut avancer concrètement dans les jours qui viennent. Nous voulons que des rendez-vous soient pris dans les DDT et que les dossiers bloqués soient payés », insiste Michel Joux, le président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes. Alexandre Cotte conclut : « Dans dix jours, tous les dossiers bloqués doivent être réglés Monsieur Pelurson. Sans quoi, il nous faudra revenir avec des agriculteurs très en colère ». 
Camille Peyrache