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Budget de la Pac - Réactions professionnelles

Pac : tour de passe-passe sur le dos des paysans

Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, et Michel Joux, président de la FRSEA Auvergne-Rhône-Alpes, ont vivement réagi à la décision de transférer des soutiens du premier pilier de la Pac vers le second.
Pac : tour de passe-passe sur le dos des paysans

853 millions d'euros. C'est la somme qui manque pour honorer les engagements pris solennellement et clairement par le chef de l'État en 2013, au Sommet de l'élevage, sur le second pilier, pour l'indemnité compensatoire de handicaps naturels (ICHN), en particulier, mais également sur les MAE, l'agriculture bio.... « Inadmissible » pour Patrick Bénézit qui dénonce l'insincérité de la maquette budgétaire du précédent gouvernement. « C'est au mieux de l'incompétence, au pire de la malhonnêteté », renchérit Michel Joux. « Depuis 2013, nous demandons à disposer des données chiffrées sur le deuxième pilier... Nous comprenons désormais pourquoi on nous les a refusées », rapporte Patrick Bénézit. Pour sortir de l'impasse budgétaire, plutôt que d'honorer la continuité de l'engagement de l'État en trouvant les ressources nécessaires au sein du budget national, l'actuel ministre de l'Agriculture a annoncé, jeudi 27 juillet, un prélèvement de 4,2 % sur les soutiens directs du premier pilier perçus par les agriculteurs. Michel joux s'emporte : « tout le monde va faire les frais de cette décision, les DPB, mais les aides couplées 2018 et 2019 sont également ciblées. On prend dans la poche gauche des paysans ce qui manque dans la poche droite... et on nous annonce avec satisfaction que le problème est réglé ! Que c'est déjà notifié à Bruxelles ! Circulez, il n'y a rien à voir... C'est affligeant ».

Respecter les engagements

En effet, quelques jours seulement après en avoir informé les syndicats et malgré la très vive contestation, la décision du nouveau gouvernement est tombée comme un coup de massue. « L'effet pervers, c'est le risque d'opposition au sein même de nos campagnes. Mais ne nous trompons pas, celui vers qui doit aller notre colère c'est bien l'État et non pas notre voisin bio ou éleveur en montagne ou même attributaire d'une aide à la modernisation... », rappelle Michel Joux. Pour Patrick Bénézit : « En dépit de ce taux de prélèvement imposé pour 2018 et 2019 et qui permettrait de transférer 600 millions d'euros vers le deuxième pilier en 2019 et 2020, nous n'avons pas la certitude que les dépenses totales soient couvertes. L'opacité sur les maquettes financières ne nous permet aucunement de le garantir. Ce dont nous voulons être certains en revanche, c'est que les engagements pris soient dé-
sormais tenus. C'est la raison pour laquelle nous ne décolérons pas et nous ne relâchons pas la pression. Pression sans laquelle le prélèvement était même envisagé à 10 % ! » Pour les deux responsables : « Notre objectif reste que l'État assume son erreur, s'il n'y a pas continuité de gouvernement, il y a bien continuité du rôle de l'État. Nous allons donc nous attacher à ce que le maximum d'enveloppe soit mobilisé sur les fonds nationaux et non sur nos exploitations. » « En plein États généraux de l'alimentation et alors que le président Emmanuel Macron a fait du revenu des agriculteurs une priorité, c'est un message très négatif qui nous est envoyé. Nous ne comprendrions pas que les évolutions réglementaires que nous allons proposer pour rééquilibrer les relations commerciales et modifier les règles du droit de la concurrence ne soient pas entendues. »